jeudi 29 novembre 2018




Lisez ce texte de Véronique Grenier.  Lisez-le.


C'est fou, moi c'était en 2008, mais dans les mêmes dates. 10 ans, donc. Je n'avais pas essayé de me tuer, mais j'avais avoué à une médecin mes envies récurrentes de gober trop de pilules en même temps. Elle ne m'avait rien prescrit mais ne m'avait pas laissée partir et s'était assurée qu'un chauffeur de taxi m'amène à l'hôpital. Mon premier séjour dans une aile psychiatrique a été similaire sur bien des points à celui de Véronique Grenier. Dans mon cas, il y avait moins d'obligations et j'ai très rapidement eu droit à des sorties accompagnées vu que je ne présentais pas de très gros danger pour moi-même. Mais, oh, les gens mêlés. La file pour prendre nos médicaments. Le grillage dans les fenêtres. Le minuscule placard dans lequel j'ai appelé mes parents, ma soeur, mon amoureux et ma boss pour leur dire où j'étais. Les plats tièdes. L'aveu à un psychiatre devant ma mère que mes premières pensées suicidaires remontaient à mes 11 ou 12 ans. Les prises de sang à 5h du matin pour surveiller le taux de lithium, nouvel ajout à ma médication, dans mon système. Un mois beige en dedans. Une parenthèse froide dans ma vie, où j'ai été forcée de tout mettre sur pause pour aller bien. Ou aller mieux.
Je vais mieux. Ces temps-ci, je vais même bien.







vendredi 16 novembre 2018






«Il faut en prendre et en laisser».  On dit ça d'une personne, de ce qu'elle raconte, de ce qu'elle affirme.  On dit ça d'un documentaire, d'une biographie, d'un témoignage.  Mais quand, QUAND, peut-on se fier véritablement à quelque chose?  À quelqu'un?  Qu'est-ce qu'on prend, et qu'est-ce qu'on laisse?

Qui est fidèle à la réalité à 100%?  Qui ne colore pas, ne dénaturalise pas?  Quand sommes-nous francs?  Notre langage est-il adéquat?  Comment bien déterminer ce qui est essentiel de ce qui est de trop?  Le nécessaire du superflu?

Les langues amènent de la saveur aux discussions.  Aux films, aux livres.  Elles peuvent embellir ou enlaidir les discours.  Rendre une histoire plus drôle, ou plus triste. 

Un récit peut être interprété de multiples façons.  Il est impressionnant de constater le nombre de compréhensions différentes que peuvent occasionner un seul et même enchaînement de mots.  Si chacun voit ce qu'il veut bien en regardant à travers la même fenêtre, comment peut-on faire pour se comprendre?

Pourquoi nous ment-on?  Qu'est-ce qui motive le mensonge?  Quelle est l'intention derrière tout ça?  Est-ce que ça a à voir avec la capacité de l'autre à recevoir la vérité?  Est-elle si dure à digérer, à supporter?  Parfois, on peut vouloir cacher.  Parce qu'on s'inquiète pour la personne, on souhaite l'épargner, la protéger.  Mais est-ce vraiment la bonne chose à faire?  D'autres fois, c'est peut-être parce qu'on ne la considère pas comme il se doit.  Mentir à quelqu'un, n'est-ce pas le diminuer?  Lui manquer de respect?

Il peut nous arriver de sous-estimer la gravité de ce que l'on doit révéler ou, au contraire, en surestimer la teneur.  Peut-on vraiment bien déterminer l'importance de certains propos pour un autre individu?  Est-ce que l'on devrait se réserver ce droit de juger de la valeur d'une confession?  Ce qui est lourd pour quelqu'un peut s'avérer léger pour un autre.

Rapporter des paroles d'autrui semble enlever de l'authenticité, mais peut aussi ajouter de nouvelles couches.  Ce qui enrobe peut alors prendre de l'importance, alors que ça ne devrait peut-être pas.  Le rapporteur peut choisir de mettre de côté certains détails, de délaisser un pan, de focuser sur un autre, le mettre en évidence, en premier plan.  L'interlocuteur peut aussi faire ça à l'écoute.  Que se passe-t-il alors?  La communication est-elle réellement fiable?  Tout est transformé!

Quelqu'un m'a dit que ça viendrait.  C'était sans doute pour me calmer.  Ah, ces choses que l'on dit pour rassurer, ou même pour faire taire l'autre.  Qu'est-ce qu'on cherche à faire croire ici?  C'était pour me leurrer.  Ou pour se leurrer lui-même.  Quelqu'un peut nous dire uniquement ce que l'on veut entendre, mais on peut aussi entendre seulement ce que l'on veut entendre.  On peut être fermé à ce point.

Qu'en est-il du silence?  Que signifie-t-il?  Ma grand-mère maternelle avançait que si on n'avait rien de bon à dire, qu'il était préférable de se taire.  Alors, qu'est-ce qu'on doit retenir, garder pour soi?  Les insultes?  La vérité?  Le mensonge?

Je ne sais pas doser.  Je ne sais pas comment départager le vrai du faux.  Je ne sais pas parler mieux que qui que ce soit.  Je me dis qu'il ne faut pas toujours tout prendre au pied de la lettre.  Ni au pied du mot.  Et que l'on doit tâcher de suivre le conseil le plus vague qui soit, et «en prendre et en laisser».








jeudi 15 novembre 2018






Pour se sentir à la fois vieille et jeune, il suffit de se rendre à la Pyramide à Sainte-Foy, où circulent et chillent un grand nombre d'étudiants de l'université et des cégeps environnants, puis de descendre au sous-sol et se payer un bon film au Cinéma Le Clap, dont la clientèle est en majorité troisième-âgée, du moins en après-midi sur semaine.

Vu : Beautiful Boy (2018), réalisé par Felix van Groeningen, écrit par celui-ci et Luke Davies d'après le livre du même titre de David Sheff et le livre Tweak de Nic Sheff.  Avec Steve Carell et Timothée Chalamet.  De très bonnes performances, les détresses sont plus que palpables - autant celle du fils, qui ne se sent plus la force de combattre ses dépendances, que celle du père, qui ne sait plus quoi faire pour aider son garçon.


*****


Pour se sentir à la fois reposée et à cran, il suffit de dormir trop et de faire d'épouvantables rêves, comme par exemple se retrouver dans une version accélérée et hardcore d'Occupation Double ou d'un de ses semblables, ou bien devoir construire une maison en carton à 4 qui devra devenir fonctionnelle par la suite (points bonis si le système de réfrigération permet de garder du petit moût de pomme à une température idéale).

Notes : Se réveiller en panique et en sueurs risque d'annuler l'effet de repos.  Voir à répétition dans ses songes un être cher qu'on a perdu peut provoquer des larmes.













vendredi 9 novembre 2018





So it's gone wrong somehow, somehow

I tried to tell you
I tried to fix you
I tried to be you

Taking everything I can, everything everything

I will eventually
Eventually I'll be
I eventually will
Be, just be
I'll be and be