lundi 30 octobre 2006






Je rage contre les fluctuations du taux de sérotonine dans mon organisme qui font que je dois patienter dans la salle d'attente d'une clinique médicale un lundi après-midi.

Et maintenant j'emmerde l'impatience. Je braille en songeant aux discussions qui brûlent mes oreilles et empestent l'air de ces endroits remplis de chaises occupées par des derrières de patients furieux contre leur système de santé. Je hurle contre ces mesquines pensées qui s'infiltrent dans la tête des gens et leur font croire que les étrangers venus s'installer au Canada sont tous en train de leur piquer leurs jobs, leurs loyers et leurs maisons puisqu'après tout, c'est «chez eux, ici!». Je déteste la petite phrase prononcée avant que soit lancée une vacherie, «Je veux pas être méchant, mais...». Ben ferme ta gueule d'abord, parce que tu vas sans doute l'être!

Je hais aussi les paroles et le ton sans retour empruntés par des gens qui veulent garder leurs distances. J'enrage en pensant aux coupures, aux déchirures, aux séparations. Je crie contre les habitudes qui tentent de s'imposer. Contre l'automne qui veut s'en aller.






samedi 28 octobre 2006





J'ai ressorti des trucs que je désirais garder enfouis pour longtemps. Et ça me va. Je ne retombe pas. Ou si peu.

J'ai accroché ce masque qui s'allie tellement à mes murs rouge salsa. On pourrait presque dire qu'il s'y camoufle, alors comme ça des fois j'oublie même qu'il me regarde lorsque je passe dans le couloir. J'ai affiché à nouveau une photo, celle de nous trois, en ne laissant paraître que le côté où j'y suis, et où l'on voit ce cher Zachary, que j'ai délivré il y a quelques mois déjà. Hier, j'ai serré une peluche longuement, ai pleuré puis ai retassé ce grand dandy de Gustave dans cette sombre garde-robe. Le pauvre, il doit lui arriver de faire des cauchemars, lui aussi...

Mais moi des cauchemars j'en fait moins. Et moi, pleurer, ça m'arrive rarement maintenant. Ces jours-ci, je souris. J'ai même séduit...

Les ascenseurs m'amènent encore un fantôme, mais je ne leur en veux pas. Et puis il semble que ce soit lui qui s'effraie à ma vue, et non le contraire. Étrange comme l'on s'éloigne... Il aura ce qu'il a toujours souhaité, en fin de compte. 

Mon effacement. Je le lui offre.





samedi 21 octobre 2006





Un étranger. Une peau sur laquelle je ne me brûle plus. Un corridor qui ne m'apprend plus rien.

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Un port m'a anéantie...

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J'ai connu des larmes qui m'ont dit qu'elles valaient tous les fleuves du monde. J'ai tenté de les faire taire, puis plusieurs bouées sont venues à mon secours. Je n'en ai attrapé que quelques-unes, m'y suis accrochée très fort.

Les lumières des phares m'ont révélé l'écume de la mer. On m'a fait boire du sel et j'ai éternué une mousse. Le froid ne m'a pas effrayée, je n'ai frémi que lorsque j'ai su que cette voix n'existerait que dans ma tête désormais. Et le vent m'a réchauffée. Je n'ai soufflé mot, les bulles m'ayant prise à la gorge...

Au loin, j'ai entendu les cors et les accordéons vibrer. J'ai marché, j'ai rampé. J'ai suivi leur mélancolie. J'aurais aimé qu'un violon m'entraîne plus loin, mais il n'y avait que de l'air pour me dicter le chemin. J'ai souri, me suis dit «tant pis».

*****

Des masques se sont levés, pour ne pas avoir à tomber comme tous les autres. Je me suis mise à valser avec ces visages tordus. J'ai agrippé celui qui me le rappelait le plus, l'ai serré, puis l'ai jeté à l'eau.

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J'ai troqué mes os contre son timbre de voix, je n'ai gardé que ça, que sa voix.






mercredi 18 octobre 2006







J'ai mangé. Pour rien: j'avais pas faim. C'est fade, manger quand on n'a pas faim. Fade comme une sortie annulée, comme une journée mi-brume, mi-pluie... Fade comme aujourd'hui.

On ne m'a pas appelée, on ne m'a pas buzzée. Ou plutôt oui, on a téléphoné pour annuler. Et maintenant je nage dans ce que je devrais faire et ce que j'ai accompli: me faire vomir, écrire plus, lire, rire, ou prier pourquoi pas, versus des draps tout frais, des planchers nets, des vêtements propres, du tapis lisse et vide de boubous, de graines à bouffe d'oiseau autiste et de poils de lapin de crotte...

C'est fou ce que des heures peuvent trop promettre. Fou comme elles permettent tant, mais ne suggèrent pas assez. Ou le contraire. Enfin, des fois. Pas tout le temps. 







mardi 17 octobre 2006






ABANDONNER (v. tr.): Quitter définitivement --> déserter, laisser. Renoncer à (une action difficile, pénible). --> capituler, céder, flancher. FAM. décrocher, démissionner. [Le Petit Robert]


C'est ce qu'a à dire le p'tit Bob sur mon cas. Depuis que j'ai décidé d'abandonner mes cours cette session-ci en vue de les reprendre plus tard, je cherche à m'expliquer, à me justifier avec un autre mot qu'«abandonner». Avec un terme qui n'aurait pas de connotation de lâche, qui ne serait pas lié à un drapeau blanc. Et qui ne voudrait pas dire que j'ai baissé les bras ou que je me suis avouée vaincue. Parce qu'il y en a un quelque part que je trouve con et à qui j'en veux d'avoir abandonné. 

Mais ce n'est pas pareil. Ce n'est jamais la même chose quand ça fait notre affaire... Et puis faut pas juger hen, chacun a ses raisons. Comme j'ai les miennes de vouloir reporter cette merde de cours. Donnez-moi quelques mois. Je vous montrerai que je n'ai rien abandonné. 

Je me dirai que je n'ai rien abandonné.








mercredi 11 octobre 2006






Alors j'écrirai, ici.
Et vous me lirez, ici.


Bonne aventure à nous, ici.