mercredi 18 mai 2016



Il y a un an aujourd'hui, ma grand-mère maternelle nous a quittés.  Je pense beaucoup à elle.  Tous les membres de notre famille pensent à elle.  J'ai envie de partager avec vous le texte écrit par mon oncle Anthony et moi et lu lors de ses funérailles par mon oncle Alain, ma tante Catherine, mon cousin François et moi-même.



Hommage à Olive Katryn Gagnon (née Young), 1922-2015


Nous sommes réunis pour rendre hommage à Katryn, notre mère, votre Granny et l’épouse de feu notre père, Maurice, qu’elle a suivi, laissant derrière elle l’Angleterre de 1946, un pays dévasté et en reconstruction.
Ses souvenirs, pour le peu qu’il lui en restait, et son histoire jusqu’en 1945 la chagrinait et parfois la tourmentait quand nous cherchions à savoir. En effet, l’impact d’une bombe lui fit perdre la mémoire.

À la fin de l’adolescence, cette orpheline de père et de mère fut happée par la guerre.  À 18 ans, un âge d’insouciance et de plaisirs pour une jeune femme, elle joignit l’armée pour participer à l’effort de guerre. Elle connut bien des atrocités, notamment avec les bombes qui tombaient régulièrement  dans les endroits où elle vécut, Brighton en particulier. Elle se rappellera toutefois de son prétendant australien, mais surtout chérira la rencontre de son Maurice ainsi que la décision de venir s’établir avec lui au Canada.

Maman, notre Granny bien aimée, nous laisse bien des leçons. Elle fut un exemple de courage et de résilience. Elle a tout laissé derrière elle, affronté les incertitudes de la vie, les multiples déménagements et les épreuves qui accompagnent la maternité, particulièrement avec l’éloignement, l’isolement ainsi que les absences d’un époux souvent parti pour des raisons professionnelles. Il faut se replacer à Seneterre par exemple dans les années 50. Pas de téléphone cellulaire ou d’Internet pour garder le contact avec un mari parti résoudre un déraillement sur la voie ferrée. Elle a surmonté ces défis dans un milieu où elle ne maîtrisait pas la langue. Elle accepta tout mais en s’assurant  de protéger ses enfants et de les combler d’amour.

La famille fut son obsession. Chaleureuse et aimante, nous nous rappellerons tous son regard de bonheur devant les personnes que nous choisissions pour compagnon ou compagne. Elle a réinventé la façon d’être une belle-mère, devenant l’amie et confidente de nos conjoints. Et que dire de cette étincelle dans ses yeux quand elle tenait l’un de nos enfants. Tendre maman, tendre Granny, la chaleur de tes bras, ce regard rempli d’amour et toutes les petites attentions, les messages pour nous rassurer ou nous guider nous manqueront par-dessus tout.

Sa maison était grande et accueillante comme son grand cœur. Nos familles s’y rassemblaient régulièrement pour la baignade, un barbecue ou une soirée devant le feu. Nous y avons tous festoyé. Pour beaucoup d’entre nous, nous n’avions pas besoin de chercher d’autres activités pour le weekend. Nous nous présentions sans prévenir, certains du plaisir de se retrouver en famille autour d’une mère chaleureuse. Son solarium en aura connu des soirées de meurtres et mystères, des anniversaires et des moments festifs!

Chacun se rappelle des Noëls chez Granny, un incontournable plaisir pendant plus de 40 ans, avec  ses plaisirs partagés, les petites attentions, les cadeaux choisis pour chacun ou parfois les mêmes pour éviter de blesser l’un ou l’autre. Ses repas et buffets étaient tous mémorables. Elle les préparait des mois à l’avance avec la complicité de ses enfants : dinde, steak and kidney pie, petits gâteaux glacés multicolores, biscuits aux brisures de chocolat, London fruit bars, gâteaux aux fruits et tarte au mincemeat. Certains d’entre nous se rappelleront des dortoirs mémorables où nous nous cordions comme des sardines au sous-sol. Il fallait la voir toute heureuse de nous recevoir et d’accueillir le «vrai» Père Noël au grand émerveillement des jeunes et, avouons-le, nous, les adultes. Mais où était donc l’oncle Alain à ce moment?

Sa descendance est riche de 8 enfants, 19 petits-enfants et 19 arrière-petits-enfants (21 en incluant ceux déjà en route).


ÉCOUTONS LES PAROLES ÉCRITES PAR L’UNE DE SES PETITES-FILLES :

Granny, tu demeureras toujours la femme la plus intrigante, la plus fascinante et la plus remarquable que j'aie connue et ce, avant même de savoir ce que ces trois mots signifiaient vraiment.  L'impression forte d'avoir quelqu'un de spécial dans ma vie m'habitait déjà lorsque j'étais petite. 

Merci d'avoir, avec Maurice, fondé une famille aussi extraordinaire que la nôtre.  Ton ouverture d'esprit et ton intérêt pour tout et pour chacun de ses membres ont suivi les années et les époques et nous ont fait sentir importants.  Tu t'informais de tout le monde et te rappelais des noms et des détails sans difficulté.  Ces liens qui nous unissent tous sont une grande fierté.  Pour moi, tu resteras toujours à la tête et la figure rassembleuse de ce merveilleux clan.

Maintenant je sais ce que c'est que d'admirer quelqu'un.  Ta simplicité, ta générosité, ton dévouement et ta débrouillardise - parce que qui peut réellement se vanter d'avoir un mode d'emploi pour élever huit enfants? - t'ont rendue unique.  Merci chère femme, chère mère, chère grand-mère et arrière-grand-mère, pour tout.  Tu as endossé tous ces rôles avec patience et humour.  Parmi mes souvenirs les plus précieux se rangent désormais les moments où j'ai pu te voir sourire et t'entendre rire.

Merci, dear Granny, We love you.


Olive Katryn, notre mère, notre Granny, fut un être d’exception. Elle nous a guidés, aidés et enveloppés d’amour. Elle fut la preuve vivante que la vie vaut la peine d’être vécue malgré les épreuves, la souffrance, dans la simplicité et la richesse, non pas des biens  matériels, mais celle de la famille. Elle nous a enseigné, entre autres, le courage et la résilience.

Maman, Granny, ton départ pour rejoindre Maurice laisse forcément un grand vide dans nos vies. Toutefois, tu nous as marqués à jamais et tu resteras en nous, avec nous, par ton esprit, pour toujours.



(Texte écrit par Anthony Gagnon et Sylvianne Blanchette)



Katryn, notre Granny, le jour de ses 92 ans (© Jean-Yves Blanchette)






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