jeudi 31 mai 2007

J’aurais voulu qu’elle pleure


- Vous voyagez seul?

- Oui.

Le vent beugla contre les parois de la fenêtre chancelante sur laquelle la jeune fille appuya sa tempe droite.

- Vous avez l’air de quelqu’un de seul.

Je devais les attirer. D’une quelconque façon, avec un semblant de radar, je détectais toutes ces débutantes, ces amatrices, toutes ces nouvelles putes. Ces vierges du métier. Celle-là, j’avais senti cela à sa voix. Il n’y avait pas que sa tête qui balançait au rythme du train qui filait, ses paroles aussi avaient tremblé jusqu’à mes oreilles. Et je savais que ce n’était pas seulement à cause des soubresauts de l’engin.

Elle était entrée dans le compartiment marron en titubant. Elle avait fouillé l’endroit, clignant ses yeux de verre, à la recherche d’hommes en manque. Je l’avais épiée de mon siège du fond, le regard gourmand sur sa poitrine et sur ses bras osseux et mauves par endroits. Elle s’était assise devant moi et m’avait surpris alors que j’humectais mes lèvres et que je reluquais ses cuisses tendres, à peine dissimulées sous une jupe rouge Noël. Elle n’essayait même pas de sourire.

J’attendis qu’elle émette un autre commentaire, qu’elle avance des propositions. Elle avait rabattu ses paupières. Son fard rosé s’agençait bien avec les cernes rougeâtres qui encadraient ses yeux. Elle demeura ainsi plusieurs instants, la tête contre le châssis de métal, quelques mèches châtaines lui couvrant le visage, ses lèvres mauves entrouvertes. Je ne pouvais dire si elle frissonnait ou si elle se murmurait à elle-même des mots sensés lui fournir le courage d’entamer le boulot.

Elle se releva d’un coup, bien droite, et planta ses yeux dans les miens. Je n’y vis que du vide. Une détermination de néant. Deux orbites qui ne me désiraient pas, qui ne suggéraient rien, mais qui m’appelaient tout de même, et auxquelles je ne résisterais pas. Elle glissa ses deux billes éclatées jusqu’à mon pantalon et fixa mon entrejambe. Toujours pas de lumière dans ses yeux, aucune peur. Que des cils qui s’effondraient quelques fois sur des trous béants.

Ses mains remontèrent sa jupe jusqu’à ce que je vis son sexe poindre. Elle ne portait rien sous son vêtement. Instinctivement, je jetai un coup d’oeil à sa camisole noire et devinai qu’il n’y avait rien là-dessous non plus. Elle quitta la banquette et courut hors du wagon, se fiant aux bancs en cas de chute. Elle ne se retourna même pas une fois pour s’assurer que je la suivais.

Tout le long, elle serra les billets de vingt dans sa main gauche. Le va et vient se fit plus facilement grâce à la course du train sur les rails. Soumis aux vibrations de notre transporteur, nous passâmes de l’avant à l’arrière du cabinet de toilettes sans effort, sans répit. Une fois nos deux corps coincés entre le lavabo et la cuvette, je lui soufflai:

- C’est votre première fois, n’est-ce pas?

- Oui.

Comme si elle s’était souvenue de ma présence par ce bref échange de mots, elle gémit un peu et me dit:

- Et vous?

- Non... Et vous n’êtes pas ma première pour qui c’est sa première fois.

- Oh.

Elle avait échappé ce son comme on ouvre une boîte de conserve dont le contenu est expiré, sans espoir pour la nourriture, mais avec en tête une vague idée du gain pour son estomac. Elle resserra son emprise sur l’argent de papier et ne le lâcha plus des yeux jusqu’à ce que j’eus atteint un semblant d’extase.

Je retournai m’asseoir seul au fond de la case roulante. Elle partit dans l’autre direction, sans doute à la chasse aux deuxième et troisième clients. Le souvenir de son regard me pétrifiait toujours. Me glaçait.

J’aurais voulu qu’elle fasse semblant, comme les autres. J’aurais souhaité qu’elle joue la séductrice, comme toutes ces initiées. J’aurais préféré que la couleur de sa jupe, que je tordais sur ses hanches, n’évoque pas un si joyeux temps de l’année.

J’aurais aimé qu’elle ne soit pas aussi gelée. J’aurais voulu ne pas voir les boursouflures au creux de ses bras. J’aurais eu envie d’un corps, d’une fièvre. Et sous ce faux désir, j’aurais voulu savoir qu’elle regrettait la fosse dans laquelle elle s’était jetée. Plutôt que ces deux sphères inertes, j’aurais aimé voir la détresse dans ses yeux. Plutôt que deux globes morts... J’aurais voulu qu’elle pleure.


(Décembre 2005)


mardi 29 mai 2007

Il y a quelqu'un qui se reconnaîtra peut-être dans ces lignes qui dévient d'une époque passée près de cette personne. Tant mieux, ce texte a été écrit en pensant à toi, quelque part en octobre 2005 ;) J'espère que tu ne m'en voudras pas de m'en être inspirée. Et, oui, je sais: il est rose ce divan, en vrai...


Blanc, gris, beige

Des escaliers repliés sur eux-mêmes, menant à une porte blanche. Derrière elle, tout y était blanc, ou presque. Je n’aimais pas le blanc. Mais celui-là, recouvert de nuit, je l’ai adoré du premier coup. Ces parois immaculées m’ont vue agir, soupirer, rougir. Ce logis est devenu en peu de temps un véritable réservoir de moments immortels, d’instants échappés, de rires éclatés et de regards encombrés.


Il était tout juste adulte. Je n’étais encore qu’une jeune fille. D’avoir abusé de mon brin de naïveté et de mon soupçon d’innocence, je ne lui en suis que trop reconnaissante. Son domaine, je ne l’ai connu que dans la pénombre. Je le quittais avant l’aube, laissant des traces de plus à son entrée déjà poussiéreuse et barbouillée des pas de l’hiver qui vivait dehors. C’était après m’être extirpée du moelleux sofa. C’était après un film. Après des notes grattées de son instrument vert. Après mes croquis de questions et ses ébauches de réponses. Après m’être arrachée à toute cette chaleur et à ces parfums ni trop épicés, ni trop salés, ni trop sucrés. Un amalgame de juste assez.

Ce divan, gris ou beige, je n’ai jamais pu trancher, accueillait tout de nous. Mou et docile, il acceptait de glisser d’un angle à l’autre de la pièce centrale de cet havre pour satisfaire les critères de notre prochaine occupation. Plus souvent qu’autrement, le meuble au tressage subtil rebondissait face à l’écran situé à la gauche des lieux. Cet écran ne servait que d’arrière-plan ou de légère distraction à nos échanges. Je les ai longtemps fixées sans les voir, ces images que l’engin télévisé me crachait, en attente de la première caresse ou de la taquinerie initiatrice de la soirée.

Tout m’a plu de cet homme, de cet être, de cette autre partie de moi. Il m’a appris à aimer les blancs nocturnes, m’a fait apprécier sa musique, m’a montré à embrasser comme ça. Il m’a prouvé que nous étions pareils, m’a montré que nous étions faits l’un pour l’autre, mais m’a avertie que nous ne nous appartiendrions pas.

Il m’a présenté le premier oreiller, a initié toutes les batailles. Prétexte pour se toucher. Excuse pour se défouler. Calmé, il me regardait de ses doux yeux sombres, appuyait sa tête contre mes cuisses. Moi, je lui caressais les cheveux. J’anticipais, j’espérais, je rêvais. À chaque regard, nos pupilles étincelaient un peu plus. Au rythme des chansons qui filaient. Au fur et à mesure que le film achevait. Et puis il m’embrassait.

Le parfait sofa, lui, subissait mes coups de coussins ratés et supportait sans grincer nos deux corps lourds enlacés après l’engouement. Habillé de l’obscurité, de deux âmes venues du même vent, d’une dodue couverture blanche et de quelques vêtements échoués sur ses membres, il semblait partager notre confort. On aurait juré qu’il souriait lui aussi, rassasié de tendresses.


L’hiver a passé. Il en a aimé une autre qui a rencontré ses murs blancs et son divan clément. J’ai visité d’autres sofas et connu leurs propriétaires. J’ai joué ailleurs mais me suis toujours rappelé de cet endroit tout blanc et de ce meuble à l’odeur, à la texture et à l’homme que j’aimais tant.

dimanche 27 mai 2007

Depuis quelque temps je songe à poster les courts textes que j'ai écrits dans le cadre de l'un ou l'autre des cours de création que j'ai suivis. Maintenant que Mel m'a dit que je devrais le faire, j'ose agir (Vois comme tu as de l'impact sur moi, chère Mel... :P)! Alors voilà, vous aurez droit à une rétrospective de mes écrits (chanceux que vous êtes!), voyez ça comme une preuve qu'il m'arrive d'être inspirée par autre chose que par mes niaiseries!

Aujourd'hui, je vous offre le tout premier texte que j'ai écrit «pour» mon bacc, en septembre 2005, et dont je ne me souviens plus du titre, mais je sais qu'il en a un, que j'ai gribouillé après avoir fait imprimer...


C’était comme si chaque pas était compté. Comme si tout mouvement portait une signification ou décelait une réalité crevante. Cette jeune fille ne pouvait se permettre d’arrêter. Toujours respirer. Suivre la musique. Ne plus penser.

Elle apparaissait tel un mirage, entourée d’ombres mouvantes. Surpassée par le jeu hallucinant des lumières criardes, elle dansait. Pressée contre des centaines de corps possédés, elle s’improvisait lourde. Une banderole de jeunes adultes séparait son monde mobile du monde immobile. La demoiselle fabriquait des gestes suaves, alimentée par son désir d’accrocher l’attention de n’importe lequel de ces individus.

Les notes n’ont pas tardé à s’enchaîner sous un tempo plus fou. Partout sur la piste, des membres se déployaient de manière saccadée. Elle devait donc garder le rythme. Rapides et précis, ses bras et ses jambes dictaient aux autres parties de son corps les ondulations requises. Docile, elle empruntait la direction que la musique lui indiquait.

Elle était certaine d’avoir déjà aperçu ce visage auparavant. Il lui faisait face, posté dans son univers statique à lui. La clarté de son teint tranchait avec l’atmosphère feutrée et sombre qui enveloppait la masse de spectateurs. Ce n’était pas la première fois que leurs yeux s’agrippaient. Il l’épiait alors qu’elle se déplaçait telle une poupée prise de convulsions. La cadence semblait venir d’elle, et non plus des gigantesques haut-parleurs disposés aux quatre coins de l’île dansante. Sous le regard parfois admiratif, parfois amusé de l’étrange voyeur, la dame vive était devenue l’initiatrice de toutes les étapes de cette ronde frénétique.


Quelques airs plus tard, elle sentait toujours les deux billes obscures du jeune homme sur sa peau. Il voyait les tissus de la danseuse coller à celle-ci tandis qu’une fièvre grimpait en elle, l’élevant au-dessus du troupeau d’acrobates. Elle s’est sentie suivie par ses deux yeux espiègles, complices même un peu sans doute, pendant que sa nouvelle légèreté l’entraînait sur la plate-forme. Elle donnait l’illusion de ne plus être liée à son corps. Elle n’offrait désormais aucun contrôle sur les mouvements exécutés par son système organique.

La démence paraissait s’être emparé de ce que la raison avait quitté un instant plus tôt. Les os de la femme menaçaient de se briser à force de tant d’agitation. Seul l’observateur voyait trembler l’estrade sur laquelle elle se démenait, les autres danseurs étant plutôt captivés par la succession imprévue, quoique calculée, des éléments de cette chorégraphie endiablée. Le cirque bouillonnant auquel ils appartenaient poursuivait sa course démesurée sous les projecteurs couleur de feu. Le regard de l’homme ne quittait plus la reine de ce bal infernal, hypnotisé par le reflux de sa silhouette.

L’arrêt brusque de la musique tonitruante les a tous deux tirés de leur torpeur. Un bourdonnement sourd a éclaté dans leurs oreilles. Leurs yeux ont fléchi sous le violent éclairage blanc redevenu constant. Du bout de ses doigts encore fébriles, elle s’est pincée pour tenter de rétablir une certaine stabilité dans son corps. De ses mains moites, il a rattrapé de justesse le verre qu’il tenait depuis le début du manège fougueux. Ils ont alors entendu la voix du technicien s’exclamer:

- Tout est parfait! Tout est prêt pour l’ouverture dans dix minutes.


Haletante, la serveuse s’est dirigée vers le bar en dissimulant tant bien que mal sa gêne de s’être laissée emportée encore une fois. Tout aussi mal à l’aise, son collègue de travail s’est remis à frotter d’autres verres, ses yeux foncés plantés sur le comptoir pour éviter ceux du responsable du son et des lumières. Ce dernier examinait les deux êtres à l’allure de gamins pris sur le fait, sourire en coin.

vendredi 25 mai 2007

Bon, bon, bon. Je n'accepterai pas de me faire étrangère à aucun de ceux que j'ai frôlés. T'entends? Ce jeu ignoble que tu as initié et auquel je me suis prêtée, je l'exècre. Il n'y a que de l'horrible dans le mot feindre. Et c'est tout ce dont tu sembles être capable. Feindre de ne pas m'avoir vue. Feindre de ne pas me connaître. Feindre d'avoir oublié. Feindre de ne plus savoir ce que j'ai déjà été pour toi.

Détrompe-toi, je ne rechute pas pour autant. Je me dis que ça passera, que bientôt je ne bouillerai plus à cause de toi et de tes agissements à la con. Je ne suis pas mieux, tu sais. Je t'ai laissé me figer. Je t'ai permis de me faire hésiter, et de m'abaisser à ton niveau de borné. Je l'ai fait pour toi, tu vois. Parce que je sais que quelque part tu es beaucoup mieux sans nouvelles de moi.

C'est ça dis-moi, une rupture, même après tout ce temps? S'effacer de l'autre? Je ne digère pas ce concept. Pourtant, il s'en est passé des heures, des nouveautés, des quelqu'un d'autre, depuis. Alors que j'aimais bien ton souvenir, tu me retombes dessus et j'en suis à détester te voir. Déplorable. Pour la première fois depuis que je t'ai aimé, je t'envoie chier. Que d'évolution! Heureusement, ce n'est qu'une haine de passage. À propos de laquelle je ne pouvais me taire.

Je ne m'excuse pas.

lundi 21 mai 2007

- Raconte-moi la fois où tu croyais t'être défait de moi.

Elle s'était retournée, l'avait dévisagé, puis le lui avait demandé. Comme ça, du tac au tac. Son nez était à deux pouces du sien, elle sentait sa respiration sur ses lèvres. Elle lui avait souri, et lui, il lui avait pris la main, avait baissé les yeux et il s'était amusé à entremêler son index et son majeur dans ses doigts à elle.

Ensuite il le lui avait dit. Au fur et à mesure qu'il expliquait, son sourire à elle s'effaçait. Elle l'écoutait, le laissait jouer avec sa main. Elle avait entendu comment il l'avait oubliée. Elle avait remonté le drap beige par-dessus ses seins, elle ne voulait pas qu'il la voit trembler, ne voulait pas qu'il croit qu'elle était bouleversée.

Parce qu'elle l'était juste un peu. Et qu'elle le croyait à peine. Elle avait toujours su qu'il reviendrait. Même si toutes les occasions où ils s'étaient croisés après qu'il l'ait quittée, il lui disait que ça ne pouvait plus durer. Maintenant qu'elle l'avait à nouveau dans son lit, elle se plaisait à le lui remettre en plein visage.

Il avait terminé. Elle s'était collé contre lui, l'obligeant à s'étendre sur le dos, pour qu'elle puisse, de son oreille, suivre les battements de son coeur. Elle avait eu peur de le perdre à jamais. Elle savait qu'elle l'avait presque perdu, savait qu'il s'était trop éloigné, un temps. Elle aimait qu'il lui dise comment. Et pourquoi. Parce que cette histoire finissait toujours par «Puis je me suis rendu compte que...».

Tout le temps, après son récit, ils faisaient l'amour. Avant, aussi. Ils finissaient par s'endormir dans les bras l'un de l'autre. Il soupirait, avant de s'assoupir. Pas d'aise. Pas de bonheur non plus. Elle l'avait compris, après quelques fois. Mais elle ne le laisserait pas s'échapper. Pas encore. Plus jamais.

Elle lui ferait comprendre, à force de lui faire répéter qu'il était revenu.

«Raconte-moi la fois...»

«... défait de moi...»

«... tu croyais...»

«... défait de moi.»

jeudi 10 mai 2007

Je me dois quelques solitudes. J'en ai marre de crier au secours, d'appeler à l'aide. Il y a cela, il n'y a rien, il y a tout. Et puis après? Je devrais m'en foutre, je m'en fous.

J'enroulerais bien ma peau, l'envelopperais et la déposerais au frais pour la purifier. Mais avant, je l'étiquetterais, cicatrice par cicatrice, je catégoriserais chacune de mes marques, noterais leur origine: chute, brûlure, obsession, violence extérieure involontaire... Elle me remémorerait tout, cette peau. Cette foutue peau. Me dirait tout, me ferait revivre les coups. Me ferait revivre, cette peau. Une peau.

Du rouge. Beaucoup trop. L'empreinte d'une pression exercée. Enfoncée, exagérée. Sur elle, à l'intérieur. Je voudrais ne plus avoir à m'en vouloir. Ne plus connaître la tentation, être raisonnable mais juste à ce propos. Pauvre peau.

Je deviendrai une grosse pêche. Un spécimen dysfonctionnel. Non-comestible, demeurant dans l'hémisphère sud. Ma pelure me servira de parasol. Je ne pourrai subir que des bleus, pas de rouge, après un échappé. Aucun rouge.

Comme j'aime... J'aime cette éventualité.

mercredi 9 mai 2007

***Ceci est une tentative d'occupation qui a pour but de me perdre***


Un pays a accueilli, il n'y a pas si longtemps, une minuscule pieuvre verte. Celle-ci, ou plutôt celui-ci, puisqu'il s'agit bien d'UNE pieuvre, mais d'une pieuvre mâle, celui-ci donc, sitôt déposé dans son nouveau territoire, s'est fait maître des lieux, malgré ses six bras maladroits incapables de pointer ou d'ordonner et sa fissure lui servant de bouche trop petite pour lui permettre de hurler.

Son pays n'est pas fait d'eau et d'algues, détrompez-vous. La pieuvre n'en a pas besoin, elle, il pardon, est trop velu donc l'eau serait un ralentissement, un obstacle, un accrochage, et puis la petite bête en question est de couleur verte, tel que mentionné ci-haut. Ça remplace les algues.

Son domicile est un matelas trop immense pour lui, ou elle si vous préférez. Juché sur quatre roues et quelques hauteurs, le pays est élevé. Il a fourni plusieurs fois le vertige à la pauvre pieuvre, elle (il) en est même tombé à six ou sept reprises. Peut-être même davantage. Qui, vraiment, tiendrait le compte de ce genre d'accidents? La pieuvre, probablement, puisqu'elle- ou il- est celle- ou celui- qui a subi ces échappées.

L'animal s'est d'ailleurs déjà perdu dans le sol dudit pays. À une occasion, on l'a ramassé en même temps que les draps du gazon, et il a fait un tour de nettoyage. On ne s'est rendu compte de son expédition que lorsque la session était achevée, et qu'il se tenait là, sur le monticule de tissus propres et secs. Son voyage lui a égratigné les yeux, mais a procuré une verdoyance si lustrée à son pelage. Ça en avait valu la peine.

Pour l'instant, la pieuvre observe de très près un parterre blanc. Eh oui, malgré ses globes de plastique écorché, elle ou il voit encore. Si personne ne la (le) déplace, elle (il) fixera l'espace blanc trrrrrrrrès longtemps. Je m'en chargerai plus tard.


***Je vais dormir maintenant***



dimanche 6 mai 2007






Durant les derniers jours, j'ai appris que:

  1. Devenir libraire permet de développer l'art de se parler à soi-même à voix haute.
  2. Le kiwi est un fruit que j'adore mais dont j'oublie trop souvent l'existence.
  3. Il y a de ces hommes dans la cinquantaine qui considèrent l'envahissement d'un coin de rue le temps de griller une cigarette un passe-temps.
  4. Je suis beaucoup trop émotive lorsqu'il est question de mes amitiés, de la distance, de mes rapports avec moi-même ou de mes amis en peluche et de ce (ceux) qu'ils me rappellent.
  5. Ma nouvelle chambre est vraiment plus petite que je le croyais.
  6. Ne pas avoir le temps de faire un appel, c'est possible.
  7. Saint-Sauveur VIT les soirs et les fins de semaine (mais ce n'est qu'une première hypothèse).
  8. Je ne vivrai jamais assez longtemps pour lire tout ce qui me semble digne d'être feuilleté.
  9. Il existe des endroits où travailler et s'éclater vont ensemble.
  10. Il faut vraiment que je découvre d'autres pays.