mercredi 11 novembre 2020

 



La température est sens dessus dessous.  Hier en revenant du travail aux environs de 17h, je me suis crue en plein mois d'août.  J'avais l'impression que c'était la nuit et que je rentrais d'une sortie entre amis.  Il faisait noir et chaud, les gens marchaient lentement, certains étaient en shorts ou en jupe, j'ai eu envie d'enlever ma veste et de rester dehors longtemps.

J'ai pensé à des personnes que j'aimerais voir, à qui j'aimerais parler en vrai, j'aimerais les regarder mais pas à travers un écran.  Prendre un verre avec ce monde-là et rire, rire, rire.

La vie vraiment fait aucun fucking sens, en ce moment plus que jamais.  En général, je peux me débrouiller avec l'absurdité de l'existence, la côtoyer, la laisser faire ses petites affaires sans trop que ça me chicote.  Là, on dirait que j'aborde le quotidien à tâtons, comme quand je me lève la nuit et que je n'allume pas la lumière pour épargner mes yeux d'un contraste trop brutal.  Je me déplace alors tranquillement, les bras devant moi pour repérer les obstacles potentiels, et je fais glisser mes pieds sur le plancher pour éviter de heurter un chat par accident.  J'ai sûrement l'air d'une patineuse qui avance prudemment sur la glace, les yeux bandés, et qui se demande si elle approche bientôt de l'autre bord de la patinoire.  Elle n'espère même pas trouver la sortie, elle veut juste gagner la bande pour pouvoir s'y appuyer un temps.

Bien sûr, je connais mon espace et je sais où se trouvent les meubles à contourner.  Je réussis donc toujours à trouver mon chemin vers la salle de bain ou le frigo.  Et à retourner à mon lit.  À dormir à travailler à manger à lire à regarder des trucs sur Netflix à écrire à recommencer.  Mais comme ce serait bon de feeler quelque chose en groupe.  Sentir la chaleur des autres.  

Comme ce serait bon.




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