J'aurais pu me lever et hurler. Prendre mon verre et le lancer contre un des douze miroirs de la grande salle. Me rouler en boule, fondre dans le tapis orné de cercles optiques.
J'aurais pu.
Et on m'aurait dévisagée, on aurait essayé de me calmer. Parce que les gens qui crient leur vie qui fout le camp dérangent. Perturbent. Et il faut les faire taire, ces gens-là, les convaincre que tout ira bien.
Mais comment aurais-je fait pour leur faire comprendre qu'il y a des idées qui s'immiscent dans la tête, se percutent contre toute barrière déjà érigée et noient les acquis d'une cervelle autrefois saine? Ou l'a-t-elle déjà été? Comment leur cracher aux yeux l'emportement, puis le vide qui suit? Je les aurais tous insultés, si j'avais surpris ne serait-ce qu'une once de mépris dans leur regard. Et je les aurais emmerdés, ceux avec leur pitié.
Je me serais mise à taper aux tables. À scander ton nom, à courir, à tenter de fuir. Quelqu'un m'aurait peut-être prise dans leurs bras. Pour m'aider, ou seulement prétendre. On m'aurait ensuite entraînée à l'extérieur et tout, dans la salle, aurait repris comme avant. Comme avant mon fusible éclaté. Mon plomb sauté.
Prenez l'expression que vous voulez.
J'aurais juste freaké.
Comme toi, je veux hurler. Je ne me souviens plus comment.
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