mardi 28 octobre 2008






Les voitures ont toujours l'air de rouler plus vite, le soir quand il pleut. Leurs phares éclairent la bruine projetée par la friction des pneus et de la chaussée, et je trouve ça beau. Et ça m'effraie.

Des ruisseaux font leur chemin, se collent contre les trottoirs. Dans ces petites mares improvisées filent les reflets orangés des réverbères, et j'aime ça, regarder ça. Ça m'apaise.

Certaines feuilles s'accrochent à l'asphalte, s'y collent, comme mes cheveux mouillés à ma peau, mon visage, mon crâne. Des gouttes glissent dans mes yeux, et je ris de tout ça. Et ça me chatouille.

Ces nuits où le vent s'emporte, où je pourrais m'inventer des tremblements, provoquer des raz de marée, ces nuits-là, j'en prendrais tout l'automne. Ça m'abrite, me fout en l'air, me protège, m'exaspère, me contente, me libère.










dimanche 26 octobre 2008

Faut que tu comprennes,
que tu comprennes que
ç'a été important pour moi,
mais pas tant,
que j'y pense des fois
et que c'était beau dans le temps
juste ça,
mais rien de trop marquant

Je me demande bien pourquoi
je me dis que tu me manques des fois
quand t'es pas là,
avec nous,
je me dis que je rigolerais avec toi
je me demande bien pourquoi

Faut que tu comprennes,
que tu comprennes que pour moi,
pour moi ç'a été tout ça,
tout ça ç'a été
et bien plus
mais un peu moins,
un peu moins que ce que tu crois,
que ce que tu crains
ç'a été juste ça
juste ça pour moi

jeudi 23 octobre 2008








J'ai l'humeur imparfaite. Je m'irrite de tout. Je pars à la recherche de la déesse chimique qui saurait me venir en aide. Je foule des contrées douillettes pour fuir l'angoisse, connaître l'apaisement. Je ne marche pas. Mon corps ne s'imbibe pas assez de ses sources de repos. Je renie mes nerfs, maudis mon impatience. Je m'enveloppe, me fonds, me coule. J'use mes muscles à force d'ignorer les sourires. Je fixe les fonds. Je poursuis ma quête sans début ni fin, je tourne sur moi-même, je repars. Je revis ailleurs. Et ailleurs, tu n'y es pas.













mercredi 22 octobre 2008





Il y a de ces images douloureuses qui me reviennent en tête à l'occasion lorsque je pense à d'anciennes amours. Je ne cherche pas particulièrement à me torturer l'esprit avec ça, mais je n'y peux rien, elles rebondissent quand ça leur tente, même si maintenant j'en suis à un stade où l'amertume liée à ces relations s'est pas mal dissoute. Il ne reste que ces quelques visions, qui pincent un peu, et qui me rappellent que l'amour, c'est bien compliqué et ça fait bien mal. Mais c'est entre autres ce qui fait que c'est si beau.

De lui, il m'est passé sous les yeux hier soir, alors que je me disais que sa fête est le lendemain, soit aujourd'hui (tout le monde en choeur: «bonne fête, lui!»), le moment où il a choisi de m'enlacer devant tous ses amis, alors que nous nous apprêtions à quitter le bar dans lequel nous avions passé la soirée, chacun avec nos groupes d'amis distincts avant de finir par partager la même table lorsque ma gang s'était éclipsée prématurément. Je me souviens l'espèce d'ardeur avec laquelle il s'était littéralement accroché à moi, et je me souviens aussi en avoir ressenti une sorte de frustration. Ça n'allait pas, nous deux, et il tentait de tirer sur quelque chose pour rétablir notre sublime. Ce qui n'a rien arrangé, en fin de compte. La rupture s'est faite deux jours plus tard.

Le plus dur, avec lui, a été d'accepter sa façon de réagir à cette séparation. Aujourd'hui, j'aimerais encore que tout ne se soit pas passé comme ça. Mais je crois que maintenant, nous sommes redevenus amis, ou du moins sommes-nous «civiles». Et ça me va.

Et avec l'autre lui, l'image qui demeure est une des dernières que j'ai eues de lui avant qu'il ne parte pour l'été travailler loin loin. Nous venions de passer une extraordinaire soirée, il avait osé m'embrasser même si tout était foutu (ce que nous savions depuis le début mais avions choisi de mettre de côté le temps de se voir et de profiter du mois qui nous restait), il avait voulu rester tard et là il devait partir. Alors que je marchais un peu devant lui, il a posé sa main sur mon bras pour me retenir, je me suis tournée vers lui et j'ai vu son visage, les sourcils un peu froncés, l'air grave. Ça ne lui plaisait pas de me quitter, même si je sais et que j'ai toujours su qu'il n'a jamais été amoureux de moi. Mais je n'ai jamais douté de son attachement et de son attirance pour moi. Je ne lui en ai pas demandé plus, je l'aurais marié, cet homme, et pour vrai. Il est parti, s'efforçant de me faire sourire, et je me souviens que le matin de son réel départ (il partait deux jours après nos «adieux»), je suis restée au lit sans pouvoir bouger, jusqu'à ce que ma mère me force à me lever. Il me semble que j'ai réussi à accumuler assez de forces pour aller en vélo avec une amie, durant l'après-midi.

Nous nous sommes revus sept mois plus tard. Nous n'avions pas beaucoup changé, et je crois qu'il restait encore un peu de «nous», peu importe le statut que nous n'avons jamais eu. Nous n'avons plus jamais habité la même ville. Il ne me manque plus vraiment, mais je pense à lui. Des fois.

Je vis bien avec ces images, la plupart du temps. C'est lorsque ma raison me perd et les broie, ces images et d'autres, pour m'empoisonner l'esprit, que ça va moins bien. J'avais envie d'écrire sur eux, ce lui et cet autre lui. Je sais qu'ils ne m'en voudront pas! J'assume le fait qu'ils occupent toujours une place en moi. Et le fait que j'en occupe sûrement une moins grande, ou une inexistante, dans leur vie à eux.







lundi 20 octobre 2008





Aujourd'hui, je crée. Un tableau, pour lequel j'avais gribouillé le croquis il y a environ deux mois. J'aime laisser mes illuminations mijoter longtemps. Il y avait si longtemps que je n'avais pas peint! Je crée aussi des barres Nanaimo, pour moi et pour l'amoureux. La recette sera encore une fois un peu ratée, étant donné que je sous-estime toujours la quantité de margarine nécessaire. Il n'y verra que du feu, et moi, je m'en fous pas mal. Je me dis que c'est un peu moins de gras à aller se planter dans mes cuisses.

Aujourd'hui, j'écoute. Björk et ses plus grands succès, tout en appliquant mes deux premières couches de noir sur la toile. Cette femme est tellement prenante, sa voix était tout indiquée pour entamer mon projet. Présentement, j'écoute les quatre chansons disponibles sur le myspace de Coeur de Pirate. Je dois dire que je l'aime bien, la petite, même si elle ne révolutionne rien.

Aujourd'hui, je regarde. Mon chat dormir, roulé sur lui-même comme une chenille se protégeant d'un imposteur. Mon espace, si beau et si propre après le ménage que j'y ai effectué ce matin. Je regarde des émissions de Tout le monde en parle que ma soeur avait enregistrées pour moi. Je m'imagine y passer un jour, répondre aux questions de Guy A. Lepage. C'est fou comme je peux avoir des idées de grandeur, des fois.

Aujourd'hui, je crée. Et je m'en porte bien. Ça me repose des deux dernières semaines. Mon humeur est comme le temps : incertaine, filante... Je suis une première tentative de grenade artisanale : il se peut bien que j'explose, il se peut bien que non...











lundi 13 octobre 2008




Souvent, dans ma tête, je me fais des trames de films. Je l'ai déjà dit. Je vois des images, j'y ajoute de la musique. Et parfois, lorsque je crois vraiment à mon roman, je m'imagine qu'on le trouvera si bon qu'on en fera une adaptation cinématographique. J'ai de ces rêves comme ça. Ça m'arrive, oui.

La chanson du début pourrait être Where Is my Mind?, la version de Yoav, pas celle des Pixies, déjà utilisée dans Fight Club. On verrait Prague, à l'aube. Quand Thomas penserait à Sophie, et qu'il l'imaginerait se trémoussant dans une vitrine, c'est Prime Time Deliverance de Matthew Good Band qui passerait. Pour égaler l'espèce de décadence qui l'a gagné, ce pauvre Thomas, et pour montrer à quel point il peut tordre tous ses démons et gâcher tout ce qui est sensé être beau. Automatic Situation de Joseph Arthur accompagnerait l'intimité de mes deux personnages. Parce qu'il y a quand même quelque chose de sensuel dans leurs échanges et dans leurs nuits passées à dormir dans les bras l'un de l'autre, malgré les angoisses et la maladresse de Thomas, et malgré les blessures de Sophie. Je crois qu'All Is Full of Love, de Björk, viendrait clore le tout. Juste après la rencontre inattendue des protagonistes à Londres. Ils se croiseraient par hasard, discuteraient, se laisseraient. Et la merveilleuse dame islandaise se mettrait à chanter. Oui, ce serait comme ça. Et moi je pleurerais en voyant le résultat, parce que j'ai toujours envie de pleurer quand j'entends cette dernière chanson.

Des fois, j'imagine aussi que c'est moi qu'on voit avec de la musique pour me couvrir. Comme dans un vidéoclip. Ou je visualise des beautés, des filles plus minces que moi, et j'invente des séquences. Dernièrement, j'ai écouté en boucle trois des chansons qui figurent sur l'album Migration de Sambassadeur. J'ai dû faire ça pendant deux semaines, le matin en marchant pour me rendre à la librairie, et le soir en attendant l'autobus. The Park, pendant laquelle des danseurs se démèneraient sur une brillante chorégraphie de mon cru qui allierait danse moderne et claquettes. Subtle Changes, où il ne se passerait pas grand chose, je l'avoue. Celle-là ne m'inspire pas tant. Et pour That Town, on ne verrait que des éclats de rires, et des sourires. De moi, de mes amis. Ce serait beau, et le vidéo, je le passerais en boucle, lui aussi.

Je vis à l'intérieur de mes illusions. Pas ailleurs. Des moments, je veux en créer de toutes pièces. Pour ne pas être déçue. Ou bien me servir d'anciens instants. Pour les remanier. Les «musifiquer». Je veux inventer ma vie.




vendredi 10 octobre 2008






Ça fait deux ans que j'écris ici. L'anniversaire est demain, en fait, mais je m'en rends compte à l'instant. Alors je le note. Le souligne.
À travers mon hermétisme, paraît que j'ai réussi à rejoindre certaines personnes. C'est un pas en soi. Je suis arrivée à me comprendre et à me décomprendre encore plus, en alternance. Moi je n'ai que ça, mes mots écrits, pour réagir à toute chose. Parce qu'autrement, tout s'agglutine et ça rend un produit plus ou moins fini. On pourrait dire que j'aboutis davantage ici qu'ailleurs. Mais là encore, est-ce vraiment le cas... Il y a de mes lancées oratoires qui ont valu la peine, je crois. Ceux qui m'écoutent parler peuvent peut-être corroborer. Au-delà de tout ça, je chéris bien mon petit Exil.
J'ai l'intention de continuer. De poursuivre. Après tout, ici remplace un peu les espèces de journaux que je tenais. Complète, plutôt. Je n'ai pas cessé de traîner des carnets partout où je vais. Je voyage d'un support à l'autre, je m'amuse. Dites-vous alors que vous ne voyez qu'une infime partie de ce qui me passe par la tête... Étant celle qui doit soutenir cette tête, je vous cède le droit de vous considérer chanceux!
Avec le pseudo-survol maintenant possible à faire après ces deux années, certaines révélations s'offrent à moi. J'ai même feuilleté lesdits cahiers dans lesquels j'écrivais avant, et ce qui ressort le plus me laisse un peu éberluée : Je n'aime plus comme j'aimais avant. J'ai acquis une surprenante indépendance.
Bien d'autres vérités m'ont sauté aux yeux. Puis je demeure naïve face à tant de réalités... Ce qui demeure une certitude, malgré tout, c'est qu'il y a des choses que je ne saurai jamais. Vous non plus d'ailleurs.





jeudi 9 octobre 2008






Il y a des jours où je pourrais partir. Et ne pas revenir. Partir avec un autre. Ou pour d'autres.
Des jours où je me demande ce que je fous. Si c'est bien sensé être ça, jusqu'à la fin.
Mais jusqu'à la fin de quoi?
Je me mens au visage. Ne m'écoute que d'une oreille.
Un jour je partirai.
Seule.
Pour les autres.