vendredi 27 novembre 2020

 



Au travail, il m'arrive souvent d'avoir des «hallucinations visuelles», si je peux dire.  Rien de grave ou de problématique, ça arrive quand je scanne ou manipule des livres rapidement.  Je lis vite ce qui passe devant mes yeux et je me trompe, des fois de façon assez solide.  Ça donne des titres farfelus, des gros mots et des allusions qui me font bien rire et qui s'éloignent sans doute de l'intention des auteurs ou de l'équipe éditoriale.  Pas d'inquiétude, je relis toujours quand vient le temps de créer la fiche d'un livre.

En voici quelques exemples :


  • la collection de livres Chemins de traverse
    • Lu : Chiens de terrasse

  • le titre ANAN 
    • Lu : ANAL (je m'excuse)

  • le titre Trouble dans le genre
    • Lu : Trouble dans le beurre

  • sur une quatrième de couverture : «... l'office funèbre»
    • Lu : l'orifice funèbre

  • le titre Naissance d'un Goncourt
    • Lu : Naissance d'un Yogourt

  • le titre Drame
    • Lu : Marde

  • le titre Bible des Impressionnistes
    • Lu : Bible des Impressionnantes

  • Val-Caduc
    • Lu : Viaduc

  • la bande dessinée Mortelle Fantasy
    • Lu : Murielle Fantasy

  • potions de plantes
    • Lu : potions dépliantes

  • sur une couverture : Le nouveau Brunetti
    • Lu : Le Nouveau-Brunswick

  • le titre Chère Traudi
    • Lu : Checke Trudi

  • le nom Ken Follett
    • Lu (à chaque fois) : Feu Follet





dimanche 22 novembre 2020

 


Je ne sais plus les rapprochements.
J'ai oublié ce qui précède,
les minutes avant.
Ce qui amène
ce qui engendre
ce que je préfère
ce que j'espère
ce que j'attends.






mercredi 11 novembre 2020

 



La température est sens dessus dessous.  Hier en revenant du travail aux environs de 17h, je me suis crue en plein mois d'août.  J'avais l'impression que c'était la nuit et que je rentrais d'une sortie entre amis.  Il faisait noir et chaud, les gens marchaient lentement, certains étaient en shorts ou en jupe, j'ai eu envie d'enlever ma veste et de rester dehors longtemps.

J'ai pensé à des personnes que j'aimerais voir, à qui j'aimerais parler en vrai, j'aimerais les regarder mais pas à travers un écran.  Prendre un verre avec ce monde-là et rire, rire, rire.

La vie vraiment fait aucun fucking sens, en ce moment plus que jamais.  En général, je peux me débrouiller avec l'absurdité de l'existence, la côtoyer, la laisser faire ses petites affaires sans trop que ça me chicote.  Là, on dirait que j'aborde le quotidien à tâtons, comme quand je me lève la nuit et que je n'allume pas la lumière pour épargner mes yeux d'un contraste trop brutal.  Je me déplace alors tranquillement, les bras devant moi pour repérer les obstacles potentiels, et je fais glisser mes pieds sur le plancher pour éviter de heurter un chat par accident.  J'ai sûrement l'air d'une patineuse qui avance prudemment sur la glace, les yeux bandés, et qui se demande si elle approche bientôt de l'autre bord de la patinoire.  Elle n'espère même pas trouver la sortie, elle veut juste gagner la bande pour pouvoir s'y appuyer un temps.

Bien sûr, je connais mon espace et je sais où se trouvent les meubles à contourner.  Je réussis donc toujours à trouver mon chemin vers la salle de bain ou le frigo.  Et à retourner à mon lit.  À dormir à travailler à manger à lire à regarder des trucs sur Netflix à écrire à recommencer.  Mais comme ce serait bon de feeler quelque chose en groupe.  Sentir la chaleur des autres.  

Comme ce serait bon.




dimanche 8 novembre 2020

 

Jeudi soir dernier, j'ai amené avec l'aide de ma soeur mes trois chats à la Clinique vétérinaire Vieux-Limoilou pour un rendez-vous pris il y a quelques semaines afin de leur faire subir un examen de routine (routine qui n'a pas été suivie étant donné ma situation financière précaire des dernières années et leur statut de chats d'intérieur).  Bien que rien ne m'alarmait ou m'indiquait un déclin de santé, le fait qu'ils vieillissent m'a poussée à vouloir m'assurer qu'ils ne souffraient pas en silence d'un mal invisible quelconque.  Aller chercher cette confirmation de leur bonne forme en est venu à créer en moi l'angoisse d'une fin imminente pour l'un d'eux (ou deux d'entre eux ou même les trois?!).  

Les jours précédant notre visite, j'ai tenté de me préparer, à coup de 30 secondes à la fois environ, à l'éventualité d'une maladie ou d'un départ.  Un scénario bref, que je ne devais étirer, sinon les larmes me montaient aux yeux.  Sitôt l'issue imaginaire en tête, je devais me secouer.  La perspective seule m'était insoutenable.  Comme pour ajouter à mes visions d'horreur, mon p'tit monsieur Ignacio s'est mis à vomir régulièrement environ une semaine avant la rencontre prévue.  Son estomac ne gardait rien.  Il continuait pourtant à avoir faim (et me le signifiait abondamment de façon vocale et tactile) malgré les gerbes répétitives.  Suivant la recommandation de ma soeur, qui a déjà été technicienne en santé animale, j'ai forcé le jeûne, contrôlé et rationné ce qu'il avalait pendant quelques jours.  Avec un pâté tout désigné pour les problèmes gastriques, il a commencé à régurgiter de moins en moins puis tout est rentré dans l'ordre avant l'examen.

Parfois il m'arrive de me dire que de voir mes chats adorés s'en aller ne sera pas si pire.  Mais je sais très bien que ça fera un foutu vide intolérable, surtout au début.  Ça fait douze ans qu'Ignacio est avec moi.  Ma plus longue relation avec un homme (ce fait est à la fois attendrissant et pathétique, je crois)!  Lorsque je suis chez moi, il est toujours dans mon champ de vision.  Il m'accueille à mon retour à la maison.  Tente sa chance pour des minouches quand je passe dans la cuisine.  Me colle sur le divan.  Réchauffe mes pieds la nuit.  Se couche sur mon ventre à l'occasion et s'improvise tondeuse quand je lui masse les joues et le poitrail.  Il me suit à la toilette.  Il roucoule souvent et me fait rire quand on joue et qu'il gigote comme si sa vie en dépendait.  Comment je suis sensée m'habituer à ne plus l'avoir dans les jambes, à ne plus caresser le dessus de sa tête, là où c'est le plus doux, et derrière les oreilles?  

Capicolle, elle, est arrivée en 2009.  Ça fait beaucoup d'années à l'entendre ronronner à tue-tête et à chigner contre les deux autres menous, ça.  Elle, elle a besoin de son périmètre pour être heureuse.  Sa bulle, et la mienne aussi.  Et c'est elle qui choisit quand elle veut l'envahir.  Me piétiner quand je suis couchée et attendre que je soulève les couvertures pour qu'elle puisse s'y blottir est une de ses activités favorites.  Elle aime reprendre le processus quelques fois avant de s'installer pour de bon, toujours en faisant aller son moteur à pleine puissance et en me chatouillant le visage avec ses moustaches si je ne m'exécute pas assez vite à son goût.  Ma précieuse a des tendances boulimiques et ne boit son eau que très froide, avec des glaçons, hiver comme été.  Je déteste ramasser son vomi, mais j'adore la voir «accourir» au son des glaces qui tombent dans le bol.  Si elle daigne jouer, elle le fait couchée, parce qu'à quoi bon se forcer?  Elle est très sélective avec les humains, encore plus avec les chats.  Elle ne tolère Ignacio que lorsqu'elle nécessite une séance de toilettage et qu'elle n'a pas envie de s'en charger elle-même.  Elle refuse que Peggy Sue s'approche d'elle à moins de 30 centimètres.  Je me sens choyée d'être sa préférée, mais je sais aussi que ça a à voir avec mon rôle de pourvoyeuse alimentaire.  Je vais vraiment un jour ne plus avoir à endurer son caractère?

Et puis il y a Peggy Sue.  La discrète et sauvage, celle qui craint les humains, même moi encore malgré que je l'aie accueillie chez moi il y a six ans déjà.  Elle avait besoin d'un endroit avec d'autres chats pour être bien et j'avais réussi à établir un lien avec elle au refuge Adoption Chats Sans Abri.  Sa timidité a beaucoup diminué depuis.  Elle est aussi présente que les deux autres, seulement elle garde ses distances.  Elle me suit souvent de pièce en pièce.  Dort parfois avec nous dans le lit.  Joue avec moi, à condition que je n'approche pas trop près.  Elle prend la pose pour les photos.  Vient quêter du pâté quand elle m'entend sortir une canne et des petites assiettes de l'armoire.  Sa fascination pour les orteils me fait sourire.  Elle roucoule elle aussi, souvent en passant devant Ignacio, avec qui elle adore faire des mamours.  Elle essaie parfois de bonder avec Capicolle, mais c'est peine perdue, elle ne réussira jamais à amadouer la bitch.  Je ne la force en rien, je profite des moments où c'est elle qui vient me voir, me sniffouner, m'observer, je lui fais des beaux yeux et lui parle doucement, et je crois qu'elle m'apprécie pour ça.  J'aimerais qu'elle reste à jamais.

Mes craintes par rapport à leur santé se sont dissipées au fur et à mesure que se déroulait la visite chez le vétérinaire.  Mes chats vieillissent bien.  Rien à signaler autre que de l'accumulation de tartre et un certain embonpoint pour Capicolle.  Le personnel à la clinique est sympathique, patient et professionnel.  On m'a bien expliqué ce que je devais surveiller comme signes de maladie potentielle chez les chats seniors.  Je vous recommande fortement d'aller les voir avec vos animaux!

Je sais que mes bêtes vont mourir.  Qu'ils ont vécu plus que ce qu'il leur reste à vivre.  Je ne sais pas comment je réagirai quand ils partiront.  Ça s'en vient et en même temps ça ne se peut pas, dans ma tête.  Mon espace sans eux.  

Il n'y a rien à faire d'ici là.  

Rien à dire de plus à part que : on verra rendu là.


Chats d'intérieur à contre-jour.
De gauche à droite : Capicolle, Peggy Sue et Ignacio.


Absolument.





dimanche 1 novembre 2020

 



On ne peut pas dire que c’est joyeux, tout ça.  Les temps qui courent.  Le virus qui se répand.  La bêtise qui persiste.  La solitude qui s’ancre.  La détresse qui se propage, le découragement qui s’exponentialise.  Les contacts qui se raréfient, la chaleur qui disparaît.  Le télétout qui se multiplie.   

On ne peut pas dire que c'est joyeux.