lundi 29 octobre 2007

Une rampe d'escalier m'a fait pleurer. Je n'ai fait que l'effleurer, à peine m'y appuyer la paume, et elle m'a réduite en larmes. La panique s'est emparée de moi. Parce que j'ai su à cet instant-là qu'il fut un temps où j'espérais encore. D'un coup, je me suis souvenue des millions de fois où j'ai frôlé cette rampe pour grimper dans mon espace à rêves. Ces occasions où j'anticipais tant... Un «jadis» qui en dit long sur bien des choses.

Tout à l'heure, je suis passée à côté de dizaines de giclées, ces taches liquides qui assombrissent le sol, le temps qu'elles sèchent. Comme dans ma tête, ces éclaboussures d'asphalte, et sur le vieux ciment des trottoirs. C'est fou ce que les gens laissent tomber...

J'aimerais vivre avec un fantôme. J'aurais la paix. Et la hantise facile, mais plus explicable. Je sais que c'est impossible et puis je me vois, moi entourée de soucoupes. Faites fuir ma vie.

Les nuages se tordent; une tempête s'amène.


jeudi 18 octobre 2007


Un kiwi, c'est laid, quand on y pense. Autant du dedans que de l'extérieur. Mais on n'y pense pas, on ne fait que le déguster, et ça va. Mais si on y réfléchit vraiment, toutes ces petites graines noires en suspens dans la peau verte, c'est dégoûtant. C'est à croire qu'elles tiennent une réunion, ainsi placées en rond autour du coeur blanchâtre dudit fruit. Et que dire de la pelure! Qu'en dire, oui... On n'a pas envie d'en dire grand chose, en fait.

... Comme quoi l'insignifiance est à peu près inspirante.

Sinon, autrement, je ne me force pas. Pas assez, en tout cas. Deux petits pas et me voilà partie, en train de déchirer des toiles en pensées. En train de tomber, partout, dans les escaliers, dans les airs. En train de tomber des airs. Me voilà là, en train de feuilleter, en train de laisser filer. Les heures, le vent, les contes. Me voilà dans mes idées, qui ne restent que ça, des idées, des ébauches.

... Comme quoi la paresse est tout à fait anesthésiante.


mardi 16 octobre 2007


Petite impression de déjà vu. Petite? Non, grosse impression. J'ose espérer que les trucs qui se répètent reviennent en apportant une touche nouvelle. Les cours, les examens, les travaux, j'ai mis tout ça de côté. Plus pour de bon que l'automne dernier. Mon aversion pour les méthodes d'évaluation est maintenant à son plus haut niveau et la motivation n'y est plus. Je me sens plus libérée que je ne l'aurais cru. Avoir su, je l'aurais fait plus tôt!

Qu'est-ce que je vais faire de moi? Je vais travailler à la librairie. Un des seuls endroits où j'avais envie de me rendre, ces deux derniers mois. Et je vais lire, pour moi, sans avoir à faire de rapport à qui que ce soit en échange de points. Je vais écrire. Thomas et Sophie, leur histoire, elle devient de plus en plus pressante. Je vais marcher, parcourir et parcourir des kilomètres, fouler tant de sols... Et je vais me tisser un goût de vivre, j'imagine.



jeudi 11 octobre 2007


J'aime Matthew Good. Je l'aime je l'aime je l'aime. Hier soir, j'ai eu la chance de le voir en spectacle pour la première fois. Je ne croyais pas être capable d'une telle réaction devant mon idole: quand il est apparu sur la petite scène du Dagobert, les larmes m'ont monté aux yeux. J'ignore si c'est parce que je me tenais à trois pieds de lui et que dans mon esprit il est soudainement devenu tangible au lieu de demeurer cette personnalité floue qui renvoie une si belle et si réelle décadence à travers ses compositions. J'ai été prise de tremblements durant les trois, peut-être même quatre premières chansons. Et de temps à autre, de nouveaux frissons m'ont parcourue, en particulier lorsque seule sa voix, étrange mais si agréable à écouter, vibrait dans toute la place. Et ce qu'il est drôle, cet homme. Il m'a fait rire. De bon coeur. Il ne le saura sans doute jamais, mais il m'a fait vivre, l'instant de son show. En fait, il n'a aucune conscience de tout ce que j'ai vécu à travers ses chansons, mais c'est le propre, ou plutôt le privilège, de chaque artiste, il me semble.

Je me souviens du moment où j'ai flanché pour Matthew Good. J'avais dix-huit ans, c'était une nuit en mars, quelques mois avant la graduation. Mes plus grands soucis de la semaine consistaient en la tâche de me dénicher LA robe parfaite pour le bal et l'angoisse de penser que mon crush du moment allait peut-être sortir avec la présidente de la polyvalente et que dans ce cas, il ne m'accompagnerait pas à cette fameuse soirée. Finalement, ils sont devenus un couple, oui, et sont allés ensemble au bal. Moi, ma robe n'était pas parfaite, elle était belle, et j'y suis allée accompagnée d'un bon ami, et nous nous sommes bien amusés.
Il y a des éventualités pires que ça, j'avoue. Mais comme bien des événements sensés être grandioses, le souvenir que j'en garde m'est moins précieux que celui que je conserve d'autres moments «ordinaires». Je chéris davantage les tournées de théâtre avec cet ami, et les heures passées à regarder mon crush imiter Metallica et Iced Earth (deux groupes que je n'apprécie pas particulièrement, mais lui il adore, alors... Et il s'en tenait aux classiques que j'aime bien), par exemple. Enfin bref, pour en revenir à M. Good, je dormais chez ma grand-mère, le soir où je l'ai découvert. Je m'étais installée avec une nouvelle compilation d'artistes variés, qui m'étaient pour la plupart inconnus, et mes écouteurs pour me border. Indestructible est passée. J'ai tout de suite adoré cette guitare et cette mort remédiée. J'avais déjà entendu Hello Time Bomb et une ou deux autres de ses chansons, mais aucune ne m'avait encore fait de semblable effet. J'ai dû l'écouter quinze fois, ou plus, avant de pouvoir dormir. Je n'ai pas tardé à me procurer l'album Beautiful Midnight, qui reste toujours un de mes préférés (douce I Miss New Wave, douce douce Suburbia, douce douce douce Running for Home...). Et puis les autres ont rejoint ma collection. Il y a des morceaux que j'ai dû apprivoiser plus que d'autres, mais il n'y en a pas un qui puisse nier le talent et le génie de cet homme, à mes yeux. Ses obsessions, souvent transformées en une aisance à traiter de sujets délicats, me fascinent. L'homme parle d'amour, de la mort, de prostitution, de guns, d'alcool, de consommation (dans le sens d'acheter) et de sexe d'une façon qui m'effraie et me séduit tout à la fois.

Avalanche, son premier album solo, m'est rentré dedans durant une période particulièrement noire de mon existence. La pièce titre, Weapon, In A World Called Catastrophe, While We Were Hunting Rabbits et Bright End of Nowhere ont servi de trames de fond à mes tourments de l'époque, et il m'arrive encore de me tourner vers ces paroles quand j'ai besoin de me dire qu'à quelque part quelqu'un d'autre sait. Ou semble savoir, tellement c'est approprié. Après des semaines passées à écouter ce disque en boucle, j'ai dû me tenir loin de toute cette sombre musique car seules quelques notes me ramenaient à mes mauves. Le sevrage a duré six mois, je peux désormais la consommer à nouveau sans trop de risques. «Sans trop», j'ai dit.

Je ne sais pas pourquoi je raconte tout ça. Probablement parce que j'avais envie de parler de lui. Et de m'étendre sur mon cas, encore. Ressasser ces petits instants de fin de secondaire et de début d'université me fait me demander comment j'ai fait pour en arriver là, et tout aussi en miettes parfois. Il y a des cycles croissants dont j'aimerais bien me défaire...

Je ne peux pas choisir entre tous ses textes lequel je souhaite mettre ici. Alors j'y vais avec le hasard: Bright End of Nowhere est la chanson qui joue en ce moment dans ma playlist, c'est donc celle que je partage. Elle est un peu comme un baume amer après la tempête... Ode to Matthew Good.
Here’s the bright end of nowhere
Here’s the results of all our days
Used to lay on the roof and drink beer
And try and count up all the ways
That you could waste away
Looking back it seemed so simple
But having done it I couldn’t say
The lights are out baby
And I’m a mouse
The lights are out
Baby so hear me out
The lights are out baby
And I’m a mouse
So here’s the bright end of nowhere
Here’s the commercial of all our days
Go on vacation and drink beer
And try and forget all the ways
We let ourselves get away
Looking back it seemed so simple
But having done it
It’s not the same
The lights are out baby
And I’m a mouse
The lights are out
Baby so hear me out
The lights are out baby
And I’m a mouse

(Matthew Good, Bright End of Nowhere)


lundi 8 octobre 2007


All we do is wait.

All we do is trip over someone else's shoes. We dance, and we forget. The dryness of every other day. But then the music stops and the steps grow farther from each other and our heads become heavy with thoughts again. We have no shape. We absorb our surroundings, sink into what's ahead of us. Or what's behind. We rely on memories to carry on. With the hope that something as grand as that time you laughed so hard, or that afternoon you felt you really belonged, or that night you spent in that other person's arms, or that morning you watched the sunrise with friends you really got to know during the few past hours, or that evening you wrote or read or saw something so incredibly pure and relevant and touching, will occur. What is there to do to believe that we can still rave about the future? It is the present that fades us all. That overrides us. Because tomorrow might be good. Might be great. But between this time and the lust one, deserts arise. There is no perfect state. We long for more, regret what there was. We crawl towards water that will leave us like anything but replete, in the end. Our bodies turn into sore ensembles, tired silhouettes.

All we do is repeat the same tune over and over. False prayers to make it seem less hard. Or to make it appear more awful. We push deadlines, delay necessities. So we don't have to face the task of living up to expectations. We detest obligations, create diversions and avoid choices. We are lame. We hide inside chests made out of wood and velvet, we sleep to let it all slip away. We lie, we paint, we draw. To cover ourselves, to conceal ugliness, to wrap the truth and leave it on a shelf. The highest one. We are scared, but not worried anymore. We are waiting. We are out of our minds, out of our souls. We are referring to ourselves as "we" only to feel less alone.


samedi 6 octobre 2007


Je soupçonne des larmes de ne pas trouver leur chemin, plus tard, durant la course. Une musique de fin du monde m'avertit du danger qui se faufile à trop rester ici. Entendre des instruments à vent et beaucoup de xylophone aiguise mon coeur. Puis un peu d'orgue le fait enfler.

Ambiance de perles: cassante et trop chère.

Qu'est-ce que je ferais si je n'étais pas là? Je dormirais et je rêverais de toi. Tu t'enfoncerais dans ma tête sans que je te le demande.

Petite folie en boîte.

La lumière cligne de l'oeil, ne souhaite plus m'éclairer. Peut-on la blâmer. Mais de quelles couleurs sont les chaussures que j'ai trouvées? L'éclat ne me connaît plus.

Air bête que je consomme, profusionne.

Automne. La saison qui me donne envie de marcher ma vie. De rencontrer de nouveaux tissus. D'amadouer des douceurs. De hurler aux feuilles qui laissent tout tomber pour l'hiver.

Des branches nues pour bientôt.

Je suis à la recherche d'une caverne. Pour faire filer les festivités. Une qui aiderait à m'endurer. Une remplie du bruit que fait l'eau lorsqu'elle coule en filets sur les parois. Que j'oublie les cantiques, la chaleur des joues qui se font la bise, les flûtes à champagne, les guirlandes et la peur qui demeure toujours d'être seule au milieu d'une mare de trop-plein de familières connaissances étrangères.

Je retourne vers mes obligations, enfiler ma chemise d'étudiante. Peut-être qu'un jour je dénicherai le destinataire idéal.



lundi 1 octobre 2007



J'aimerais bien que ma tête ne nécessite pas mille efforts de la part de mon corps pour qu'elle se sente bien. Pour qu'elle ne dévie pas.
Voilà.
J'aimerais bien.