jeudi 11 octobre 2007


J'aime Matthew Good. Je l'aime je l'aime je l'aime. Hier soir, j'ai eu la chance de le voir en spectacle pour la première fois. Je ne croyais pas être capable d'une telle réaction devant mon idole: quand il est apparu sur la petite scène du Dagobert, les larmes m'ont monté aux yeux. J'ignore si c'est parce que je me tenais à trois pieds de lui et que dans mon esprit il est soudainement devenu tangible au lieu de demeurer cette personnalité floue qui renvoie une si belle et si réelle décadence à travers ses compositions. J'ai été prise de tremblements durant les trois, peut-être même quatre premières chansons. Et de temps à autre, de nouveaux frissons m'ont parcourue, en particulier lorsque seule sa voix, étrange mais si agréable à écouter, vibrait dans toute la place. Et ce qu'il est drôle, cet homme. Il m'a fait rire. De bon coeur. Il ne le saura sans doute jamais, mais il m'a fait vivre, l'instant de son show. En fait, il n'a aucune conscience de tout ce que j'ai vécu à travers ses chansons, mais c'est le propre, ou plutôt le privilège, de chaque artiste, il me semble.

Je me souviens du moment où j'ai flanché pour Matthew Good. J'avais dix-huit ans, c'était une nuit en mars, quelques mois avant la graduation. Mes plus grands soucis de la semaine consistaient en la tâche de me dénicher LA robe parfaite pour le bal et l'angoisse de penser que mon crush du moment allait peut-être sortir avec la présidente de la polyvalente et que dans ce cas, il ne m'accompagnerait pas à cette fameuse soirée. Finalement, ils sont devenus un couple, oui, et sont allés ensemble au bal. Moi, ma robe n'était pas parfaite, elle était belle, et j'y suis allée accompagnée d'un bon ami, et nous nous sommes bien amusés.
Il y a des éventualités pires que ça, j'avoue. Mais comme bien des événements sensés être grandioses, le souvenir que j'en garde m'est moins précieux que celui que je conserve d'autres moments «ordinaires». Je chéris davantage les tournées de théâtre avec cet ami, et les heures passées à regarder mon crush imiter Metallica et Iced Earth (deux groupes que je n'apprécie pas particulièrement, mais lui il adore, alors... Et il s'en tenait aux classiques que j'aime bien), par exemple. Enfin bref, pour en revenir à M. Good, je dormais chez ma grand-mère, le soir où je l'ai découvert. Je m'étais installée avec une nouvelle compilation d'artistes variés, qui m'étaient pour la plupart inconnus, et mes écouteurs pour me border. Indestructible est passée. J'ai tout de suite adoré cette guitare et cette mort remédiée. J'avais déjà entendu Hello Time Bomb et une ou deux autres de ses chansons, mais aucune ne m'avait encore fait de semblable effet. J'ai dû l'écouter quinze fois, ou plus, avant de pouvoir dormir. Je n'ai pas tardé à me procurer l'album Beautiful Midnight, qui reste toujours un de mes préférés (douce I Miss New Wave, douce douce Suburbia, douce douce douce Running for Home...). Et puis les autres ont rejoint ma collection. Il y a des morceaux que j'ai dû apprivoiser plus que d'autres, mais il n'y en a pas un qui puisse nier le talent et le génie de cet homme, à mes yeux. Ses obsessions, souvent transformées en une aisance à traiter de sujets délicats, me fascinent. L'homme parle d'amour, de la mort, de prostitution, de guns, d'alcool, de consommation (dans le sens d'acheter) et de sexe d'une façon qui m'effraie et me séduit tout à la fois.

Avalanche, son premier album solo, m'est rentré dedans durant une période particulièrement noire de mon existence. La pièce titre, Weapon, In A World Called Catastrophe, While We Were Hunting Rabbits et Bright End of Nowhere ont servi de trames de fond à mes tourments de l'époque, et il m'arrive encore de me tourner vers ces paroles quand j'ai besoin de me dire qu'à quelque part quelqu'un d'autre sait. Ou semble savoir, tellement c'est approprié. Après des semaines passées à écouter ce disque en boucle, j'ai dû me tenir loin de toute cette sombre musique car seules quelques notes me ramenaient à mes mauves. Le sevrage a duré six mois, je peux désormais la consommer à nouveau sans trop de risques. «Sans trop», j'ai dit.

Je ne sais pas pourquoi je raconte tout ça. Probablement parce que j'avais envie de parler de lui. Et de m'étendre sur mon cas, encore. Ressasser ces petits instants de fin de secondaire et de début d'université me fait me demander comment j'ai fait pour en arriver là, et tout aussi en miettes parfois. Il y a des cycles croissants dont j'aimerais bien me défaire...

Je ne peux pas choisir entre tous ses textes lequel je souhaite mettre ici. Alors j'y vais avec le hasard: Bright End of Nowhere est la chanson qui joue en ce moment dans ma playlist, c'est donc celle que je partage. Elle est un peu comme un baume amer après la tempête... Ode to Matthew Good.
Here’s the bright end of nowhere
Here’s the results of all our days
Used to lay on the roof and drink beer
And try and count up all the ways
That you could waste away
Looking back it seemed so simple
But having done it I couldn’t say
The lights are out baby
And I’m a mouse
The lights are out
Baby so hear me out
The lights are out baby
And I’m a mouse
So here’s the bright end of nowhere
Here’s the commercial of all our days
Go on vacation and drink beer
And try and forget all the ways
We let ourselves get away
Looking back it seemed so simple
But having done it
It’s not the same
The lights are out baby
And I’m a mouse
The lights are out
Baby so hear me out
The lights are out baby
And I’m a mouse

(Matthew Good, Bright End of Nowhere)


1 commentaire:

  1. Il faudrait bien que je m'y mette, ça fait déjà 4 ans que tu m'en parles... !

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