mardi 31 mars 2020





Comme plusieurs, j'ai la certitude que plus rien ne sera pareil après cette crise pandémique.  Je sens que nous allons constamment nous référer à cette période de nos vies où nous ne sortions plus, ne nous voyions plus, ne travaillions plus, ne voyagions plus.  Pensez à quand nous nous reverrons pour la première fois.  Quand nous nous frôlerons pour la première fois.  Il y aura pléthore de blagues sanitaires pour les décennies à venir.  Pour ma part, j'anticipe sursauts de frayeur et sensations s'apparentant à l'agoraphobie lorsque j'affronterai à nouveau une foule (ou disons plus de cinq personnes dans une même pièce).

Complete fail de ma part : ne pas me toucher le visage.  C’est parce que je suis toujours en train de me frotter le nez, les yeux, ou me poker le menton.  Ça ne se perd pas comme ça, ces tics-là.

J'ai regardé Fourchette, websérie écrite par Sarah-Maude Beauchesne, qui est une de mes nouvelles idoles.  Wow wow wow wow WOW!  Comme son personnage de Sarah/Fourchette (très inspiré d'elle-même), j'ai idéalisé (plus d'une fois) un amour splendide, mais déchu et imparfait.  J'ai aussi été une deuxième pour quelqu'un (et même troisième, et même quatrième, et même...).
«J'suis une p’tite deuxième, une moitié d'amour, une médaillée d'argent à la course à la grande passion. J'ai perdu toute la longueur, la grandeur que j'avais. J’suis devenue minuscule pour fitter dans un coeur déjà pris.» - Fourchette 2, épisode 8
Je crois que les textes de Beauchesne peuvent résonner même si on n'a pas vécu de trucs semblables.  On retrouve de tout dans ses histoires.  L'amitié entre Sarah et Juliette, son éditrice, est belle et nous fait envie.  En plus, ce sont de courts épisodes tout minus, tout mignons.  J'aime ça, les oeuvres courtes.  Spécialement quand elles ont la puissance de demeurer longtemps en moi.

Parlant d'oeuvres courtes, j'ai lu il y a quelques semaines Synapses de Simon Brousseau (Le Cheval d'août éditeur), ancien comparse universitaire.  Un paquet de paragraphes s'adressant à un tu différent à chaque fois, à la réalité unique et parfois bien banale.  L'ensemble m'a charmée.  Il n'y a pas de superflu et, bien qu'on pourrait avoir le goût d'en savoir plus, on n'a pas l'impression qu'il manque quoi que ce soit.  Et dans le pas-très-long, je lis présentement Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde, de Robert Louis Stevenson.  Je ne suis pas déçue!

Partage culinaire : je me suis fait un grilled cheese du tonnerre composé de fromage gouda, d’un mélange triple cheddar et de champignons.  Menoum menoum miam!  Bon, ok, je m'en suis fait trois dans les quatre derniers jours.  C'est si bon!

Je me suis lancée dans quelques petits projets créatifs : j'apprends tranquillement à coudre un bouton et autres babioles, je donne un petit boost de fraîcheur à certains articles, comme des bijoux et mon porte-clés, en les peignant, et j'ai transformé un support à petites chandelles, qu'on m'avait donné chez Yves Rocher il y a de cela jadis, en support à clés.  J'ai repeint ledit rack, découpé une paire de bottes scrap afin de récupérer le motif que j'aimais bien pour en faire des pastilles là où siégeaient les chandelles, question de pimper le tout un brin, vissé des crochets puis fixé ça au mur.  J'en suis bien fière.  J'ai mentionné ma création à tous ceux à qui j'ai parlé depuis dimanche.  Watch out, ce blog deviendra sous peu un repaire DIY, tendance et actuel (not)!

Non, je n'ai pas de photo avant ni pendant.






mardi 24 mars 2020





Alors voilà, je suis confite moi aussi.  La librairie et les distributeurs de livres étant fermés en raison de cette pandémie que nous vivons tous de façon directe ou indirecte (moi je la subis très indirectement, je ne suis pas malade), je reste chez moi jusqu'au 13 avril (si pas plus tard).  J'avais pensé peut-être documenter ce confinement, prendre des photos de mes chats à toutes les demi-heures, me faire un horaire, partager tout ça ici, puis j'en suis venue à l'évidence : mon isolement est et restera d'aucun, mais vraiment D'AUCUN intérêt.  Plusieurs réussissent à me divertir avec leur quarantaine, chapeau à vous!  Je vais bien sûr photographier mes chats à outrance et essayer de me tenir occupée en écrivant, en lisant et en regardant des séries et films, mais je ne tiendrai pas de journal.

Par contre, je me suis dit que je pourrais une fois de temps en temps vous refiler mes sources de divertissement.  Et que vous pourriez me dire les vôtres.  

Go!



Séries du moment : Brooklyn Nine-Nine, suggérée il y a plusieurs mois par Hugues, qui a presque toujours des bons goûts.  Et avec celle-ci il ne s'est pas trompé!
Je continue aussi de regarder District 31, parce que bah, je veux quand même savoir ce qui va se passer.
Bien que je l'aie terminée avant mon arrêt de travail obligé, je prends la peine de mentionner la prodigieuse série C'est comme ça que je t'aime.  REGARDEZ-LA!

Musiques du moment : Je me tape la discographie de Liz Phair (son livre Horror Stories m'a beaucoup plu, soit dit en passant).
J'ai écouté les deux plus récents albums de The Black Keys (pas trippé sur 'Let's Rock', qui ne rocke pas tant à mon avis, mais Turn Blue j'ai aimé), à défaut d'aller les voir tel que prévu au Centre Vidéotron en mai prochain.
En marchant ces derniers jours, je me suis tournée vers l'album Strangers to Ourselves de Modest Mouse.










samedi 21 mars 2020





Mucho fluff.


Hier matin, j'ai partagé cette photo de mon bel Ignacio sur Facebook.  Un de mes anciens amoureux l'a likée.  Ça m'a fait sourire et me rappeler qu'ils s'aimaient bien, ces deux-là.  Il y a de cela jadis, fin 2012-début 2013, j'avais écrit un texte les concernant mais ne l'avais pas publié.  Je me suis dit que c'était peut-être un bon timing pour le faire.  Le voici, quelque peu remanié :


Je me sens comme une jeune divorcée quand tu viens les voir. Comme celle qui «permettrait» à son ex de les voir quelques minutes de temps en temps, mais qui ne les laisserait pas seul avec eux, à moins de devoir les faire garder. Et pourtant, ce ne sont que des chats. Mais pourtant, justement. 
Tu étais là dès le tout début, avec lui. Tu es venu le choisir avec moi, sur l'Île, même si tu lui préférais le tigré. Un mois plus tard, tu m'as accompagnée lorsque je suis allée le chercher. Ça n'a pas été long avant que tu admettes que j'avais fait le bon choix. Toi aussi, tu as reçu une moustiquaire en pleine tronche alors que mônsieur revenait tout trempé d'une balade improvisée à 4h du matin en plein orage. Tu as souvent offert de l'«exorciser», mais je n'ai pas voulu. Il n'y a qu'à toi qu'il donne des baisers sur demande. Et même des frenchs (beurk)... C'est toi qui lui as tenu compagnie quand j'ai passé un mois à l'hôpital, toi qui l'as tenu pendant que moi je brossais son incroyable fourrure. Tu as été témoin de sa première expérience avec de l'herbe à chats, lui as donné plusieurs fois des minouches et versé des petits bols de yogourt nature, qu'il adore. 
Et elle. Même si nous n'étions plus ensemble, tu étais chez moi quand mon oncle et ma tante sont venus me la porter. Tu lui as donné le surnom de «Précieuse». Tu t'es inquiété de son caractère plus indépendant et moins facile à apprivoiser.  La vérité c'est que toi elle t'aimait bien.  Tu as été un des rares élus.  Si tu l'avais vue se fâcher contre ma dernière fréquentation... 
C'est toi qui les as nourris et torchés durant les deux mois où j'étais en béquilles (sans compter que tu as pris soin de moi). Toi qui m'appelais «Maîtresse» devant eux. Tu les as grondés pour leurs mauvais coups, les as séparés lorsqu'ils se chamaillaient. Tu les as flattés dans le sens du poil, es devenu complètement gaga devant eux.  
Je me demande parfois s'ils se souviennent de toi ou s'ils se sont ennuyés quand tu as fini par quitter la ville. Je crois que oui. Ça m'a fait de la peine pour eux, qui n'avaient rien à voir dans nos chicanes. Pendant des années je n'ai pas voulu te revoir, mais maintenant je serais curieuse de voir leur réaction si tu te pointais chez moi. Peut-être serais-tu assez chanceux pour croiser ma p'tite troisième?








jeudi 12 mars 2020





L'ami Dimitri m'a fait écouter ce morceau de Freedom Fry.  Plutôt bon.  En écoutant les paroles, j'ai  réfléchi et constaté des trucs.




Je n'ai plus la prétention de vouloir ou de pouvoir tout faire par amour.  La volonté d'être tout ce dont l'autre a besoin ou d'être tout ce qu'il désire.  Je n'ai plus le don de soi aveugle, la patience infinie ni le dévouement extrême. 

J'ignore si le fait d'avoir trop donné aux mauvaises personnes m'a rendue plus mature ou juste bien blasée. 

Et je ne sais pas si ça peut revenir, ces tendances à tout miser sur quelqu'un. 

Donc je médite des affaires mais elles ne s'appliqueront peut-être pas. 

Je pense ça, je pense rien.








dimanche 8 mars 2020






En cette Journée internationale des droits de la femme, je dois dire que je me sens privilégiée de n'avoir jamais vraiment souffert d'être née fille.  Je suis une des rares.  L'injustice, le mépris, la violence et quoi d'autre encore sont à ce point le quotidien de trop de femmes que je me sens choyée de ne pas avoir à me battre parce que je suis de sexe féminin.  Oui, certains hommes se sont sentis supérieurs à moi et me l'ont fait comprendre.  On m'a parfois manqué de respect ou dévalorisée à cause de ma «condition».  Mais ce que j'ai subi n'est rien à comparer à ce que d'autres femmes ont enduré ou endurent encore.  Je n'ai pas été abusée, ni agressée, ni battue, ni lynchée, ni torturée pour une faute qui n'en est pas une et qui n'est pas de mon ressort.  Je n'ai pas choisi d'être une femme mais je suis bien heureuse d'avoir le luxe de pouvoir le vivre librement.  L'existence de personne ne devrait être lourde, encore moins juste parce qu'on a un vagin.

Je pense à ça et je me trouve aussi chanceuse parce que honnêtement, à voir toutes les petites et grandes horreurs faites aux dames, je ne crois pas que j'aurais ce qu'il faut pour me défendre.  Pour rester debout.  Je me connais, je laisserais probablement tomber.  Maintenant que c'est dit, je dois me rappeler que rien n'est acquis et que j'aurai peut-être un jour à affronter l'une ou l'autre des conséquences de la misogynie.  Vais-je être de taille devant l'épreuve?

Merci aux fortes de l'être pour elles-mêmes et pour les autres aussi.  Merci aux fortes qui ne croient pas l'être mais qui font tout de même leur part.  Merci aux fortes qui doutent de leur impact mais qui font toute une différence.  Merci aux femmes d'être là, merci aux femmes d'être.