Mes vacances sont terminées et je suis triste. Je sais que ce n'est pas la seule
raison. Il y en a d'autres, il y en a toujours d'autres. Je rentre au boulot demain. Les dernières journées,
je n'ai pas pleinement profité de mon temps libre comme j'aurais dû le faire. Vendredi a été catastrophique. A failli ruiner samedi.
J'ai jeté des
choses. Reporté des tâches. Il faisait beau, mais j'étais incapable d'aller dehors. Il faisait soleil, mais je ne suis pas allée dehors. J'ai eu mal à la
tête. J'ai pleuré.
D'habitude je réutilise les choses. Je leur donne une nouvelle utilité. Là je ne l'ai pas fait, ça n'a pas fonctionné. Ça m'a frustrée.
J'aurais dû aller à l'extérieur. Savoir que je devrais y aller, que ça me ferait sans doute du bien, mais ne pas pouvoir me botter le cul et sortir, c'est enrageant. Je me suis traitée de lâche et de paresseuse et d'idiote et de conne.
J'aurais pu appeler quelqu'un ou écrire à un.e ami.e pour proposer une activité. J'en avais envie mais pas. J'ai souvent envie de quelque chose mais pas en même temps. J'ai pleuré. J'ai appelé ma mère, j'ai pleuré plus fort. J'ai eu encore plus mal à la tête.
Il existe des outils, des moyens, des solutions, des pistes, des trucs pour contrer les mauvais jours, se distraire de l'anxiété, mieux traverser des moments dépressifs, tasser des pensées toxiques. Le problème, c'est qu'en plein dedans, on se retrouve souvent trop coincé et incapable de les mettre en pratique.
En pleine crise, je suis désemparée. Paralysée.
Ne me dites pas d'aller jouer au ping pong pour me changer les idées, j'ai les deux poignets cassés. Oui, je pourrais tenter l'exercice en prenant mes pieds au lieu de mes mains, mais ce serait FUCKING DIFFICILE. Je finirais peut-être par rire et avoir the time of my life, ça se tranformerait peut-être en anecdote cocasse, mais là là, c'est impossible pour moi. Trop forçant. Trop demandant.
Et deux jours après cet épisode, en repensant à combien c'était lourd et désagréable et long de ne rien faire, je me dirai que j'aurais donc dû essayer de jouer au ping pong avec mes pieds. Que ça aurait été bon pour moi.
Mais tout de suite après avoir pensé ça, je me rappellerai mon immobilité, ma douleur, ma gorge nouée, mes pleurs, et je saurai pourquoi je n'ai rien tenté. J'aurais bien voulu jouer, mais avec mes mains COMME TOUT LE MONDE CÂLISSE.
Pourquoi ça m'est si souvent trop exigeant? De juste vivre. De juste exister. De juste jouer.
C'est supposé être le fun, jouer.
«Je veux vite et rien.»
- Frédéric Dumont, Chambre minimum, Les Herbes rouges, p. 99
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire