«Je ne suis pas sûr de ce que pense vraiment Janina, ni à propos de Rilke, ni à propos de sa relation avec moi. Cette incertitude, loin de m'embarrasser, comble mon goût de l'inachevé. Il faudrait laisser la vie ouverte au lieu de la claquer au nez des gens. Tout devrait rester possible, au moins en théorie, quand, la plupart du temps, tout est joué très vite. On sait qui l'on est, où l'on en est, avec qui on peut ou non partager des sentiments, des idées, et lesquels. Mais moi qui ne connais pas plus Janina au fond qu'elle ne me connaît, ou plutôt qui en ai une sorte d'intuition sentimentale, je ne cherche pas à en savoir plus sur elle ni à lui en donner à savoir plus sur moi. Il y a entre nous quelque chose comme une incertitude recherchée. Ce goût de l'approximatif va à l'encontre de toute psychologie rationnelle. Je ne vois pas grand monde excité par la perspective d'une relation aussi mal définie : on préfère encore un bon malentendu. Pourtant, si tout est joué d'avance, que reste-t-il à inventer?»- Georges Picard, L'hurluberlu ou la philosophie sur un toit, José Corti, p. 43-44
dimanche 14 octobre 2012
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