mercredi 31 mars 2010

Il y a du piano dans mes oreilles
C'est pas toi qui joues
C'est pas toujours toi qui joues
Dans ma tête

J'aurais des choses à te dire
Mair rien à t'avouer

Comme si des fois la vie me plaisait
Je m'engage à plus faire semblant
Je décore mon atmosphère et j'y crois
J'y crois

Je te connais pas
J'ai pas envie

Il existe plusieurs rumeurs qui coulent
Je les validerai pas
Je les laisserai pas me désorienter
Me cimenter

Ailleurs que chez moi
Pense pas

dimanche 28 mars 2010





Citons Régis Jauffret, pour le plaisir, et parce qu'il est grand, cet homme :



«- Charles, tu te souviens.

- Bien sûr, de quoi.

- Je ne sais pas, souvent je me souviens du passé.

- Moi, je me souviens de l'avenir. Pourtant, l'avenir c'est encore plus ennuyeux que le passé, et de surcroît on est obligé de le vivre à chaque fois qu'il se pointe.»



- Régis Jauffret, L'enfance est un rêve d'enfant, Folio, p. 193.







samedi 27 mars 2010





La politesse cache souvent une grande part d'hypocrisie, que je me dis. Et je me demande comment contrer ce fléau. Je n'ai pas la solution, je n'ai pas DE solution, et je n'en revendiquerai pas. Je n'ai pas la prétention de pouvoir sauver le monde ou qui que ce soit. C'est bien dommage, remarquez, je me cherchais justement un but à 2010. Eh oui, à la veille d'avril, je piétine encore avec mes objectifs. Bof. À passer au suivant, que je me dis.

Je crois qu'hier, c'était un anniversaire. Mais tellement, TELLEMENT, de chemin a été fait depuis. C'en est hallucinant. Surtout de compter la distance qui me sépare maintenant des gens avec qui je partage ce souvenir. Ça reste encore quelque chose que je ne saisis pas. Je pense que j'en suis désormais à construire autre chose, malgré les fils qui me retiennent à cette période-là, et aux autres aussi.

J'imagine que je devrais être plus reconnaissante. Je le suis tout de même un peu; je ne suis pas ingrate. Et me poser moins de questions. Peut-être qu'il s'en poserait moins, lui aussi. La vie, franchement, y'a rien d'évident là-dedans. Bof. Prochain problème. Parce qu'on en finirait pas, vraiment.




samedi 20 mars 2010






J'aime l'Amérique. J'aime l'Amérique, parfois. Je l'aime d'avoir eu la brillance de créer des chefs-d'oeuvre comme Six Feet Under, qui a ensuite inspiré Philippe Djian, qui lui m'a alors éblouie. D'avoir vu naître des gens comme John Irving ou Anne Hébert. D'entretenir le mythe hollywoodien. De pouvoir revendiquer une parcelle du talent d'Arcade Fire ou de Matthew Good. Je l'aime de me mener nulle part. Je l'aime d'avoir accueilli ma grand-mère. Je l'aime d'être si vaste. D'avoir connu ses décennies-choc. De m'avoir imposé ses grands noms. Je l'aime de m'avoir regardée grandir en se moquant, de m'avoir promis beaucoup trop. De m'avoir leurrée carrément. Eh oui, je l'aime quand même. Je l'aime pourtant.










lundi 15 mars 2010





Je ne me regarde plus. En longueur, je ne m'observe plus. Je boude le miroir qui me renverrait mon image de la tête aux pieds. Je ne m'en fais que pour mon visage et pour ma coiffure. J'oublie le restant de mon anatomie. Je ne semble plus me préoccuper de mon ventre, de mes jambes. Et pourtant. On dirait que les angoisses liées à ces parties de mon corps m'ont quittée, mais pourtant.

Je ne surveille plus ce que je mange. Je bouge moins. Je pourrais devenir un tas. Mais je ne vérifie plus chaque matin les résultats de mon code alimentaire (ou l'absence de) ou de ma série d'exercices (ou la disparition de). Je n'ai plus la force de faire tout ça. Et si je ne regarde pas, je me dis que je ne verrai pas, donc ça n'existe pas.

Et pourtant. Je me veux encore plus petite. C'est juste tassé, replié, dans un coin de mon cerveau. Alors je ne me regarde plus. Comme ça si je ne le suis pas assez, petite, je ne me ferai pas la guerre à cause de ça.

On appelle ça de la cécité volontaire, j'imagine.




mercredi 10 mars 2010

En ce 10 mars 2010, je crois :

  • que l'économie personnelle est la plus grande désillusion de mon existence actuelle;
  • à l'imminence de l'irréversibilité des changements climatiques;
  • au pouvoir de la jalousie;
  • aux vertus stabilisatrices du lithium;
  • en la fragilité des liens, surtout ceux qui se voulaient éphémères depuis le début;
  • aux effets dévastateurs de l'auto-jugement menant à un verdict de culpabilité;
  • en la fatalité qui m'amène à ne rencontrer que des hommes gays ou déjà pris (avec conjointe et deux enfants, le plus souvent);
  • aux bienfaits qu'ont les animaux sur ma personne;
  • à la personnalité cachée derrière chaque peluche;
  • au ridicule;
  • en la fiction, encore, toujours;
  • en l'hygiène corporelle et son lien direct avec la bonne humeur et le bon déroulement des interactions entre humains;
  • au manque de pitié du mal de tête qui saura me talonner toute la journée.

mardi 9 mars 2010




J'ai un plan. Ne reste plus qu'à le mettre en branle. Ou à ne pas le suivre du tout. Parce qu'un plan, des fois, ça ne laisse pas beaucoup de place à la spontanéité. Et qu'un plan, ça n'anticipe pas bien les imprévus. Je ne voudrais pas me fâcher à cause d'une chose pas prévue à laquelle je n'aurais pas été préparée. Et puis merde, ça n'amène que du stress, un plan. Parce qu'il faut le respecter à la lettre. Sinon, la déception s'ensuit. On est déçu de l'issue, déçu de soi-même... Et là on blâme le plan qui, au début, était sensé nous garantir l'objectif tant convoité. Et on se culpabilise d'avoir oublié de penser de foutre le plan au placard, parce qu'il était nul dans le fond, ce plan.

J'emmerde les plans.

Je n'ai pas de plan. Et si ça ne fonctionne pas, je blâmerai le mauvais timing. Il est rarement de mon bord, celui-là.




lundi 8 mars 2010




Cette année, le printemps s'installe quelques semaines plus tôt. Assez pour délier les langues, assez pour fournir un sujet de conversation à tous ces consommateurs qui ne supportent pas de partager des instants de silence avec le commis qui les sert. Je ne m'en plains pas. Je préfère entendre «Qu'il fait donc beau!» vingt fois par jour plutôt que du chialage sur l'hiver et la pluie.

Seulement, je crains pour la suite. Parce que je crois les dudes qui nous parlent des changements climatiques sur un ton alarmant. Il fait beau maintenant, mais est-ce que le ciel va nous chier des roches bientôt? Le printemps : fin février, début mars? Et l'été, ce sera quoi? Et dans cinq ans? La Terre tremble. Haïti, le Chili...

Moi je dis qu'on va tous exploser. Et ce sera tant mieux pour nous. Pourquoi on s'obstine, à la fin? Nous n'y serons plus. Et nos enfants non plus. Et l'idée des enfants de ces enfants, encore moins. Abdiquons. Il ne faudrait pas avoir peur d'une fin qui n'est, finalement, qu'une réalité, et non une tragédie.

Vous comprenez? Il n'y a pas de quoi pleurer.