samedi 1 août 2009





Il arrive parfois, quand je rends visite à ma soeur, que je reste à coucher, même si chez elle - mon ancien chez moi - c'est tout de même près d'où se trouve mon espace actuel. Je passe alors la nuit dans mon ancienne chambre - notre ancienne chambre. Et ça me fait penser: je suis tellement loin de la fille que j'étais lorsque nous remontions, main dans la main, l'interminable 46e rue pour rejoindre cette pièce qui n'appartenait qu'à nous. Maintenant, cette chambre reçoit quiconque est de passage chez mon aînée. Nos parents. Notre frère et sa copine. Des amis. C'est bizarre, quand même. Des murs pour tout le monde. Avant je ne les partageais qu'avec toi. Si tu n'y étais pas, il y avait Gustave l'ours dandy pour te remplacer, Gustave que je prenais dans mes bras pour m'assoupir, Gustave que je plaçais sur mon ventre, son visage au creux de mon cou. Il a quitté la chambre en même temps que toi, n'y a jamais remis les pattes et désormais, Gustave se contente de me regarder dormir de son poste, sur mon bureau dans ma nouvelle chambre.

Quand j'y suis à nouveau, dans notre ancienne chambre, il m'arrive d'avoir une pensée pour toi. De me demander où t'es rendu, et de me dire que t'es peut-être plus près que je ne le crois. T'as sûrement encore un bon emploi, une copine aussi - tu n'es jamais resté seul bien longtemps pas vrai - une voiture peut-être? Et j'espère que tu n'as plus ces amis que je détestais tant, ceux qui t'avaient laissé à moitié mort un soir de beuverie intense, j'espère plutôt que t'en aies déniché des plus dignes de toi.

Aujourd'hui n'est pas un anniversaire. Je vais juste dormir chez elle ce soir. Et je sais que je penserai à nous, à qui j'étais quand j'étais la femme de ta vie - tu l'as dit trop souvent celle-là, tu dois t'en mordre les doigts, non? - et je pleurerai pour Gustave, qui a passé les mois suivant notre rupture dans la garde-robe de ma soeur, jusqu'à ce que je déménage. Je penserai à tout ça, peut-être. En souriant, me disant que ce n'est peut-être pas une si mauvaise chose que je ne sois plus cette fille. Mais je la garde pas loin, elle m'est précieuse, cette fille.








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