La libération se fait douce. Je ne m'emporte pas, je ne crie pas «Victoire!», parce que je n'ai rien gagné. Et atteint si peu. C'est fou ce que le chemin est long, parfois. Alors que tout ce qu'on veut, c'est se glisser sous sa peau et s'y sentir bien. Au chaud.
Noël me fait peur. Je n'ai pas envie de ce temps de l'année. Je ne veux pas raconter aux oncles et aux tantes que je vais bien et que tout est réglé maintenant. L'hypocrisie m'étouffe un peu, et je ne souhaite pas me diluer derrière la mienne. Je vais donc raconter la vérité: «Être là-bas, ça faisait chier. C'était long et vraiment plate. J'ai lu, j'ai lu beaucoup. On m'a prescrit un nouveau médicament, le lithium, oui oui. Et là, je suis de retour chez moi, et ça m'arrive de me demander où vont aller tous ces efforts, si je vais vivre plus vieille que 32 ans et si je vais aimer ça.» La description des réactions est à venir.
Mais je me connais, je serai peut-être polie. J'aurai cette excuse-là pour essuyer mes mensonges. Remarquez, je suis sincère lorsque je souhaite de Joyeuses Fêtes ou un joyeux Noël à quelqu'un. Cette personne-là y prend sûrement plaisir, et ce n'est pas parce que je ne suis pas toujours capable d'en avoir que je dois le lui gâcher.
Mais bon. Vivre l'instant présent. Et pour le moment, je vais aller m'étendre sur mon divan. Laisser Ignacio venir s'installer sur mon ventre. Puis je vais tenter de finir le livre que je lis en ce moment. L'intrigue n'aboutit pas. Comme quoi ce ne sont pas tous les Suédois qui puissent m'impressionner.
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