Je dois avouer que, pour une fille qui a des penchants suicidaires, je lis ces temps-ci des trucs qui n'ont vraiment pas grand chose de gai à m'apporter. Le ciel de Bay City (chez Héliotrope), par exemple, que j'ai dû mettre de côté quelques jours avant d'effectuer un deuxième séjour en hôpital psychiatrique. Plus récemment, j'ai terminé la lecture de Dédé de Raymond Paquin. Malgré des passages marquants et des «tiens, je me reconnais, là», j'ai adoré. Je dis malgré, parce que ça aurait pu me mettre encore plus down. Ça m'a surtout donné le goût d'en apprendre plus sur cet André Fortin des Colocs, et sur la musique de ce groupe (à l'époque, dans leur grosse époque là, j'étais au secondaire et on faisait passer beaucoup trop souvent Julie et La rue principale à la radio à l'heure du dîner pour remplir le quota de chansons françaises, alors la saturation m'empêchait d'être ouverte au restant de leur oeuvre). J'ignore si j'ai cogné aux bonnes portes, mais j'en prends et j'en laisse. Ce qui m'a le plus rejointe, c'est une confidence de Dédé laissée à Laurent Saulnier en octobre 1998 et qui a été retranscrite le 12 mars 2009 dans un article du Voir de Montréal:
«Je vais te donner un conseil: quand tu vas chez le médecin et que tu es vraiment déprimé, lorsqu'il te demande si tu as encore le goût de vivre, réponds oui. Sans hésiter. Parce que si tu dis non, tu ne sortiras pas de l'hôpital. Ils vont te garder une dizaine de jours. Sous observation, qu'ils disent. Ils vont te mettre dans une aile avec des gens qui ne sont pas complètement là.»Voilà, c'est exactement ça. Cet homme disparu a très bien su résumer ma pensée, environ dix ans avant que moi je me «fasse faire le coup». Après deux fois, je sais que c'est à des centres de crises et/ou à des gens qui sont proches de moi, qui me connaissent et m'aiment, que je dois faire appel. Peut-être qu'il y en a pour qui ça fonctionne, cette formule d'hospitalisation. Ce n'est pas mon cas.
Mais bon, maintenant je suis de retour chez moi. J'ai pu reprendre Le ciel de Bay City. J'irai bientôt voir le film Dédé, à travers les brumes. J'écoute Karkwa beaucoup. Je n'ai pas envie de me lever, ni même de me laver, des fois. Je lave mes amis en peluche, au lieu. Je suis une enfant qui en veut mille, de ces poilus. Aujourd'hui, mes parents m'ont aidée à faire une épicerie «qui a de l'allure». Peut-être que j'aurai envie de manger. De cuisiner. Il ne me reste que 22 pages à lire dans le Document Bleu. Et beaucoup à écrire pour mon propre document.
Je suis une catastrophe qui n'a pas envie de sécher.
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