vendredi 29 février 2008



Un billet, juste pour le plaisir d'écrire un 29 février, puisque je ne pourrai le refaire avant 4 ans.

Je suis allée voir I'm not There, hier soir. Au début, je n'étais pas certaine de suivre, ni d'aimer, mais au milieu, on m'a accrochée. La dame assise à ma gauche est partie au moment même où je me disais que j'aimerais bien pouvoir répondre comme le fait le Arthur Rimbaud des Bob Dylan. Ou comme le Jude Quinn des Bob. Et l'amoureuse en moi n'a pu s'empêcher d'avoir un coup de coeur pour l'histoire d'amour entre l'acteur-Bob et la peintre française.

J'invente plein de dialogues que j'imagine percutants, ces temps-ci. Et j'en garde quelques-uns pour Thomas et Sophie. Je frétille de voir qu'un bon lot d'idées émerge dans mon esprit. Ce projet n'est donc pas perdu. Je n'ai aucune envie de corriger le manuscrit pour lequel on m'a engagée de le faire. Je me réserve des heures pour ça demain.

Je lis, je lis, et je pense à toi. J'ai peur de toi. Te veux près de moi. C'est plus calme, dans ma tête, quand t'es là. Mais certaines obsessions reviennent pour toi, s'emparent de moi. Je me pile dessus, les piétine aussi, je ne veux pas qu'elles nous empoisonnent. Je refuse qu'elles nous malmènent.

C'est de plus en plus dur, de retourner là-bas. Ça m'inquiète. Je suis de ce genre de personnes qui doivent tout renier, des endroits? J'aimerais mieux pas. Mais je ne peux pas faire autrement. Il y a des rues que j'ai trop souvent foulées, et mes yeux ne veulent plus voir les étoiles déjà observées avec d'autres que j'ai trop aimés. Ils me revisitent tous, à chaque fois. Trop. De trop près. Je préfère la distance de mes souvenirs en un lieu sauf. Revenir où je traînais cette tête et ce corps qui m'ont fait porté tout ça m'embrouille. J'en ressors vidée, comme diminuée, toute retournée. Ce n'est pas mon nid, ce n'est qu'un arbre au loin, ce n'est que là, qu'un moment, un temps dans ma vie. Fini.




samedi 16 février 2008



L'autre matin, j'ai connu le nœud, le petit obstacle, la gigantesque barrière qui nous force à nous taire. C'est plus qu'une boule dans la gorge, c'est un tuyau qui descend et nous chauffe les tripes. Une clôture qui nous enveloppe, qui fait le tour de notre cœur et nous retient dans le silence. Dans le silence qui change rien, qui stagne tout et qui nous fait flotter dans un état de base, un plancher primaire. 'Savez, ce nœud qui nous empêche de parler, qui nous fait hésiter, qui nous tente vers un mutisme confortable qui n'exige aucun effort? Mais ce nœud-là ne nous laisse pas respirer, après. Il demeure, et nous restons pris avec le poids de ce que nous nous apprêtions à dire.

J'ai senti l'aveu qui fait mal, même s'il porte en lui une certaine beauté. Celui qui nous pousse à entrouvrir les lèvres, comme si nous prenions notre élan pour plonger, puis à les refermer et à recommencer une ou deux fois avant de sauter pour vrai. L'aveu qui nous fait croire qu'il devra être prononcé tôt ou tard, mais que plus tard serait mieux, parce que nous ne sommes pas prêts, nous n'étions pas préparés. Seulement nous aimerions tant l'être, parés. À toute éventualité. Puis nous répétons trente-six fois à notre esprit ce que nous voudrions dire tout haut. Nous choisissons l'intonation, le débit. Mais nous savons que pratiquer dans notre tête, ça n'aura jamais le même ton qu'une fois les mots échappés dans l'air.

J'ai choisi de le murmurer, l'aveu. Le chuchotement, quelle belle alternative. Qui diminue l'angoisse de moitié, mais qui contient le risque de nous obliger à devoir répéter. Quelle chance, j'ai été entendue. Et malgré le plaisir procuré, partagé par l'aveu, le nœud s'est glissé vers mon visage, a monté et s'est accroché à mes paupières. Le nœud a piqué mes yeux. Mais 'savez, je n'ai pas pleuré. Juste eu très peur, très très peur, et j'espère ne pas avoir à recommencer.



mardi 12 février 2008

Je flanche.
Je souris tellement.
Quand ta voix...
Quand t'appelles.
Je n'ai pas le temps quand je devrais.
Et je ne saisis pas les occasions où je pourrais profiter de minutes de trop.
Alors je ne corrige pas assez.
Je n'écris pratiquement plus et c'est lamentable.
J'en connais deux qui doivent se demander où je suis passée.
Je réussis tout de même à lire lorsque je m'approprie un de ces sièges bleus des autobus de ville.
Tout va très vite, j'aimerais agripper une seconde et lui dire de rappliquer avec ses amies.
Médicamentalement parlant, je ne vais pas bien.
Autrement, je jubile.
Je chantonne.
Je ne le faisais pas avant.
Et je fredonne rien, rien qui porte un titre.
Aucune note connue.
Je me suis déniché un espace qui n'appartiendra qu'à moi.
Des murs que je colorierai à mon goût.
Je n'y accueillerai que toi ou presque, que toi et quelques autres.
Mon chat à poil long se moquera de moi.
Je suis tombée tout à l'heure, je devais me dire que j'aurais aimé que tu sois là.
J'aurais voulu en rire avec toi.
C'est drôle, tout est très drôle.
Je pardonnerais n'importe quoi.
Sauf la mort.
Ne me laissez pas comme ça.
Je continue avec les accessoires.
La gourmandise me tient.
Moi je t'aime tellement.
Déjà.
Je ne te l'ai seulement pas dit encore.
Dans le moment, je préfère l'impulsion du geste irréfléchi.
Accompli sans soin.
Ou sans application.
Non, sans évaluation.
Plutôt.
Ne pas avoir à y revenir.
Se demander si ça colle.
Tout va me glisser entre la peau.
M'échappera.
Me filer les doigts.
Tout va plomber.
Éclatera.
Extase.
Avec toi.



samedi 2 février 2008

Je suis dans un autre espace. Que je ne connaissais pas avant. Et il me plaît, cet endroit, cet endroit où tu me portes. Je perdrai la raison en même temps que toi. On ne m'avait pas dit que ça pouvait être comme ça. Ou plutôt si, on m'avait prévenue, mais pas de ça, seulement de quelque chose qui s'y rapproche.

Et moi je m'étais fermée à tout ça. Je cherchais encore une façon de m'en sortir, pas plus tard qu'au début. Et alors que le début persiste, l'envie de m'échapper glisse. Elle fout le camp, sans moi. Tu seras pris avec moi, tout autant que je ne pourrai me débarrasser de toi. Sans promesse. Juste un espoir que ce sera le cas.

La rapidité qui nous a fait jouer de la sorte m'étonne. Me laisse sur mes gardes. Je ne devrais pas prévoir de catastrophe, et pourtant je me tiens prête. Après tout, c'est bien de toi et moi dont il s'agit... Ce que nous sommes fous.

Tu ne sais même pas tout ce qui existe en moi. Pas encore, pas déjà. Les jours, les épisodes de Twin Peaks, les bouteilles de Gallo, les nuits, les sous-marins et la musique nous permettront d'en découvrir, des trucs. Des vérités, du passé, du pas-de-sagesse et des folies de jadis. Nous permettront d'en créer d'autres, de fabriquer de nouvelles histoires.

Je me laisse aller. Je ne m'en remets pas qu'à toi, ce serait trop imprudent. Mais sois là, encore longtemps.