dimanche 12 décembre 2021

 

Je l’affirme sans gêne ni honte : je suis une petite fille qui aura toujours, TOUJOURS, besoin de sa mère.



jeudi 9 décembre 2021

 

Une de mes nouvelles obsessions sont ce qu'on appelle en anglais les ringer t-shirts, ou ringer tees.  Il s'agit des gilets à manches courtes aux bordures et col contrastants.  Ils sont apparus dans les années 50, ont fait un comeback durant les seventies et semblent redevenir populaires en ce moment.  Je crois que j'ai toujours aimé ce look, mais dernièrement ça a explosé.  J'en veux de toutes les couleurs possibles!  Ardène en propose des jolis et tout doux faits de matériel recyclé.  J'en ai trouvé trois en magasin cet été (en spécial, bien sûr), puis une couple de jours plus tard, j'ai profité d'un rabais additionnel pour en commander six autres en ligne (!).  J'en aurais pris un de plus, mais le temps de passer au checkout et ma taille n'était plus disponible dans cette couleur.  J'ai pu me reprendre par après quand il est revenu en stock.  Comme pour n'importe quel vêtement, je préfère ceux sans texte, à quelques exceptions près.  Il y en avait un à l'effigie des Smashing Pumpkins mais il n'a plus l'air d'exister.

Exemple.

Je suis aussi obsédée par les bottes d'hiver Merrell que j'ai dégotées au magasin Latulippe tantôt avec ma mère et ma soeur.  Mes actuelles sont maganées, finies selon Mom.  J'ai hâte de porter mes nouvelles demain.  J'en parle depuis que je les ai ramenées chez moi.  J'ai presque envie de dormir avec.  Elles étaient en rabais à 50% en plus!  Je m'excite de manière si superficielle, je sais.  Je pense que je devrais en être honteuse, mais en même temps bof.  Si consommer me fait tripper en ce moment, je vais le prendre et le savourer.  J'ai toujours aimé me procurer des choses.  Je tente d'améliorer mes habitudes d'achats, comme me tourner vers le seconde main de plus en plus, mais bon.  

Botte Merrell modèle Tremblant Ezra Zip, couleur boulder.
Me looooove.

Ce que j'ai aussi adoré consommer dernièrement, c'est la troisième saison de la série d'anthologie American Crime Story, Impeachment.  Celle-ci porte sur le scandale Clinton-Lewinsky, qui a mené à la destitution du président Clinton et a eu des répercussions majeures non seulement aux États-Unis, mais pas mal partout dans le monde.  Tout cet intérêt pour une histoire de baise (n'oublions pas que ce n'était que ça au départ, une relation intime extraconjugale) qui a mené à des mensonges under oath, tout ce voyeurisme, cette obsession, cet acharnement envers les personnes concernées me fascinent.  M'effraient.  La façon dont certains détails ont été tordus, le traitement qu'ont subi plusieurs victimes dans cette affaire et les conséquences sont horribles.  Les gens sont cruels, ça ne fait pas de doute.  Je suis tout de même consciente d'avoir moi-même fait preuve de voyeurisme en regardant la série qui décortique tous les événements entourant l'affaire.  Le sujet est accrocheur et fait parler.  Mais il y a aussi le jeu des acteurs qui est à souligner et l'esthétisme des décors, la réalisation entière de la série.  Les deux premières saisons, une sur le procès d'O.J. Simpson et l'autre sur l'assassinat du designer Gianni Versace, sont excellentes aussi.  Ne résistez pas et gâtez-vous avec les trois!

À part ça, connaissez-vous Tika?  Ou NoodleLokiGeorge peut-être?  Leurs comptes Instagram respectifs m'amusent énormément.  Que du doux et du funny et un peu d'éducation sur les oiseaux.  Il y a aussi le mien qui est pas pire, si vous voulez y jeter un oeil.

Voilà pour mes distractions futiles des derniers temps.  Je reviendrai peut-être à un contenu plus substantiel, tôt ou tard, qui sait.




mardi 30 novembre 2021

 


Je mange beaucoup de chocolat ces jours-ci.

Je me demande : est-ce que j'ai vraiment envie d'être bien ou c'est juste que je suis archi-écoeurée de ne pas aller?  N'est-ce pas la même chose?  À une ou deux nuances près, sans doute.  Mais la réponse est : les deux, merde.

Il y a le jeu du yoyo qui m'épuise.  Un temps ça va et la minute suivante je m'écroule.  Une semaine peut bien se passer et celle d'après j'en arrache.  J'aspire à peu de choses en ce moment, mais une certaine continuité me plairait bien.  Des extrêmes moins prononcés, ce serait chic.

J'ai envie de hurler.


dimanche 28 novembre 2021

lundi 8 novembre 2021

 


Mardi je crois avoir réussi à agir en adulte «fonctionnel».  Je me suis levée et ai déjeuné (levée ET déjeuné), me suis préparée me suis rendue au travail, ai travaillé sans trop me soucier des minutes qui s'enfilent trop lentement (wow), suis rentrée chez moi ai réglé mon solde de carte de crédit (j'ai une carte de crédit), ai mangé ai siesté puis suis allée à mon cours d'entraînement en groupe (you go girl!).  Je suis revenue, me suis douchée j'ai lu et me suis mise au lit, satisfaite de ma journée.

Ça n'arrive pas souvent, que j'en sois satisfaite.  C'est rare aussi que ce genre d'accomplissement disons raisonnable me touche.  D'habitude ça me prend quelque chose de plus ouf.  C'est peut-être ça, vieillir, maturer?  Ou dans mon cas, guérir?

Il y a une couple de semaines je m'étais inscrite pour aller donner du sang, ce que je n'ai jamais fait encore.  Le rendez-vous était fixé pour dimanche, donc hier.  Eh bien je n'ai toujours pas fait de don de sang.  Il paraît qu'une pomme, ce n'est pas assez avant de donner, il faut manger plus consistant.  Ils ont préféré me renvoyer pour ma sécurité.  Je comprends.  Mais moi qui étais déjà fière d'avoir mangé et de m'être bien hydratée!  J'ai pris un autre rendez-vous avant de partir.  Le 21 novembre prochain, je devrai donc m'empiffrer le midi et je pourrai ensuite faire don de mon sang.  

Je suis allée voter après mon échec sanguin.  Vraiment, ces derniers jours, j'ai fait preuve d'organisation et de discipline et de ces choses qui font que ça tourne à peu près rond.  Ce n'est pas facile ni toujours agréable, mais c'est à ma portée, et j'en suis toujours la première étonnée.


Oh yes, it really does.
© Nathan W. Pyle, Strange Planet








dimanche 31 octobre 2021

 

Parfois les dimanches me siphonnent vraiment toute envie de vivre.




dimanche 24 octobre 2021

 

faire taire
taire faire

faire taire
fer terre
taire faire
terre fer

interfère 
heintairefaire     hein taire faire
heinterrefer        hein terre fer

interférence
heintaireféerance     hein taire fée rance
heinterreféerance     hein terre fée rance





vendredi 22 octobre 2021

dimanche 17 octobre 2021

 


Je suis de celles qui n'en reviennent jamais,
qui espèrent toujours voir reparaître

les amours
les extases
les fous rires
les étreintes.



samedi 25 septembre 2021

 

C'est l'automne il a plu presque toute la journée hier et bien que j'adore cette saison je suis triste que l'été s'en aille cette année mais beaucoup de choses m'attristent il faut dire.

J'ai fait couler un bain fait des bulles dedans lu dedans me suis touchée dedans j'étais bien dedans puis il faut sortir l'eau refroidit et on ne peut pas la réchauffer à répétition, notre planète, anyone? Eau potable for everyone.

Mes chats mes chats ils se demandent sûrement ou juste peut-être pourquoi ils me voient tout le temps si je leur disais que c'est leur présence que je supporte le plus est-ce qu'ils seraient flattés? Je ne crois pas ce sont des chats.

Man les hommes... c'est tout je n'ai rien à ajouter à ça.

Je commande des peluches parce que les peluches c'est la vie la mienne en tout cas quand rien d'autre ne fait n'opère ne réussit ne parvient à me lifter up alors voilà je peluche à souhait.

La nuit je me rends compte de toutes sortes de choses trop de choses pour dormir mais rien de pertinent et là je contracte mes muscles je me raidis je coince et quand j'en prends connaissance je relâche je me détends jusqu'à ce qu'inconsciemment je bloque mes membres à nouveau et on recommence la nuit ce n'est pas le moment de parfaire ses pointes pourquoi se construire des crampes pour le lendemain.




vendredi 17 septembre 2021

 

C'est une bizarre de dépression.  On dirait que je suis devenue trop lucide, ou qu'on m'a appris trop de trucs, pour mal aller.  Et pourtant.

Cette fois-ci, je me suis forcée à m'activer dès le début de mon arrêt de travail en juillet.  Je me suis trouvée des occupations, me suis planifiée des sorties.  Je me suis levée à chaque matin.  J'ai diminué le nombre de siestes d'après-midi.  J'ai continué d'aller à mes cours de Pound.  Je n'ai rien annulé, ne me suis pas décommandée.  J'ai beaucoup marché.  J'ai même cuisiné à quelques reprises.  Et je n'ai pas lâché, je garde encore le même rythme.

Est-ce que j'en fais trop?  Est-ce que je veux trop fuir mes pensées downantes?  Est-ce que c'est ça qui fait qu'à tous les jours, en fin d'après-midi ou en début de soirée, je craque?  Au même moment, aux mêmes heures, le constat de devoir poursuivre la journée me tombe dessus.  Le constat du temps qu'il reste avant que je puisse retourner me coucher se présente à moi.  Je perds alors mon élan, je ne sais plus quoi faire de moi.  Je fais les 100 pas, je pleure.  Je pique une crise, je me tords les mains.  Des fois je respire plus fort.  L'anxiété me gruge, me donne mal au ventre et cogne dans ma poitrine.  Mes idées dégringolent, rien ne va se régler.

J'appelle souvent ma mère quand je désespère comme ça.  Elle réussit à me calmer.  Je demeure moche en dedans, mais je suis plus détendue.  Après l'hystérie, je suis épuisée.  J'ai parfois mal à la tête d'avoir pleuré trop fort.  Ça prend un certain temps avant que ma raison revienne.

Certaines crises de larmes sont dues à d'autres facteurs, comme par exemple avoir à sortir dans le monde.  Il m'arrive de prendre plus de temps pour me préparer que celui passé dehors.  Ça dépend des activités.  Quand c'est de l'inconnu, c'est pénible.  Comme aller pour la première fois à la boutique Coeur de Loup, que je voulais visiter depuis si longtemps.  Je m'y suis rendue hier après avoir reporté pendant une couple de semaines et l'expérience a été très agréable.  La propriétaire et créatrice derrière tous ces splendides vêtements a été super sympathique et accueillante avec moi.  Je me cherchais un bas de maillot de bain, mais j'étais tellement nerveuse que j'ai essayé des hauts plutôt et quelques autres morceaux.  J'ai dû retourner dans la cabine d'essayage après m'être rappelé ma mission première.  Finalement, je suis repartie avec un mignon haut à pois.  C'est anodin, mais j'étais découragée de moi-même.

Quand je réussis à faire ce qui m'angoissait tant au départ, je me rends compte que je paniquais pour à peu près rien.  Parce que souvent c'est plaisant.  C'est correct de stresser un brin, mais quand ça prend le dessus, ça devient un handicap.  

L'anxiété a rarement raison.  Mais elle te domine et te convainc que c'est toi qui as tort et que tu es un.e incapable.  Elle souhaite t'immobiliser, elle veut que tu l'écoutes et que tu acquiesces.  L'anxiété, c'est une conspirationniste qui se démène à te faire gober ses vérités à elle.  Et elle réussit trop souvent. 




mardi 14 septembre 2021

 

Ta bouche ivre
Boucherie sur ma peau
Ma peau de saveurs

Tes lèvres saoules
Sous les tissus doux doux doux
Doutent de rien

Parfois me manquent
Manquent l'envie la rage
Je suis à genoux





mardi 7 septembre 2021

 




Aujourd'hui, je reviens sur les poils.  Pour résumer, je lutte contre une obsession malsaine envers ma pilosité depuis environ 18 ans.  Dermatillomanie, trichotillomanie, automutilation, appelez ça comme vous voulez.  Je m'arrachais les poils, détruisant ma peau en même temps.  Je me faisais mal, je me punissais, je passais le temps, je voulais être parfaite, sans poil et la peau lisse.  Plusieurs parties de mon anatomie y sont passées.  Je n'ai pour ainsi dire jamais atteint mon objectif, parce que ma peau était toujours boursouflée, gallée, cicatrisée.  Pendant longtemps, j'ai préféré mes blessures aux poils.  Maintenant, je mise sur un épiderme doux et une attitude plus saine envers mon corps et moi-même. 

J'explique ici un peu comment je procédais.  Vous pouvez vous référer à l'image ci-dessous pour ce qui suit :

Fait que moi, si le poil ne venait pas du premier coup en tirant, soit avec l'épilateur ou une pince à épiler, ou si seulement une partie se détachait, je me mettais à creuser avec ladite pince pour aller chercher le fil noir.  Je traversais l'épiderme, charcutais le derme et défonçais l'hypoderme, à coups de ciseaux ou de coupe-ongles s'il le fallait, pour finalement retirer jusqu'au follicule pileux.  S'ensuivait une euphorie honteuse, un sentiment d'accomplissement, de pouvoir (sur un crisse de poil, oui) et de victoire (contre un criss de poil, oui).  Venaient avec ça bien du mal, du sang et des crampes.


Coupe transversale de la peau.
Source : sante.journaldesfemmes.fr

*****

Mes jambes, je ne les ai pas épilées depuis la fin d'avril et je n'ai pas l'intention ni l'envie de le faire prochainement.  Je continue de trimmer ailleurs et d'épiler mes sourcils et ma moustache.  On sait jamais pour la suite.

Parenthèse : j'ai toujours détesté les mots raser, rasage, rasoir, épiler, épilation ou l'expression «se faire les jambes».  Moi, je disais que je me «déplumais».  Ça m'évoquait des plus belles images.  N'importe quoi!  C'est peut-être parce que la société nous fait encore associer les poils féminins au manque d'hygiène ou à la saleté, je ne sais pas.  

Pour découvrir mes jambes poilues, j'y suis allée par étapes.  Un demi-mollet à la plage par temps venteux (je me souviens m'être excusée à ma soeur de ne pas m'être épilée, cette fois-là, ce que je n'avais vraiment pas à faire, mais les habitudes, hen).  Puis un mollet trois quarts en leggings à l'entraînement.  Au-dessus du genou en robe à un BBQ chez des amis.  Et finalement j'ai dévoilé mes cuisses en portant des shorts de vélo durant un autre workout.  Après ça, je ne me suis plus restreinte ni gênée pour me promener les jambes all lousse n'importe où.

Pour m'habiller, je me permets vraiment d'y aller avec la température et mes envies.  Je dénude mes jambes s'il fait chaud ou trop humide.  Je ne les cache plus.  C'est presque comme avoir des vêtements neufs, c'est très bizarre!  On dirait que j'ai porté certains vêtements (que j'ai pourtant depuis près de dix ans) pour la première fois cet été.  J'en avais tassé pour privilégier le long et ainsi cacher mes jambes meurtries, ou je les portais seulement chez moi.  Mais on va se le dire : il fait chaud pour tout le monde.  Alors je me sens libérée, oui, d'avoir choisi de ne pas me préparer pendant des heures juste pour enfiler du court avant de sortir en public en pleine canicule.

Je ne trouve toujours pas ça particulièrement beau, et même que je considère que mes jambes sont trop velues.  J'aimerais que ça passe un peu plus inaperçu, mais je suis dans le laisser-aller à ce niveau.  Je l'avoue, il y a quand même eu des situations où j'ai été moins à l'aise de m'exhiber.  Genre pour une première date.  Ou quand je voyais des gens que je sais être plus conservateur à ce sujet.  Mais je me plie à ça (et à leur opinion) de moins en moins.  Notez que je parle de mon corps, parce que n'importe qui peut garder ou se débarrasser de ses poils à sa guise, peu importe de quoi ça a l'air pour les autres.  

Ça a été un peu comme une expérience, cet été.  Je n'ai pas reçu de commentaires désagréables ou blessants.  Si j'ai été la cible de réactions mesquines, c'était dans mon dos ou en mon absence.

Durant les derniers mois, j'ai réussi à ne pas me faire mal et à ne pas ajouter de cicatrices à mes jambes, malgré mes problèmes de santé.  L'anxiété m'a souvent amenée à sortir ma pince à épiler et gratter, gratter.  Dans les derniers mois, j'ai chuté de l'humeur et pourtant, je n'ai pas exagéré côté pilosité.  Je ne suis pas retombée dans ce pattern pour déplacer mes maux.  

Et ça, c'est une victoire en soi.




dimanche 5 septembre 2021

 

Faits : 


  • Ça ne me tente plus d'aller voir l'exposition Picasso. Figures au musée tantôt.  Je vais y aller pareil parce que j'ai déjà réservé mon billet et que c'est gratuit.
  • J'ai plus de difficulté à avaler les petits comprimés que les gros.  Go figure.
  • Les mots les plus souvent répétés dans ma tête : «Je ne sais pas quoi faire de moi».
  • Mon chat Ignacio m'a sacré une claque ce matin parce que je n'ai pas su arrêter de lui flatter la bedaine à temps.
  • Je ne suis apparemment plus capable d'appliquer du vernis à ongles comme il faut et tous mes flacons sèchent trop vite.
  • À part pour de la poutine, mon appétit est quasi inexistant.
  • Mes shorts de couleur verte sont un peu serrés maintenant.
  • Je veux acheter mille toutous.
  • Je pleure (trop) souvent.
  • Je ne sais pas quoi faire de moi.  De ma personne, de mon temps, de ma tête.
  • Je retire très peu de ou aucun plaisir à faire ce qui m'amuse habituellement.
  • Mon état général se définit en gros par : lassitude et déception.
  • Ceci dit, un petit nombre de personnes sont très douées pour me faire sourire et rire.
  • J'apprécie beaucoup ma lecture de American Gods de Neil Gaiman. 
  • Dormir demeure une de mes activités de prédilection.
  • L'espèce de jeu du téléphone entre l'infirmière et mon psychiatre, ou entre la réceptionniste et mon médecin de famille, m'exaspère profondément.
  • Je m'exaspère profondément.
  • Cette liste m'exaspère profondément.
  • Tout m'exaspère profondément.




dimanche 22 août 2021

 


Incohérente
           nséquente
        rruptible
                mpréhensible
    ngrue
         ncevable
         ntrôlable
      rrigible







jeudi 19 août 2021

 


La semaine dernière, j'ai regardé le dernier épisode de l'exquise série Easy, dans lequel on voit Sophie, une actrice partie vivre son rêve à Los Angeles il y a quelques années, débarquer à Chicago, son ancienne ville, pour à peine 24 heures afin d'assister à un événement bénéfice quelconque.  Elle décide de passer au travail de son ex-copain Drew, qu'elle avait laissé derrière au profit d'un rôle dans une série lui promettant potentiellement la gloire.  Elle l'invite à assister à la soirée, puis à se joindre à son ancien groupe de théâtre pour quelques verres, et finalement à aller en prendre un dernier en tête-à-tête.

Tout le long, je me suis demandé si j'aurais le droit de faire ça, moi.  De faire ça, de ressurgir dans la vie de quelqu'un, de prendre de ses nouvelles tout bonnement, de l'inviter à reconnecter?  Est-ce que ça créerait le même effet que ça a eu sur Drew? Ou le même que pour Sophie, qui a osé?  S'est-elle même posé la question?  Parce que je me dis que moi je n'ai peut-être pas vécu de relation assez significative avec quelqu'un, POUR ce quelqu'un, pour qu'une réapparition surprise de ma part ait un impact dans sa journée.  Est-ce que quelqu'un voudrait seulement de mes nouvelles après ne pas m'avoir vue pendant deux ans?

Je sais qu'à l'inverse, je dirais oui tout de suite.  Si quelqu'un de mon passé débarquait, quelqu'un que j'ai chéri ou qui a été important pour moi, se présentait devant moi et m'invitait à catcher up, c'est sûr que je me libèrerais.  Possible que je perdrais tout focus pour le reste de la journée.  Que je sois fébrile, complètement bouleversée.  Son retour dans ma vie me chavirerait, même si c'était juste pour quelques heures.  C'est certain que ça le ferait.

Suis-je comme Michael Scott, de The Office, est-ce que j'exagère les liens?  Est-ce que j'extrapole les sentiments des autres, est-ce que j'invente des relations qui dans le fond n'existent que dans ma tête?  J'embellis peut-être les moments complices.  J'accorde sans doute plus d'importance aux instants partagés que les autres personnes concernées.  Les gens deviennent tellement importants pour moi.  J'ai souvent peur qu'il y ait un trop grand écart entre la place que je leur donne et celle que les autres me font.  

J'aimerais laisser une marque indélébile sur ceux qui ne s'effacent pas de mon esprit, de mon corps.  Je ne veux pas qu'on m'oublie.  Je veux m'imprimer en eux.  Qu'ils souhaitent me revoir et que je leur vole un peu de temps dans leur nouvelle vie sans moi.  Qu'ils regrettent un peu que je n'en fasse plus partie.  Même si c'est juste pour quelques heures.

Et une fois au rendez-vous, est-ce que j'aurais le droit de mentionner le passé?  À émettre des si, avouer quelques regrets, encourager l'autre à se confesser aussi?  Est-ce que j'aurais le droit de faire plein de sous-entendus et de prendre des détours pour ne pas hurler ce que j'aurais vraiment envie de dire?  Est-ce que ce serait correct de me sentir si bien en sa présence, et même d'être titillée par la conversation?  De ressentir le thrill des what if? dans mon ventre?  Même s'il ne se passait rien, et que c'était juste pour quelques heures.  Ce serait ok?

Je veux être le chavirement de quelqu'un, même juste pour quelques heures.



mardi 17 août 2021

 

Des ombres, les miennes. 
Pluriel.


Je m'adresse, grossière, à moi-même.
J'évoque les baisers non reçus,
la taille des déceptions,
les qualités perdues,
les disparitions rugueuses.


Des idées qui font couler.
Je n'ai
sans doute 
pas compris.
Je suis
sans doute
passé à côté.


 

lundi 9 août 2021

 


Trucs biens des derniers temps 


  • Saint-Jean-Port-Joli
  • Mes parents
  • Revoir mon frère Sébastien, sa femme Marie-Ève et leurs enfants Rémi et Mahée
  • Revoir la plupart des membres de la famille Gagnon
  • Revoir l'amie Mélanie (et son chum Peter et rencontrer leur chat Andy)
  • Le soin facial que je me suis offert chez Yves Rocher
  • La journée passée au Sibéria Spa avec ma soeur
  • Fouiller dans le garde-robe de jouets chez mes parents - que de souvenirs!
  • La soirée avec Thiery
  • La costarde glacée de l'épicerie La Locale
  • Les quatre premières saisons du balado Ma version des faits avec Isabelle Richer
  • Gagner le concours de Crocodile Agile sur Instagram (trois nouvelles paires de boucles d'oreilles!)
  • La série Easy 
  • Les Plaines avec Dimitri
  • Mes chats
  • Gédéon, le koala peluchothérapeutique
  • Le roman American Gods, de Neil Gaiman
  • Le livre Pour nous libérer les rivières, de Hugo Latulippe




mardi 3 août 2021

 


Peut-être que je suis dure à calmer.
Pas facile à apaiser.

J'attends tout et rien.
Comment prendre ça?

L'air me donne envie de pleurer.  Mais j'adore ouvrir grand les fenêtres et laisser le vent s'immiscer partout, se frotter contre les murs, envahir les pièces.

J'ai envie de pleurer.







dimanche 1 août 2021

 


Je fais de l'hypothyroïdie depuis environ sept ans.  Je prends donc du Synthroid pour réguler tout ça depuis ce temps-là.  Cette année, en mars, j'ai dû appeler au bureau de mon médecin de famille pour lui demander de renouveler ma prescription auprès de ma pharmacie, ce qu'il avait déjà fait par le passé.  J'ai laissé deux messages à deux différentes adjointes parce que je n'avais pas eu de rappel à ce propos et que ma prescription n'avait toujours pas été renouvelée après une semaine.  La deuxième fois, on m'a plutôt bêtement fait comprendre que si on m'avait dit que ce serait fait et que le docteur me rappellerait, c'est que ça allait être fait, tout en me soulignant que le docteur était très occupé.  Ce dont je ne doute point, madame.  Merci madame.

N'étant pas trop certaine de ce que je devais faire par la suite, j'ai laissé aller.  J'ai pris la voie facile.  Je me suis naïvement dit que ma thyroïde n'avait peut-être plus besoin de boost (ce qui est impossible, m'a-t-on appris).  

Au début, ça allait, pas de changement.  Puis la fatigue s'est fait sentir.  Après un mois sans Synthroid, pratiquement tous les symptômes d'un fonctionnement lacunaire de la glande concernée sont apparus.  Après deux mois, m'étant plaint à ma mère à quelques reprises de mes maux, puis lui racontant l'incident avec mon médecin, elle a fait le lien et m'a fortement suggéré de me rendre à la pharmacie et de demander à ce qu'on me dépanne jusqu'à ce que ledit médecin réponde présent.  Ce que j'ai fait, parce qu'une mère a toujours de bons conseils et a toujours raison, surtout une mère qui a été infirmière.

Mon pharmacien m'a gentiment grondée de ne pas être allée le voir plus tôt et m'a dépannée sans problème.  J'ai entretemps pris ce que je croyais être un vrai rendez-vous téléphonique avec mon médecin.  J'ai passé trois soirées consécutives à attendre en vain son appel.  Je n'ai qu'une ligne fixe, moi.  Pas de cellulaire.  Je suis donc restée chez moi à espérer avoir de ses nouvelles telle une jeune ado de 16 ans qui attend l'appel du garçon qui lui avait dit qu'il appellerait.  Je me suis bien sûr occupée à autre chose durant mes veilles mais quand même, c'est frustrant, fâchant et insultant.

Chaque lendemain, je rappelais pour dire que je n'avais pas été contactée.  On me disait que j'étais sur la liste.  Comme depuis cet hiver je me sentais tranquillement tomber émotionnellement et moralement, j'ai craqué après  une fin de semaine de stress et de questions sans réponses et d'indifférence médicale.  J'ai appelé mon psychiatre, comme il me conseille toujours de le faire en cas d'urgence.  J'ai pu alors parler à une infirmière de liaison à qui j'ai dit que j'étais en train de péter ma coche.  Là-bas, les messages se font et mon psychiatre agit.  Il m'a prescrit un arrêt de travail et des médicaments supplémentaires pour m'aider dans cette période plus difficile.  Je suis suivie par l'infirmière de liaison à raison d'un rendez-vous téléphonique par semaine.

J'ai finalement réussi à parler à mon médecin juste avant qu'il parte en vacances.  Il a renouvelé mon foutu Synthroid pour une période d'un an.  Il n'a pas jugé bon de vérifier ma TSH avec une prise de sang, me disant que ça pouvait attendre en septembre puisque mon rendez-vous annuel est dû ce mois-là de toute façon.  Ah bon.  

Physiquement, ça revient tranquillement mais le Synthroid n'est pas efficace immédiatement.  Psychologiquement, j'en arrache.  Mais je suis bien entourée.  L'infirmière et mon psy me disent de m'activer.  C'est que je n'ai plus d'énergie, encore moins après avoir couru après des ressources pourtant dites accessibles.  

J'ai envie de vivre exclusivement dans mon lit avec mes chats et qu'on me foute la paix, mais aussi qu'on me prenne en charge en même temps.  

C'est super.


Symptômes de l'hypothyroïdie ressentis durant les derniers mois* :

  • Fatigue chronique
  • Maux de tête
  • Constipation (oui oui)
  • Difficulté de concentration
  • Sommeil affecté
  • Prise de poids
  • Dépression

Symptômes dépressifs ressentis durant les derniers mois* :
  • Désillusion
  • Moral à terre (et parfois sous terre)
  • Difficulté de concentration
  • Manque (ou absence) de motivation
  • Irritation
  • Sentiment de solitude malgré l'entourage
  • Insatisfaction par rapport à tout
  • Stress
  • Anxiété
  • Crises de larmes
  • Sentiment d'impuissance
  • Langueur
  • Aucune aspiration 
  • Perte d'intérêt
  • Sentiment de vide
  • Tristesse
  • Agitation



*Il en existe d'autres, je ne parle que de mon cas



mercredi 21 juillet 2021

 


Aujourd'hui je feele moyen pas pire.  Ça c'est comme un steak cuit médium saignant, j'imagine.  

Ma peau, l'été, se tache de rousseurs.  Le soleil fait réapparaître mes petites éclaboussures.

J'aime les visites surprises de certaines personnes.  De celles qui ne pensent ou n'osent pas se pointer à l'improviste.

Je souhaite, désire, j'aimerais quelqu'un pour remplir mon espace avec moi.  L'occuper des fois.

Mais on ne tombe pas amoureux de moi.




dimanche 18 juillet 2021

 


                                                                     U N E A S Y

                                                                            U N E A S Y

                                                                         U N E A S Y

                                                                     U N E A S Y

                                                                  U N E A S Y

                                                              U N E A S Y 






dimanche 4 juillet 2021

 


Le moral, c'est comme ces petits haltères tout légers de trois, cinq ou huit livres utilisés surtout durant des séries d'exercices répétitifs et plus ou moins fastoches.  Au début, ça se passe bien.  Mais à chaque fois qu'on soulève, on sent le poids qui pèse davantage.  Plus on répète, plus on force.  Plus c'est pénible.  À moins bien sûr de sélectionner une charge à laquelle on est habitué.  Alors là on maîtrise la séance et on passe à l'activité suivante sans trop de soucis.

Au commencement de la journée, le moral peut très bien se porter.  Il peut rester comme ça longtemps, un jour, une semaine, tout le temps.  Parfois, au fur et à mesure que les heures passent et que des choses arrivent, il peut s'alourdir.  Quelques bonnes respirations ou des périodes de pause peuvent redonner de la vigueur et permettre de le supporter à nouveau comme si de rien n'était.  D'autres fois, non.  Et on s'épuise à garder le rythme.

Certains disent que c'est une question de choix.  Qu'on peut choisir le poids, la durée de l'exercice, le nombre de répétitions.  Qu'on peut choisir d'arrêter ou de recommencer.  De continuer ou tenter autre chose.  Qu'on peut décider de garder le moral.

Je crois que trop souvent on s'/nous impose des charges de trop.  Je crois que des fois, des livres  supplémentaires arrivent de nulle part et de n'importe où en même temps et qu'on n'est pas prêt à les gérer.  Ou on ne sait pas comment.

Mon moral, depuis quelques semaines, me pèse beaucoup.  Dès le début de la journée.  Direct en commençant l'entraînement.  J'essaie de le tenir haut, mais peut-être que je me crève encore plus à trop forcer.

J'ai pris des plus petits haltères, mais je trouve que j'en arrache encore.  



samedi 26 juin 2021

 


Ne cessent de fendre :

- le coin de ma lèvre supérieure
- mes humeurs
- le bout de mes doigts
- les boîtes Socadis
- mon moral
- leur présence
- ma motivation
- l'ostie de tape
- mes repères
- les sacs d'ordures







mercredi 16 juin 2021

 


Quelques envies de hurler.  Quelques montées de larmes.

Tantôt au parc sous les arbres presque bien.  

Maintenant chez moi même pas 18 heures, la journée est finie n'est-ce pas?

Je veux aller me coucher.  




lundi 14 juin 2021

 



Un jour de pluie et le beau temps ne reviendra plus.

Une recette gâchée et le plaisir de manger est perdu.

Une mauvaise nuit et la journée est foutue.

Une photo moins flatteuse et la beauté a disparu.

Une journée de marde et le moral est confus.

Une douleur et la santé est vaincue.

Une chicane et le lien est rompu. 

Un rejet et la confiance a fondu.


Quand les jeux ne sont pas encore faits et que déjà, rien ne va plus, c'est qu'on en a trop vu.




dimanche 30 mai 2021

 


Je pourrais dire : aujourd'hui parler me coûte trop.  C'est une chance que je sois en congé.  Mais non.  Aujourd’hui je t’aurais entretenu de plein de choses.

Seule chez moi.  Je pourrais dire : j'apprécie mes chats qui se tiennent près, qui se couchent sur mes cuisses, qui me réchauffent et ronronnent.  Mais je ne peux pas, ils font leurs indépendants.  Chacun somnole dans son coin.  Ils ne se lèvent que pour manger, m’adressent à peine un regard.

Je fais mille petits trucs, aucun qui me tente vraiment.  J'en mets quelques-uns sur pause, j'y reviens, ou pas.  Je ne sais pas ce que je veux faire, ce à quoi je veux dédier mon temps.  J'en suis encore à vivre juste en attendant.  Sans savoir quoi.

C’est une journée où je me rends compte que de rencontrer de nouveaux gens ne garantit pas leur présence auprès de moi dans mon quotidien.  Comment est-ce qu'on est sensé débarquer dans la vie de quelqu'un?

L'instantanéité ne m'approche pas.  L'indélébile ne me choisit pas.




lundi 24 mai 2021

 

Pascal le poil, Élisabeth Brisset des Nos et Julien Roudaut,
Québec Amérique 


Il y a un livre jeunesse qui est paru en janvier dernier et qui s'intitule Pascal le poil.  Je ne l'ai pas lu au moment de son arrivée en librairie, mais je l'ai fait peu après.  Étant donné la relation tordue que j'entretiens avec mes propres poils depuis longtemps - trop longtemps - le titre m'a fait tiquer, et la couverture, un peu sursauter.  Ceci dit, je vous le recommande, à vous et aux enfants, c'est informatif et plutôt rigolo.  Et si ça peut freiner ne serait-ce qu'un peu la haine des poils chez la génération future, bien ce sera déjà ça!

J'ai passé la moitié de ma vie à me battre contre mes poils.  Quand je dis moitié, ce n'est pas une exagération.  J'ai 36 ans, et je dirais que mon obsession s'est développée autour de mes 18 ans.  Il y a eu du sang, des galles, des plaies infectées, du pus, des cicatrices, des larmes, des gémissements, des regrets, de la culpabilité, de la honte, du temps gaspillé, des retards et une quantité gênante de plasters utilisés.  

J'ai les cheveux bruns, la pilosité assez abondante et foncée et la peau pâle.  Mes poils ne passent donc pas inaperçus.  Quand est venu «le temps», ma mère et ma soeur m'ont chaudement recommandé une crème dépilatoire du style Nair ou Neet.  À la première utilisation, j'ai trouvé ça génial.  Mes jambes étaient si douces!  Je me souviens qu'elles m'avaient suggéré de faire seulement le bas, jusqu'au dessus des genoux.  Elles m'avaient également déconseillé le rasoir, parce que ça repousserait plus dru.  Malheureusement, après un certain temps, la crème s'est mise à «pogner» moins bien.  Les poils ne partaient plus, même si je laissais la crème plus longtemps, comme c'était indiqué dans les instructions.  Puis je me suis mise à faire des réactions allergiques au produit, mes jambes se couvraient de rougeurs et de boutons, peu importe la marque.

Pour mon bal de milieu de secondaire, j'ai osé le rasoir.  Je me rappelle avoir trouvé ça encore plus magique.  C'était plus rapide.  Mais j'ai vite constaté que ma soeur et ma mère avaient raison, mes poils devenaient plus apparents d'un rasage à l'autre.  À un moment donné, j'ai osé les cuisses aussi parce que je les trouvais trop velues.  Le rasoir a duré un temps, mais ma peau a commencé à réagir aux crèmes de rasage aussi.  J'ai switché au savon, ce qui peut beaucoup assécher la peau.  J'ai la repousse très rapide.  Et comme les poils sont très têtus, plus je rasais, plus ils repoussaient vite, les sacraments!  

Plus tard, j'ai tenté la cire.  L'effet durait plus longtemps, mais l'épilation prenait beaucoup de temps et ça faisait du gâchis.  Je me suis déjà brûlée au deuxième degré en oubliant de tester la chaleur.  J'ai eu une cicatrice pendant des années après.  J'ai ensuite voulu essayer l'épilateur, méthode de prédilection de ma mère depuis de nombreuses années.  J'ai pleuré de douleur tout le long la première fois et je m'étais dit que je ne le referais plus.  Ce n'est qu'à mes 19 ans environ, après avoir passé une longue période durant laquelle je ne faisais que passer le rasoir sur mes jambes freestyle dans la douche après m'être lavée que j'ai décidé de réessayer l'épilateur.  Et depuis, à part quelques occasions, j'y suis demeurée fidèle.  On finit par s'habituer à la douleur.  Au fil des utilisations, ça se transforme en inconfort puis en presque rien du tout, tout dépendant des régions du corps.  Je me suis vite rendu compte que plus on monte, plus ça fait mal, ce qui fait que je ne me suis jamais épilé le bikini, oh no.

C'est vers mes 18 ans que je me suis mise à apprécier mon corps.  Je réalisais enfin que je pouvais être désirable, et même que j'étais hot, selon les standards de beauté de l'époque.  Je constatais ma minceur, mon ventre ferme.  Mon estime personnelle commençait tout juste à se fabriquer.  Il m'arrivait de prendre la pose devant le miroir et d'imiter Christina Aguilera sur la pochette de son album Stripped.  C'était durant le règne des jeans taille basse.  Selon moi, il n'y avait rien de plus sexy que le midriff de Britney Spears à la sortie de son album Britney et du single I'm A Slave 4 U.  Je me comparais à elle et aux femmes qui figuraient dans les magazines du début des années 2000 et j'étais enfin satisfaite de ma silhouette.  

Le problème, c'est que j'avais déjà spotté les quelques poils qui entouraient mon nombril.  Dans ma tête, ils n'avaient pas d'affaire là, ou ils étaient à tout le moins trop foncés pour une fille.  Je vivais alors mes premières expériences intimes avec des garçons et j'étais convaincue qu'ils ne devaient en aucun cas voir ces poils.  Après tout, ça ne se voyait pas, une femme avec des poils.  Nulle part.  Je ne voulais pas les dégoûter, je voulais continuer à recevoir des compliments, compliments que j'avais tant espérés et attendus en vain durant toute mon adolescence.  Je devais être à la hauteur.  Il ne fallait pas qu'il y ait quoi que ce soit de «weird» ou d'«anormal» avec mon corps.  

J'ai commencé par essayer les crèmes décolorantes pour remédier à ça.  Je le faisais déjà à d'autres endroits, comme ma lèvre supérieure (oui, j'ai une moustache), entre les seins et le bas du dos.  Mais mon ventre, je le voulais parfait, et les poils plus foncés demeuraient apparents.  Alors j'ai fini par flancher, et à l'aide d'un rasoir électrique, je me suis débarrassé des poils autour et sous mon nombril.  Pas longtemps après, je me suis mise à tailler la région du pubis, ou à «m'entretenir le bikini», comme on dit.  J'ai déjà et longtemps tout rasé.  Les poils incarnés sont apparus, et ça a été le début du massacre.  Foutus poils incarnés de l'enfer!  C'est le mal.  J'ai tout de suite détesté ces points noirs, ces fils pris sous ma peau translucide.  Ma quête pour les anéantir avait débuté.

Je dois dire qu'à la même époque, j'abusais déjà de la pince à épiler avec mes sourcils.  Je me suis promenée avec des demi-sourcils pendant plusieurs mois.  J'en enlevais trop au milieu aussi.  J'ai réussi à slacker tranquillement après que ma mère m'ait gentiment suggéré de laisser une ligne plus fournie.  Le problème s'est seulement déplacé ailleurs.  Au fil des ans, les zones d'obsession ont pour ainsi dire migré vers le bas.  Ça a débuté avec les sourcils, c'est descendu au ventre, puis s'est ajouté le sternum, les aisselles, le pubis, l'intérieur et le derrière des cuisses, puis le devant des jambes.

Au début, je n'utilisais qu'une pince à épiler pour venir à bout des poils récalcitrants.  Et j'y allais plus ou moins doucement.  Ce n'est qu'avec le temps que je me suis mise à peser plus fort, à creuser plus profond, à laisser des marques, à agrandir les trous.  Les trous sont devenus des cratères.  Quand je ne réussissais pas à atteindre ma cible et la retirer, je me tournais vers les ciseaux de manucure et le coupe-ongles.  Je fouillais mon épiderme de plus en plus près.  J'étais rendue à inspecter chaque centimètre carré de ma peau avec ma face à un pouce de la région à épiler.  Je visais la racine, je voulais arracher l'ennemi à sa source même.  Les éliminer coûte que coûte, un par un.

Mes séances d'épilation se sont allongées.  Je ne pouvais pas arrêter, ni remettre à plus tard.  Ça me chicotait trop.  Je ne pouvais pas passer à autre chose ou m'occuper ailleurs, le poil pris me restait en tête.  Je devais terminer la job.  Ce qui est grave, entre autres, c'est que la satisfaction de réussir à déloger un poil sur lequel tu gosses depuis looooongtemps, c'est presque jouissif.   C'est un soulagement immense, un accomplissement, une fierté.  C'est une victoire.  Mais ça reste une victoire dérisoire que tu ne peux partager avec personne.  À qui tu dis que tu as fini par arracher le poil que tu as trituré pendant deux heures?  Personne va te féliciter.  Tu vas te faire juger, prendre en pitié, être incomprise, traiter de freak.  Et tu pourrais juste acquiescer, parce que toi-même tu te juges, tu te méprises, tu ne te comprends pas et tu te traites de freak.

J'ai perdu des centaines et des centaines d'heures à faire ça.  À cause des contorsions incroyables que j'exécutais pour scruter ma chair et des positions que je maintenais trop longtemps, je me suis infligée des douleurs, des crampes et des engourdissements.  Si je suis encore souple et pas mal flexible aujourd'hui, c'est tristement en partie grâce à mes séances d'épilation. 

Pourquoi se soumettre à ça?  Pourquoi se faire subir ça?  Par esthétisme, oui.  Mais dans mon cas, pour plusieurs autres raisons également.  Pour changer le mal de place.  Pour penser à autre chose.  Il y a eu des périodes où j'avais si mal en dedans que de m'arracher la peau me soulageait, en quelque sorte.  J'appréciais aussi le contrôle que j'avais sur mes poils, contrairement aux trucs qui me faisaient chier dans ma vie. Les choses auxquelles je ne pouvais rien changer me mettaient en furie alors je me défoulais avec ça.  J'avais beaucoup de colère envers moi-même aussi.  Ça devenait une façon de me punir.  Des fois, c'était pour passer le temps, carrément.  Aussi bête que ça puisse sembler, c'était devenu un passe-temps.  

J'ai pleuré, j'ai grogné, me suis trouvée conne.  Ça m'a pris des années à assimiler que le poil pris paraît beaucoup moins que les blessures d'après-torture.  Je dois encore me répéter qu'en fait,  ledit poil n'est visible que par moi.  J'ai régulièrement menti à propos des marques sur ma peau.  Je disais que c'était dû à des réactions allergiques, ou à des boutons que je ne pouvais pas m'empêcher de gratter, ou à ma ceinture qui frottait.  Je justifiais les retards que ça occasionnait parfois par des excuses minables.  Ça se dit mal «Je suis en retard parce que je réussissais pas à m'arracher un poil».  

Je me sentais plus belle imberbe, plus désirable, mais l'ironie est que je me suis souvent caché les jambes en public.  J'ai porté des pantalons longs ou une jupe longue en pleine canicule parce que je m'étais trop scrappé la peau.  Et j'ai à peine pu exhiber fièrement mon ventre ferme au début de ma vingtaine parce que je le mutilais.  J'ai toujours été plus ou moins consciente que c'était davantage une pression que je me mettais à moi-même.  Oui, la société, les films, les magazines me proposaient seulement des jeunes filles à la peau lisse et dénuée de toute pilosité, mais dans mon quotidien, on ne m'a jamais fait sentir dégueulasse à cause de mes poils.  Aucun amant ou amoureux ne m'a fait de remarque à ce sujet.  Peut-être que c'est parce qu'ils en ont rarement eu l'occasion.  Je n'attendais pas une repousse complète, je sortais l'épilateur au fur et à mesure que je voyais des poils apparaître.  Je checkais toujours mes jambes.  Je voulais être prête à toute éventualité.  Ne pas être embarrassée, s'il m'arrivait un accident et qu'on devait déchirer mes vêtements.  Pouvoir accepter toutes les invitations : baignade improvisée, aventure d'un soir...

J'en ai toujours voulu à ma mélanine d'être aussi présente.  J'aurais tellement aimé être blonde ou n'avoir qu'un petit duvet qui dore au soleil.  Je les envie encore, les femmes peu velues et/ou pas foncées du poil.  J'ai de nombreuses fois souhaité (même rêvé) pouvoir m'offrir une épilation définitive.  Je me suis beaucoup renseignée à ce sujet, lu beaucoup d'articles comparant les différentes méthodes.  

Tout ça c'était mon secret.  J'ai tenté quelques fois de parler de ma fixation à ma mère, plutôt maladroitement.  J'en ai déjà fait mention sur ce blog à quelques occasions, d'abord de façon très métaphorique puis de plus en plus ouvertement.  Ce n'est qu'il y a cinq ou six ans, lors d'une séance d'art-thérapie en groupe, que je me suis finalement livrée sans censure.  Ma psychothérapeute a repris la problématique lors de nos séances individuelles.  Je n'avais pas de nom pour ça.  C'était une forme d'automutilation, oui.  J'avais fouillé un peu, avais lu à propos de la trichotillomanie, mais ce n'était pas vraiment ça.  En 2019, je suis tombée sur un témoignage d'une dame qui vivait la même chose que moi.  Elle avait les mêmes patterns, les mêmes hantises.  Elle a mentionné la dermatillomanie.  Je crois que c'est plus ça.  

L'automne dernier, j'ai réussi à laisser aller, à laisser pousser mes poils.  À moins scruter ma peau ou surveiller la repousse.  Les fois où je regardais mes jambes, je les trouvais belles, marquées oui, mais sans bobos «frais».  Je suis même allée à mon examen de routine chez mon médecin poilue!  J'ai passé une radiographie et une échographie de mon pied droit poilue!  Avant, je ne sortais pas de chez moi sans m'épiler.  Au cours de l'hiver, j'ai aussi réussi à espacer les épilations, je ne le faisais qu'avant mes rendez-vous chez la physiothérapeute ou le massothérapeute.  

Ce printemps, je l'ai refait, je me suis lâchée lousse.  Sans m'en rendre compte et sans avoir planifié, j'ai participé à #maipoils.  Encore une fois, je trouve ma peau plus belle.  On voit encore des cicatrices, bien sûr.  Partout sur mes jambes, et à quelques autres endroits, il y a des petites taches blanchâtres.  Il y en a d'autres qui tirent sur le mauve, là où j'ai creusé très très profond.  Je me félicite quand même de ne pas avoir repris mes habitudes autodestructrices malgré la solitude imposée avec la pandémie.  J'aurais pu retomber.

Je pense souvent à ne plus me raser ni m'épiler.  J'ai envie d'essayer ça cet été.  Je suis tellement tannée de mettre du temps là-dedans!  Mais quand je regarde mes poils, je trouve ça laid en bâtard.  Malgré ma peau plus belle.  Étrangement, j'accepte les poils des autres beaucoup plus que les miens.  J'essaie de m'inspirer de celles qui osent ne pas succomber aux diktats esthétiques de la société.  D'écouter celles qui disent se sentir libérées par cette décision.  De ne pas penser aux réactions négatives que ça pourrait provoquer.  Peut-être que je ne tougherai pas longtemps.  Mais je suis game de tenter l'expérience.

Tout le monde devrait pouvoir gérer ses poils de la façon qu'il ou elle le souhaite.






samedi 15 mai 2021

 

Aujourd’hui, je suis rentrée d’une promenade à 20h45.  La noirceur, entre autres choses, ne m’est plus familière.  Quoi d’autre m’a échappé?  Beaucoup de détails.  Ce qui se répétait avant, ce qui revenait souvent.


Le familier ne m’est plus familier.







jeudi 6 mai 2021

 


Nothing's wrong, but everything's not right either.  
Surely someone said that before.  
Or already felt it.  
Surely.
Shirley.



lundi 3 mai 2021

 


À l'époque où l'on vit, les divertissements ne manquent pas.  Les films et les séries n'ont jamais été aussi accessibles, et c'est tant mieux, surtout quand on est confinés chez soi entre 20h le soir et 5h le lendemain matin.  Les jeux vidéo, les livres, les jeux de société, tout ça se consomme aussi facilement.

La fiction m'occupe beaucoup et j'apprécie.  Je l'ai toujours chérie.  Par contre, vient un moment où on se dit qu'il serait bien de vivre quelque chose pour vrai et pas ressentir seulement par procuration à travers des personnages.

Comme le social est très limité ces temps-ci et les nouvelles rencontres inexistantes, la fantaisie, les fantasmes et leurs semblables demeurent dans le domaine de l'imaginaire, à mon grand regret.  J'ai concocté une nouvelle liste d'hommes tentants, question de continuer à tâter l'inatteignable.  Les précédentes se trouvent ici, ici, et .


Hommes de rêves (sur l'air d'une chanson connue) :

  • Louis-José Houde.  Encore et toujours mon meilleur.
  • Éric Bruneau.  Je l'ai toujours trouvé beau, mais depuis que je l'ai vu dans la série Trop, j'apprécie aussi son jeu d'acteur.  Il est bon aussi dans Faits Divers IV et Coroner.
  • Donald Glover, aka Childish Gambino.  Ben t'sais, tellement trop de talents en un seul individu.  Peut-être même qu'il surpasse M. Houde dans mon coeur?  Je n'ai pas envie de trancher.
  • Keanu Reeves.  Quel homme!  Je crois à toutes les histoires témoignant de sa gentillesse, de son humilité et de sa générosité.
  • Jonathan Bailey.  Une des deux raisons pour lesquelles j'ai voulu regarder la série Bridgerton.  
  • Regé-Jean Page.  L'autre raison pour laquelle j'ai voulu regarder la série Bridgerton.




dimanche 2 mai 2021

 


J'adore les animaux.  Mais il y a des espèces que la nature n'a pas gâtées.  Il y en a qui font peur.  Je parle seulement de leur look, parce que je reconnais qu'ils ont des raisons d'être ici (la plupart, du moins) et de bonnes et admirables habiletés.  Heureusement, certaines personnes ont assez d'imagination et de talent en dessin, en animation ou en textile pour les rendre attachants (la plupart, du moins).

Je tiens à dire que je suis contre la maltraitance de qui ou de quoi que ce soit, alors bien qu'ils soient terrifiants ou affreux, les éléments des listes suivantes doivent pouvoir vivre dans le respect!  No cruelty please.


Animaux, insectes et autres créatures laid(e)s ou dégoûtant(e)s en vrai, mais mignon(ne)s autrement :

  • les pieuvres, calmars et autres céphalopodes
Pieuvre inquiétante.

Mon pote Sergio J. Squid qui me supervise au boulot.
  • les insectes (sauf les mantes religieuses et les papillons, qui sont déjà magnifiques)
Qui aime les perce-oreilles, QUI?

Je préfère de loin les dessins d'insectes,
comme par exemple ceux d'Adolphe Millot.

  • les araignées
Scène touchante tirée du film Home Alone.

Lucas the Spider est cute au boutte!

  • les serpents
Python royal repoussant.


Oeuvre de Cat Johnston.
Il est beau, lui.

  • les limaces
Limace-sauteuse dromadaire.

Limace funky.

  • les tardigrades
Tardigrade au microscope.

Tardigrades sympathiques.



Par contre, il y en a que rien ne peut les aider à les rendre attendrissants.  Aucun cartoon, aucune fourrure, aucune couleur...  Rien.

Ceux qui sont juste trop horribles :
  • les ayes-ayes
  • les blobfish
  • les taupes à nez étoilé
  • les rats-taupes nus

Je ne mets même pas de photos.  C'est tout dire.



*Oui, il peut y avoir des exceptions.  C'est subjectif, tout ça.



jeudi 29 avril 2021

 

Aujourd'hui, le jeudi 29 avril 2021, c'est la 5e édition de la Journée du poème à porter.  J'en profite donc pour vous présenter Vieille Fille, notes intimes (Moult Éditions), un prodigieux recueil que j'ai adoré.  Que j'aurais aimé écrire, en fait.  C'est beau et c'est réel.  C'est bourré d'autodérision, de cynisme et de lucidité.  En plein mon genre, avec un thème et des situations qui me rejoignent presque trop.




«Sainte, ma Bible!», me suis-je dit en le voyant pour la première fois.

C'est absolument tout à fait ça.

En ouvrant le livre pour le feuilleter, c'est sur ces deux pages que je suis tombée.  Je me suis esclaffée, ça me parlait trop.
Vieille Fille, Vieille Fille, notes intimes, Moult Éditions.

Pas mal ça!
Vieille Fille, Vieille Fille, notes intimes, Moult Éditions.

Oui.
Vieille Fille, Vieille Fille, notes intimes, Moult Éditions.