Je suis une tortue. Qui ne veut rien savoir de quitter sa carapace.
Je suis une fille ingrate. Qui répond bêtement à ses parents lorsqu'elle n'a pas la force de parler.
Je suis une groupie infidèle. Qui n'a pas encore écouté le dernier album d'un de ses chanteurs préférés, une semaine après se l'être procuré.
Voilà. C'est ce que je suis ces jours-ci. En plus d'être une baleine qui gonfle. Je veux fondre et vite.
La rentrée, elle est arrivée. Hier. J'ai revu des gens qui me manquaient, j'ai eu les hugs que j'attendais. Maintenant j'ai mal à la tête et je me demande si je vais être malade. Je n'ai pas su boire avec modération... Qu'importe, il y avait longtemps que je n'étais pas sortie.
Je reviens de l'Île où la terre y est rousse. J'ai pris assez de vent. Réintégrer mon appartement me fait du bien. Car dans la roulotte de mes parents, bien qu'elle soit grande, nous nous pilons un peu sur les pieds. Chacun irrite un autre, à tour de rôle. Et ça m'égratigne. Il manque de cloisons, là-dedans. Chacun devrait pouvoir s'enfermer derrière des murs, le temps de respirer et de renouveler ses doses de patience et d'humeur. Mais bon, somme toute, ç'a été agréable. J'ai pu marcher sur le sable, compter les vagues, rire des nuages... Je cherchais quelqu'un à qui penser, durant toutes ces heures passées à rouler vers Québec. J'ai bondi de l'un à l'autre. Il y en a qui revenaient plus souvent que d'autres... Drôle de libertinage en songes!
Je redoutais d'être devenue sèche et sans sentiment. Vendredi dernier, j'ai vu qu'il n'en était rien, ou à peu près. À la cérémonie de graduation de mon frère, j'ai flanché devant l'une des plus belles démonstrations de solidarité et d'amitié qu'il m'ait été donné de voir. Tous les camarades du jeune homme qui a été victime d'un accident de la route (il aurait pu y rester) se sont levés pour l'acclamer lorsque son tour est venu d'aller chercher son diplôme. Comme tous les autres, il a crié «Sir!» après que le présentateur ait dit son nom. Sa voix s'est perdue dans le torrent d'applaudissements. Les membres des squads 92 et 93 en entier se sont levés, pressés de montrer à quel point ils étaient heureux que leur collègue soit parmi eux. Le reste de l'assistance s'est levé aussi. Comme les autres, le plus jeune de la distribution 2007 est monté sur l'estrade et s'est avancé, le corps raide et fier, vers le directeur qui l'attendait pour lui remettre son diplôme. Mais il n'a pas pu saluer l'homme comme tous les autres, sa clavicule le faisant souffrir. Banal, mais grand, comme moment, j'ai trouvé. Mon coeur s'est enflé d'un coup. Je me suis trouvée un peu conne, après tout je ne le connais pas, cet homme. Mais c'était si beau... Ces policiers, ce ne sont pas des brutes, du moins pas encore.
Je devrais peut-être retourner dormir. L'université peut bien attendre, je n'ai que quelques trucs à aller chercher. J'ai faim. C'est un problème, car il n'y a plus grand chose à bouffer... Je vais peut-être devoir m'extirper de ma demeure plus tôt que prévu. Oh, foutu corps trop lourd...
Je vais surtout arrêter de me plaindre. Ou essayer de.
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