«Il faut en prendre et en
laisser». On dit ça d'une personne, de ce qu'elle raconte, de ce qu'elle
affirme. On dit ça d'un documentaire, d'une biographie, d'un témoignage.
Mais quand, QUAND, peut-on se fier véritablement à quelque chose? À quelqu'un? Qu'est-ce qu'on prend, et qu'est-ce qu'on
laisse?
Qui est fidèle à la réalité
à 100%? Qui ne colore pas, ne dénaturalise pas? Quand sommes-nous francs? Notre langage est-il adéquat? Comment bien déterminer ce qui est essentiel
de ce qui est de trop? Le nécessaire du
superflu?
Les langues amènent de la
saveur aux discussions. Aux films, aux
livres. Elles peuvent embellir ou
enlaidir les discours. Rendre une
histoire plus drôle, ou plus triste.
Un récit peut être
interprété de multiples façons. Il est
impressionnant de constater le nombre de compréhensions différentes que peuvent
occasionner un seul et même enchaînement de mots. Si chacun voit ce qu'il veut bien en
regardant à travers la même fenêtre, comment peut-on faire pour se comprendre?
Pourquoi nous ment-on? Qu'est-ce qui motive le mensonge? Quelle est l'intention derrière tout ça? Est-ce que ça a à voir avec la capacité de
l'autre à recevoir la vérité? Est-elle
si dure à digérer, à supporter? Parfois,
on peut vouloir cacher. Parce qu'on
s'inquiète pour la personne, on souhaite l'épargner, la protéger. Mais est-ce vraiment la bonne chose à
faire? D'autres fois, c'est peut-être
parce qu'on ne la considère pas comme il se doit. Mentir à quelqu'un, n'est-ce pas le
diminuer? Lui manquer de respect?
Il peut nous arriver de
sous-estimer la gravité de ce que l'on doit révéler ou, au contraire, en
surestimer la teneur. Peut-on vraiment
bien déterminer l'importance de certains propos pour un autre individu? Est-ce que l'on devrait se réserver ce droit
de juger de la valeur d'une confession? Ce
qui est lourd pour quelqu'un peut s'avérer léger pour un autre.
Rapporter des paroles d'autrui
semble enlever de l'authenticité, mais peut aussi ajouter de nouvelles couches. Ce qui enrobe peut alors prendre de
l'importance, alors que ça ne devrait peut-être pas. Le rapporteur peut choisir de mettre de côté
certains détails, de délaisser un pan, de focuser sur un autre, le mettre en
évidence, en premier plan.
L'interlocuteur peut aussi faire ça à l'écoute. Que se passe-t-il alors? La communication est-elle réellement
fiable? Tout est transformé!
Quelqu'un m'a dit que ça
viendrait. C'était sans doute pour me
calmer. Ah, ces choses que l'on dit pour
rassurer, ou même pour faire taire l'autre.
Qu'est-ce qu'on cherche à faire croire ici? C'était pour me leurrer. Ou pour se leurrer lui-même. Quelqu'un peut nous dire uniquement ce que
l'on veut entendre, mais on peut aussi entendre seulement ce que l'on veut
entendre. On peut être fermé à ce point.
Qu'en est-il du
silence? Que signifie-t-il? Ma grand-mère maternelle avançait que si on
n'avait rien de bon à dire, qu'il était préférable de se taire. Alors, qu'est-ce qu'on doit retenir, garder
pour soi? Les insultes? La vérité?
Le mensonge?
Je ne sais pas doser. Je ne sais pas comment départager le vrai du
faux. Je ne sais pas parler mieux que
qui que ce soit. Je me dis qu'il ne faut
pas toujours tout prendre au pied de la lettre.
Ni au pied du mot. Et que l'on
doit tâcher de suivre le conseil le plus vague qui soit, et «en prendre et en
laisser».
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