L'homme se berce, se penche, dépose sa cigarette sur le bord du cendrier posé sur la table à côté de la chaise. Il cesse de se bercer, se tourne vers la femme et lui demande, d'un seul élan :
- L'avez-vous surprise, la peine que nous sommes devenus?
La dame, qui ne se berce pas, est assise dans le grand fauteuil à l'autre bout de la pièce. Mais c'est une petite pièce, alors elle n'est pas bien loin. Elle fixe le téléviseur, puis le regarde, lui.
- Elle était où tout ce temps-là, cette question?
- Dans ma tête. J'arrivais pas à la composer.
L'homme se réinstalle et se remet à se bercer. Il soupire, ferme les yeux.
- Mais vous l'avez vue venir, n'est-ce pas? Vous nous avez laissés devenir lamentables?
Il ouvre les paupières à temps pour la voir rouler des yeux. Il soupire à nouveau. Il pose ses mains l'une contre l'autre et sent à quel point elles sont froides, tout d'un coup. Il reprit :
- Ça me tue.
Elle se penche vers lui, agacée, et bat l'air de sa main droite.
- Marcel, tu mourras à la fin, quand tout sera fini.
- C'est vous qui me faites mourir, madame, parce que tout me creuse vers vous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire