samedi 29 août 2009

On en revient, vraiment. On en revient, des frayeurs, des déceptions, des coups de foudre, des humiliations, des jours gris, des modes, du cheveu dans sa soupe, de l'insecte dans sa salade, des fous rires, des bars, des vieux pervers, des malaises, de toi, de l'autre, de lui, du soleil, de la chaleur, de la pluie, du froid, de la vie, de la drogue, de vieillir, des devoirs, des jobs poches, des mauvais amis, des parents embarrassants, des bad hair days, des profs nuls, de l'amour, de l'acné, des heures trop longues, de la bêtise, de l'argent, des couples, des erreurs, de la jalousie, des disputes, des malentendus, des mots, des non-dits, des silences, des airs bourrus, des crises, des absences, de l'ennui, de la distance, des peurs d'enfants, des chiffres, des médicaments, des évaluations, des entrevues, des idoles, des rencontres, des rumeurs, du sexe, des ruptures, des tromperies, de la fidélité, des garçons, des formes, des différences, du temps, des larmes, des souvenirs, des endroits, du passé, des entorses, des coups de vent, des douleurs, du mouvement, des rejets, de l'isolement, de la solitude, de l'entourage, des choix, des méchants, de la bourgeoisie, des potins, des mélodies, des faux pas, des gâteries, des moments de gloire, des instants qui ne durent pas, des exploits, de la mort.
On en revient, de tout ça, vraiment. Avec le temps. Foutu temps.

mercredi 19 août 2009





Message à mon amie



Voici ce que j'aurais confié à son répondeur si son fiancé n'avait pas répondu pour me dire qu'elle n'y était pas :

«Salut, c'est Sylvianne. Alors voilà, je voulais juste provoquer une occasion d'entendre la grande nouvelle de ta voix. Parce que c'est ben beau l'apprendre par les autres, c'est pas vraiment la même affaire, hen. Donc c'est ça, j'attends que tu me le dises, maintenant. Oui je sais, les enfants moi ça me rend mal à l'aise et c'est pas dans mes plans, mais je te jure que je vais être contente pour toi. Je suis capable d'être heureuse pour toi. Appelle-moi.»





mardi 18 août 2009







J'ai envie de vivre l'orage. Pleinement l'orage. Je veux sentir l'humidité éclater une bonne fois pour toutes, sentir la chaleur presser ma peau, serrer mes os. Puis la pluie, partout. J'ai le goût de boire la nuit, de ne plus parler, d'étendre les bras, d'agiter mes doigts. Je pense à étirer mes jambes et à saisir l'éclair, le dernier. J'ai envie de montrer au tonnerre ce que ça devient ici-bas quand il crie et que la peur nous prend.







mercredi 12 août 2009






J'ai pris du soleil. Ai ressorti ma toile, dans l'espoir de terminer mon collage débuté l'automne dernier. Je me suis remise à marcher, marcher, et je réussis à ne pas trop ressasser les mêmes idées. Je vois des gens, m'entoure, je ris, je ne fais pas semblant. Je revois mes objectifs, redéfinis mes plans de vie: je veux être groupie, comme Kate Hudson dans Almost Famous. Voyager, accompagner en tournée un groupe uniquement composé d'hommes et idéalement coucher avec le plus beau d'entre eux. Je parviens à renouer avec la musique, je retrouve des goûts que j'avais mis de côté. Arcade Fire. Le lait au chocolat. C'est peut-être ce breuvage qui me manquait pour être heureuse.

Et Arcade Fire, voilà, leur chanson Neighborhood #1 (Tunnels), parce que ça dit tout:


And if the snow buries my,
my neighborhood.
And if my parents are crying
then I’ll dig a tunnel
from my window to yours,
yeah a tunnel from my window to yours.
You climb out the chimney
and meet me in the middle,
the middle of town.
And since there’s no one else around,
we let our hair grow long
and forget all we used to know,
then our skin gets thicker
from living out in the snow.

You change all the lead
sleepin’ in my head,
as the day grows dim
I hear you sing a golden hymn.

Then we tried to name our babies,
but we forgot all the names that,
the names we used to know.
But sometimes, we remember our bedrooms,
and our parent’s bedrooms,
and the bedrooms of our friends.
Then we think of our parents,
well what ever happened to them?!

You change all the lead
sleepin’ in my head to gold,
as the day grows dim,
I hear you sing a golden hymn,
the song I’ve been trying to say.

Purify the colors, purify my mind.
Purify the colors, purify my mind,
and spread the ashes of the colors
over this heart of mine!




mardi 4 août 2009





C'était hier. Je sortais de l'hôpital après m'être présentée pour ma prise de sang hebdomadaire. Je me dirigeais tranquillement vers le terminus Beauport et je souriais au soleil tout en me félicitant de ne pas m'être évanouie devant l'aiguille (ça m'arrivait, jadis). Je vis une petite dame d'environ cinquante ans marcher dans ma direction. Déjà, son allure m'a fait sourire: elle avait de grands verres fumés et portait un chapeau loufoque et un chandail zébré noir et vert déteint. De sa voix joviale, elle m'apostropha:

- Vous allez dîner?

Je me suis dit que nous devions sûrement avoir été de grandes amies dans une autre vie, alors je lui répondis sur le même ton:

- Non, je vais travailler!

- À quelle place vous travaillez?

En fin de compte, nous ne nous connaissions pas tant que ça dans cette autre vie...

- Dans une librairie.

La dame hocha la tête de façon exagérée.

- Aaaaahh... Vous êtes une grande écrivaine!

- ... On essaye!

Parce que tout le monde sait que les grands écrivains travaillent tous dans une librairie! N'empêche, elle était bien tombée, la p'tite dame. J'ai de ces aspirations dans'vie, moi...!






samedi 1 août 2009





Il arrive parfois, quand je rends visite à ma soeur, que je reste à coucher, même si chez elle - mon ancien chez moi - c'est tout de même près d'où se trouve mon espace actuel. Je passe alors la nuit dans mon ancienne chambre - notre ancienne chambre. Et ça me fait penser: je suis tellement loin de la fille que j'étais lorsque nous remontions, main dans la main, l'interminable 46e rue pour rejoindre cette pièce qui n'appartenait qu'à nous. Maintenant, cette chambre reçoit quiconque est de passage chez mon aînée. Nos parents. Notre frère et sa copine. Des amis. C'est bizarre, quand même. Des murs pour tout le monde. Avant je ne les partageais qu'avec toi. Si tu n'y étais pas, il y avait Gustave l'ours dandy pour te remplacer, Gustave que je prenais dans mes bras pour m'assoupir, Gustave que je plaçais sur mon ventre, son visage au creux de mon cou. Il a quitté la chambre en même temps que toi, n'y a jamais remis les pattes et désormais, Gustave se contente de me regarder dormir de son poste, sur mon bureau dans ma nouvelle chambre.

Quand j'y suis à nouveau, dans notre ancienne chambre, il m'arrive d'avoir une pensée pour toi. De me demander où t'es rendu, et de me dire que t'es peut-être plus près que je ne le crois. T'as sûrement encore un bon emploi, une copine aussi - tu n'es jamais resté seul bien longtemps pas vrai - une voiture peut-être? Et j'espère que tu n'as plus ces amis que je détestais tant, ceux qui t'avaient laissé à moitié mort un soir de beuverie intense, j'espère plutôt que t'en aies déniché des plus dignes de toi.

Aujourd'hui n'est pas un anniversaire. Je vais juste dormir chez elle ce soir. Et je sais que je penserai à nous, à qui j'étais quand j'étais la femme de ta vie - tu l'as dit trop souvent celle-là, tu dois t'en mordre les doigts, non? - et je pleurerai pour Gustave, qui a passé les mois suivant notre rupture dans la garde-robe de ma soeur, jusqu'à ce que je déménage. Je penserai à tout ça, peut-être. En souriant, me disant que ce n'est peut-être pas une si mauvaise chose que je ne sois plus cette fille. Mais je la garde pas loin, elle m'est précieuse, cette fille.