lundi 15 mars 2010





Je ne me regarde plus. En longueur, je ne m'observe plus. Je boude le miroir qui me renverrait mon image de la tête aux pieds. Je ne m'en fais que pour mon visage et pour ma coiffure. J'oublie le restant de mon anatomie. Je ne semble plus me préoccuper de mon ventre, de mes jambes. Et pourtant. On dirait que les angoisses liées à ces parties de mon corps m'ont quittée, mais pourtant.

Je ne surveille plus ce que je mange. Je bouge moins. Je pourrais devenir un tas. Mais je ne vérifie plus chaque matin les résultats de mon code alimentaire (ou l'absence de) ou de ma série d'exercices (ou la disparition de). Je n'ai plus la force de faire tout ça. Et si je ne regarde pas, je me dis que je ne verrai pas, donc ça n'existe pas.

Et pourtant. Je me veux encore plus petite. C'est juste tassé, replié, dans un coin de mon cerveau. Alors je ne me regarde plus. Comme ça si je ne le suis pas assez, petite, je ne me ferai pas la guerre à cause de ça.

On appelle ça de la cécité volontaire, j'imagine.




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