Un homme, une femme. Ils s'aiment. Lui veut des enfants, elle préfère s'en passer. C'est un exemple de «désirs parallèles» (en fait, je viens de trouver cette appellation aujourd'hui, en jasant avec MHV). Mais il y en a un tas d'autres : la femme veut une union libre, l'homme refuse. Une autre ne peut vivre sans sa mère habitant au-dessus d'elle, bien collée dans son plafond, alors que son conjoint n'endure pas belle-maman. Elle veut se marier, lui pas. La femme ne veut plus continuer, mais l'homme ne veut pas se séparer. Et après la rupture, elle veut garder le contact, lui couper les ponts. C'est toujours comme ça, et pas seulement au sein d'un couple : nos désirs font obstacle à ceux de l'autre. Ils ne se rejoignent pas. Ne se rejoindront jamais. Ils cheminent sur des voies parallèles.
Revenons à l'exemple des enfants. Comment faire un compromis? Il est impossible d'avoir des enfants à moitié! Alors, qui gagne? Lequel doit piler sur son rêve? Qui va passer pour l'égoïste? On en fait, ou non? Quel désir sera satisfait? Et pourquoi? Et puis on ne peut pas «compenser» ce genre de choix, du genre accorder à celui qui a cédé une de ses envies propres. Parce qu'une envie n'en équivaut pas une autre. On ne peut pas «troquer» la progéniture contre la ville de nos rêves, disons. Il me semble qu'aucune solution n'est juste. Les deux ne peuvent être heureux à même dose. Comment fait-on pour entretenir une relation?
Il arrive parfois que l'on croit, à tort, que nos envies ne peuvent nuire à l'autre personne, ou lui être néfastes. Et pourtant... Souvent sans en être conscient, on écrase celui en face de soi à force de ne répondre qu'à ses désirs. Existe-il une façon d'apprendre à devenir plus réceptif à autrui? Mais même en étant ouvert, je persiste à dire que le conflit de valeurs reste inévitable. Ça se retrouve dans tout : le couple, la famille, les religions, la politique, l'éducation... Peut-être que le concept de société relève de l'utopie. Ça expliquerait bien des choses. Peut-être qu'on est fait pour vivre chacun pour soi. Et que la proximité des autres nous a tous leurrés, nous a fait croire que l'on devait s'occuper des uns les autres. À partir de cette constatation-là, on a été foutu, on ne pouvait plus revenir en arrière.
Depuis ce temps-là, on marche main dans la main, chacun vers son point, en parallèle. Sans se rejoindre, jamais. Presque. Ou si peu.
J'ai vraiment très apprécié ce billet. C'est très éclairé comme observation. Je crois que c'est un outil de base pour la compréhension de bien des relations humaines.
RépondreSupprimerMerci :)
Merci à toi pour ce commentaire!
RépondreSupprimer:)