mardi 18 décembre 2007


Je veux sentir mes os. Sous ma peau, les toucher, m'assurer qu'ils s'y trouvent, qu'ils ont froid. Les effleurer, les apercevoir, deviner leur forme, les rendre saillants, ne pas les savoir trop fragiles, penser qu'ils pourraient se fracasser.

Mes os, sous ma peau. Trouver leur couleur, jouer avec des embouts, détailler les jointures. Gratter mes os, jusqu'à ce qu'ils s'effritent, jusqu'à ce qu'ils s'écoulent de mes pores, jusqu'a ce qu'ils se fassent minutes d'un sablier.

Mes os, bâtons de percussion. Ombres de mouvements, lignes d'une silhouette. Des sons, les déplacements, une vision. Sous ma peau, mes os.

Je voudrais voir mes os. Sous ma peau. Les cogner, les casser, les fêler. Je voudrais chatouiller mes os. Rire de leurs fissures. Les filer en douce, suivre leur trace. Je voudrais laisser chanter mes os, écouter leurs ballades, battre des mains et suivre leur rythme.

J'aime sentir poindre mes os. Les voir étirer ma peau. Mes os, qu'ils soient là, sous ma peau.



samedi 8 décembre 2007


Bonne nouvelle: mis à part le cancer de la pensée négative, du pessimisme, il n'y a pas d'autre tumeur qui habite mon corps. C'est rassurant. Un soulagement. Parce que je n'aurais pas voulu avoir à combattre un mal de plus.

C'est fou, les flocons aussi ont un rythme. Qui change, qui vacille. Je vacille. Je danse, ma vie, je m'emporte. Je pense que je vis. Ou que je survis. Un exploit, pour moi.

Je brûle. D'un peu partout. À force de courants d'air froid, à coups de chaleur sèche soufflée par un petit engin tout de même puissant, à cause d'une réserve vide d'énergie manquante, à bout de sursauts tout court. Mais je survis, et même, je vis.




samedi 1 décembre 2007


There are people I could listen to forever. Even if they don't really look at me when they are talking. People I could stand by or stay close to all the time. And watch their hands mimic what they are saying. People I could try to figure out why I need or want so much to be surrounded by them. But can never come up with an answer because I am not looking that hard for a reason.

There are days I wonder why I search for solutions. And prefer to stick to my illusions. My fantasies. There are nights I wish not to wake up in the morning. Nights I pray I could sleep forever, and dream away. Or live like crazy, like before, like a little after, like in-between.

Right now, I could go on like I do for a while. The pain is not that bad. Not so unbearable. Sometimes it's almost unnoticeable. I get to breathe from time to time, and I get to enjoy it. At times. Like at this moment.

I will go eat more moroccan clementines now.


mercredi 21 novembre 2007


La fin de semaine dernière, j'ai renoué avec Montréal. Et je dois avouer que je l'ai beaucoup aimé, mon séjour dans cette ville. Je me suis même surprise à penser que bah, y vivre, ce ne doit pas être si pire, ça pourrait même être bien... Merci à Patrick de m'avoir si bien accueillie :)

Qu'est-ce que je suis allée foutre là-bas? Je suis allée m'amuser, je suis allée manger dans des restos supers où les salles de bains étaient toutes plus hallucinantes les unes que les autres, je suis allée au cinoche voir Gone, Baby, Gone (cette façon de soulever une si grosse question morale, wow), je suis allée au théâtre Prospero assister à une représentation atroce d'une adaptation de La métamorphose de Kafka (la folie peut être, devrait être, illustrée par d'autres moyens que la danse du bacon...), je suis allée faire un tour au Salon du livre (trop de gens rassemblés en un même lieu endormant et lourd... oui oui, je suis libraire!) et je suis allée dans un parc faire la lecture à mon ami. Je garde une belle image de ce qui se plaçait dans mon champ de vision, alors que j'étais assise sur un banc sous un soleil pas très chaud, entourée de mon auditoire composé de mon ami, d'écureuils dodus et de pigeons roucouleurs.

Revenons aux salles de bains. La première, visitée au Café Local, était tout simplement grandiose. Tout y est fait de marbre, ou en a l'apparence. Les couleurs foncées donnent un aspect riche à l'endroit, et le gigantesque miroir au tout aussi imposant cadre collabore aussi à cet effet. Je sais, ça n'a rien de trop extravagant et ne semble pas digne d'être mentionné, mais attendez. La deuxième, rencontrée à La Petite Marche: pourquoi deux bols côte-à-côte, sans cloison entre, je dis bien AUCUNE division, dans la toilette des filles? Pourquoi? Deux copines auraient pu pisser en se tenant par la main, dans cet environnement au look de bateau de pirates, avec tous ces cordages et ces filets. Je ne vois aucune logique là-dedans, d'autant plus qu'il y avait deux salles INDIVIDUELLES pour les hommes, une avec urinoir, l'autre avec toilette standard. Je ne comprends pas la vie, dans des moments comme ceux-là. Puis la troisième qui ait su m'émerveiller est celle de La Boîte Gourmande. Quand j'y suis entrée, j'ai cru avoir affaire à un endroit crasseux rempli de graffitis, malgré que l'endroit ne suggérait pas un tel décor pour sa salle de bains. Mais les murs sont en fait des tableaux noirs, du genre ardoise! Je me suis amusée comme une enfant à lire les messages des utilisateurs précédents, puis j'y ai inscrit une de mes citations favorites, une d'Éluard, soit «La forme de tes yeux ne m'apprend pas à vivre». Grand moment dans ma vie de femme de lettres (!).

Depuis ce trip montréalais, il me prend une envie de visiter mille villes. New York, si le concours veut bien que je sois sa gagnante. Toronto, avec un gars super et peut-être d'autres gens aussi géniaux. Ce qui demeure concret, c'est Moncton dans les prochains jours. Pas tant pour la ville que pour qui s'y trouve, mais bon...

Des choses m'émoustillent, ces jours-ci. J'en souris et j'en soupire de contentement. Il était temps.


dimanche 11 novembre 2007


Non, je sais pas la vie. Je n'existe qu'à travers des histoires corrosives. Je ne respire qu'au centre de poumons déjà crevés, déjà enlevés. Je m'ampute de ce qui m'embête trop. Je ne vis qu'à l'intérieur d'une bulle que je fuis. Je rêve de ce qui a déjà été, de ce qui pourrait devenir. Et j'oublie que je les aime bien, tes yeux. Je recule parce que trop de gens avancent. Ouais. Je fais ça, moi. Je chuchote si l'on veut bien m'entendre. Suffit qu'on en ait assez de moi pour que je radote. J'envoie promener des messagers à la con, j'envoie valser des cordes, je rumine des forts, je suggère des stratégies. Je fais la guerre à ma tête, celle qui m'a dit de ne plus aimer. Je soulève ma cervelle, y discerne quelques-unes de tes empreintes, t'es passé par là y'a pas si longtemps. Je me fous d'être ce que vous craignez. Je te dis que je suis bien dans ma misère, je mens atrocement mal mais seulement qu'aux autres. À moi je mens très bien. Dans le fond c'est faux, je ne mens pas. Mais affirmer que je mens alors que je ne mens pas est un mensonge, non? Alors tout ce qui est vrai est faux. Ou les faussetés s'avèrent vraies. Reprenons: je t'ai balancé en plein visage l'insupportable foire qui rage dans mes veines. Mais je supporte, puisque j'y suis encore. Je bois les illusions des autres, celles qui me plaisent le mieux, et je les rends miennes. Alors tu m'aimes. Parce que chacun pense qu'on l'aime. Ou l'espère, au pire. Mais ce n'est pas ma préférée, j'en choisis une autre, veux-tu. Et puis tant pis. Quelqu'un m'a soufflé ses vérités, je l'aurais embrassé. Comment deviner sa sincérité? Je le sais. C'est tout. Il n'y a rien d'autre à vérifier. L'instinct n'a plus à être examiné, il fait défaut parfois, et parfois il est à point. Voilà. C'est comme la vie, elle est sans doute magnifique, à l'occasion, alors qu'à d'autres elle est nulle. En fait, ce n'est pas la vie qui est belle ou à chier, ce sont les autres et ce qu'ils font. Ce qu'ils se font, entre eux. Ce que nous faisons, chacun notre tour, au copain assis à notre droite. À l'eau les absolus. Il faut être assez prétientieux pour croire détenir toutes les réponses. Je ne les ai pas, et c'est peut-être pour ça que je vis encore, et qu'il m'arrive de commettre des bévues. Vous savez je parviens à écrire. Trop lentement, et mon roman ne sera pas prêt avant mes trente ans. Si je les vois, toutes ces années-là. Vivre jusque là. Moi. Une belle blague, un beau projet en soi... Je veux bien y aller, à New York. Dans tes bras. Nous pourrions nous brûler, nous consommer à profusion, puis nous éteindre sans trop de flammèches. Faut pas déranger les voisins. Perturber les parents. Faire honte à toute la famille. Faut pas. Des cendres, dans mes yeux. Quand je pense à toi. Ah, je hurle. Une extase m'a pris les veines. C'est toujours trop la folie, là-dessous, mais ça change de la panique habituelle. C'est bon signe, quand tout à l'intérieur se coince, et que la peur me prend de respirer trop vite. Ou pas assez. Ou trop profondément. D'un coup que mon coeur explose, d'un coup que je puisse me dire «ça va, tout va». D'un coup, hen. J'ai jamais trop peur de rire, par contre. Peut-être que je m'effacerai aux éclats?


dimanche 4 novembre 2007






Drôle, comme on peut incarner deux contraires à la fois, ou de façon successive. Comme on peut se foutre de tout et avoir peur pour rien. Comme on se réinvente pour mieux détruire ce que l'on a déjà été. Comme on se conserve pour ne pas subir les nouveautés. Comme on peut s'entourer pour ensuite n'espérer qu'avoir la paix.

Parfois, je suis impulsive et à d'autres moments j'attends trop. J'attends surtout lorsque ça presse. Je ris et suis insouciante, puis je m'inquiète et deviens grave. Mais il n'y a rien de grave. Rien ne devrait être assez sérieux qui puisse m'empêcher de sourire. Et pourtant...

«Je veux changer de trajectoire. Je n'irai pas dans cette voie. Attendez, j'y reviendrai sûrement plus tard...»

Je me perds dans mes oppositions, des fois, alors que la plupart du temps je me plais à demeurer inclassable. J'emmerde les catégories, les genres restreints. Les yeux grand ouverts, je regarderai les marges s'étirer. Les puits s'agrandir. Plus de place pour s'enfoncer, ressortir puis respirer.




lundi 29 octobre 2007

Une rampe d'escalier m'a fait pleurer. Je n'ai fait que l'effleurer, à peine m'y appuyer la paume, et elle m'a réduite en larmes. La panique s'est emparée de moi. Parce que j'ai su à cet instant-là qu'il fut un temps où j'espérais encore. D'un coup, je me suis souvenue des millions de fois où j'ai frôlé cette rampe pour grimper dans mon espace à rêves. Ces occasions où j'anticipais tant... Un «jadis» qui en dit long sur bien des choses.

Tout à l'heure, je suis passée à côté de dizaines de giclées, ces taches liquides qui assombrissent le sol, le temps qu'elles sèchent. Comme dans ma tête, ces éclaboussures d'asphalte, et sur le vieux ciment des trottoirs. C'est fou ce que les gens laissent tomber...

J'aimerais vivre avec un fantôme. J'aurais la paix. Et la hantise facile, mais plus explicable. Je sais que c'est impossible et puis je me vois, moi entourée de soucoupes. Faites fuir ma vie.

Les nuages se tordent; une tempête s'amène.


jeudi 18 octobre 2007


Un kiwi, c'est laid, quand on y pense. Autant du dedans que de l'extérieur. Mais on n'y pense pas, on ne fait que le déguster, et ça va. Mais si on y réfléchit vraiment, toutes ces petites graines noires en suspens dans la peau verte, c'est dégoûtant. C'est à croire qu'elles tiennent une réunion, ainsi placées en rond autour du coeur blanchâtre dudit fruit. Et que dire de la pelure! Qu'en dire, oui... On n'a pas envie d'en dire grand chose, en fait.

... Comme quoi l'insignifiance est à peu près inspirante.

Sinon, autrement, je ne me force pas. Pas assez, en tout cas. Deux petits pas et me voilà partie, en train de déchirer des toiles en pensées. En train de tomber, partout, dans les escaliers, dans les airs. En train de tomber des airs. Me voilà là, en train de feuilleter, en train de laisser filer. Les heures, le vent, les contes. Me voilà dans mes idées, qui ne restent que ça, des idées, des ébauches.

... Comme quoi la paresse est tout à fait anesthésiante.


mardi 16 octobre 2007


Petite impression de déjà vu. Petite? Non, grosse impression. J'ose espérer que les trucs qui se répètent reviennent en apportant une touche nouvelle. Les cours, les examens, les travaux, j'ai mis tout ça de côté. Plus pour de bon que l'automne dernier. Mon aversion pour les méthodes d'évaluation est maintenant à son plus haut niveau et la motivation n'y est plus. Je me sens plus libérée que je ne l'aurais cru. Avoir su, je l'aurais fait plus tôt!

Qu'est-ce que je vais faire de moi? Je vais travailler à la librairie. Un des seuls endroits où j'avais envie de me rendre, ces deux derniers mois. Et je vais lire, pour moi, sans avoir à faire de rapport à qui que ce soit en échange de points. Je vais écrire. Thomas et Sophie, leur histoire, elle devient de plus en plus pressante. Je vais marcher, parcourir et parcourir des kilomètres, fouler tant de sols... Et je vais me tisser un goût de vivre, j'imagine.



jeudi 11 octobre 2007


J'aime Matthew Good. Je l'aime je l'aime je l'aime. Hier soir, j'ai eu la chance de le voir en spectacle pour la première fois. Je ne croyais pas être capable d'une telle réaction devant mon idole: quand il est apparu sur la petite scène du Dagobert, les larmes m'ont monté aux yeux. J'ignore si c'est parce que je me tenais à trois pieds de lui et que dans mon esprit il est soudainement devenu tangible au lieu de demeurer cette personnalité floue qui renvoie une si belle et si réelle décadence à travers ses compositions. J'ai été prise de tremblements durant les trois, peut-être même quatre premières chansons. Et de temps à autre, de nouveaux frissons m'ont parcourue, en particulier lorsque seule sa voix, étrange mais si agréable à écouter, vibrait dans toute la place. Et ce qu'il est drôle, cet homme. Il m'a fait rire. De bon coeur. Il ne le saura sans doute jamais, mais il m'a fait vivre, l'instant de son show. En fait, il n'a aucune conscience de tout ce que j'ai vécu à travers ses chansons, mais c'est le propre, ou plutôt le privilège, de chaque artiste, il me semble.

Je me souviens du moment où j'ai flanché pour Matthew Good. J'avais dix-huit ans, c'était une nuit en mars, quelques mois avant la graduation. Mes plus grands soucis de la semaine consistaient en la tâche de me dénicher LA robe parfaite pour le bal et l'angoisse de penser que mon crush du moment allait peut-être sortir avec la présidente de la polyvalente et que dans ce cas, il ne m'accompagnerait pas à cette fameuse soirée. Finalement, ils sont devenus un couple, oui, et sont allés ensemble au bal. Moi, ma robe n'était pas parfaite, elle était belle, et j'y suis allée accompagnée d'un bon ami, et nous nous sommes bien amusés.
Il y a des éventualités pires que ça, j'avoue. Mais comme bien des événements sensés être grandioses, le souvenir que j'en garde m'est moins précieux que celui que je conserve d'autres moments «ordinaires». Je chéris davantage les tournées de théâtre avec cet ami, et les heures passées à regarder mon crush imiter Metallica et Iced Earth (deux groupes que je n'apprécie pas particulièrement, mais lui il adore, alors... Et il s'en tenait aux classiques que j'aime bien), par exemple. Enfin bref, pour en revenir à M. Good, je dormais chez ma grand-mère, le soir où je l'ai découvert. Je m'étais installée avec une nouvelle compilation d'artistes variés, qui m'étaient pour la plupart inconnus, et mes écouteurs pour me border. Indestructible est passée. J'ai tout de suite adoré cette guitare et cette mort remédiée. J'avais déjà entendu Hello Time Bomb et une ou deux autres de ses chansons, mais aucune ne m'avait encore fait de semblable effet. J'ai dû l'écouter quinze fois, ou plus, avant de pouvoir dormir. Je n'ai pas tardé à me procurer l'album Beautiful Midnight, qui reste toujours un de mes préférés (douce I Miss New Wave, douce douce Suburbia, douce douce douce Running for Home...). Et puis les autres ont rejoint ma collection. Il y a des morceaux que j'ai dû apprivoiser plus que d'autres, mais il n'y en a pas un qui puisse nier le talent et le génie de cet homme, à mes yeux. Ses obsessions, souvent transformées en une aisance à traiter de sujets délicats, me fascinent. L'homme parle d'amour, de la mort, de prostitution, de guns, d'alcool, de consommation (dans le sens d'acheter) et de sexe d'une façon qui m'effraie et me séduit tout à la fois.

Avalanche, son premier album solo, m'est rentré dedans durant une période particulièrement noire de mon existence. La pièce titre, Weapon, In A World Called Catastrophe, While We Were Hunting Rabbits et Bright End of Nowhere ont servi de trames de fond à mes tourments de l'époque, et il m'arrive encore de me tourner vers ces paroles quand j'ai besoin de me dire qu'à quelque part quelqu'un d'autre sait. Ou semble savoir, tellement c'est approprié. Après des semaines passées à écouter ce disque en boucle, j'ai dû me tenir loin de toute cette sombre musique car seules quelques notes me ramenaient à mes mauves. Le sevrage a duré six mois, je peux désormais la consommer à nouveau sans trop de risques. «Sans trop», j'ai dit.

Je ne sais pas pourquoi je raconte tout ça. Probablement parce que j'avais envie de parler de lui. Et de m'étendre sur mon cas, encore. Ressasser ces petits instants de fin de secondaire et de début d'université me fait me demander comment j'ai fait pour en arriver là, et tout aussi en miettes parfois. Il y a des cycles croissants dont j'aimerais bien me défaire...

Je ne peux pas choisir entre tous ses textes lequel je souhaite mettre ici. Alors j'y vais avec le hasard: Bright End of Nowhere est la chanson qui joue en ce moment dans ma playlist, c'est donc celle que je partage. Elle est un peu comme un baume amer après la tempête... Ode to Matthew Good.
Here’s the bright end of nowhere
Here’s the results of all our days
Used to lay on the roof and drink beer
And try and count up all the ways
That you could waste away
Looking back it seemed so simple
But having done it I couldn’t say
The lights are out baby
And I’m a mouse
The lights are out
Baby so hear me out
The lights are out baby
And I’m a mouse
So here’s the bright end of nowhere
Here’s the commercial of all our days
Go on vacation and drink beer
And try and forget all the ways
We let ourselves get away
Looking back it seemed so simple
But having done it
It’s not the same
The lights are out baby
And I’m a mouse
The lights are out
Baby so hear me out
The lights are out baby
And I’m a mouse

(Matthew Good, Bright End of Nowhere)


lundi 8 octobre 2007


All we do is wait.

All we do is trip over someone else's shoes. We dance, and we forget. The dryness of every other day. But then the music stops and the steps grow farther from each other and our heads become heavy with thoughts again. We have no shape. We absorb our surroundings, sink into what's ahead of us. Or what's behind. We rely on memories to carry on. With the hope that something as grand as that time you laughed so hard, or that afternoon you felt you really belonged, or that night you spent in that other person's arms, or that morning you watched the sunrise with friends you really got to know during the few past hours, or that evening you wrote or read or saw something so incredibly pure and relevant and touching, will occur. What is there to do to believe that we can still rave about the future? It is the present that fades us all. That overrides us. Because tomorrow might be good. Might be great. But between this time and the lust one, deserts arise. There is no perfect state. We long for more, regret what there was. We crawl towards water that will leave us like anything but replete, in the end. Our bodies turn into sore ensembles, tired silhouettes.

All we do is repeat the same tune over and over. False prayers to make it seem less hard. Or to make it appear more awful. We push deadlines, delay necessities. So we don't have to face the task of living up to expectations. We detest obligations, create diversions and avoid choices. We are lame. We hide inside chests made out of wood and velvet, we sleep to let it all slip away. We lie, we paint, we draw. To cover ourselves, to conceal ugliness, to wrap the truth and leave it on a shelf. The highest one. We are scared, but not worried anymore. We are waiting. We are out of our minds, out of our souls. We are referring to ourselves as "we" only to feel less alone.


samedi 6 octobre 2007


Je soupçonne des larmes de ne pas trouver leur chemin, plus tard, durant la course. Une musique de fin du monde m'avertit du danger qui se faufile à trop rester ici. Entendre des instruments à vent et beaucoup de xylophone aiguise mon coeur. Puis un peu d'orgue le fait enfler.

Ambiance de perles: cassante et trop chère.

Qu'est-ce que je ferais si je n'étais pas là? Je dormirais et je rêverais de toi. Tu t'enfoncerais dans ma tête sans que je te le demande.

Petite folie en boîte.

La lumière cligne de l'oeil, ne souhaite plus m'éclairer. Peut-on la blâmer. Mais de quelles couleurs sont les chaussures que j'ai trouvées? L'éclat ne me connaît plus.

Air bête que je consomme, profusionne.

Automne. La saison qui me donne envie de marcher ma vie. De rencontrer de nouveaux tissus. D'amadouer des douceurs. De hurler aux feuilles qui laissent tout tomber pour l'hiver.

Des branches nues pour bientôt.

Je suis à la recherche d'une caverne. Pour faire filer les festivités. Une qui aiderait à m'endurer. Une remplie du bruit que fait l'eau lorsqu'elle coule en filets sur les parois. Que j'oublie les cantiques, la chaleur des joues qui se font la bise, les flûtes à champagne, les guirlandes et la peur qui demeure toujours d'être seule au milieu d'une mare de trop-plein de familières connaissances étrangères.

Je retourne vers mes obligations, enfiler ma chemise d'étudiante. Peut-être qu'un jour je dénicherai le destinataire idéal.



lundi 1 octobre 2007



J'aimerais bien que ma tête ne nécessite pas mille efforts de la part de mon corps pour qu'elle se sente bien. Pour qu'elle ne dévie pas.
Voilà.
J'aimerais bien.




dimanche 23 septembre 2007


Un déclic. Ça c'est fait, là. J'ai compris que je déviais de ce en quoi je crois. Le penser et le faire sont deux étapes qui valent autant l'une que l'autre. Je me remets en route. Je pense qu'il faut en revenir, je crois que ça suffit. Voilà.

L'immédiateté est quelque chose qui m'embête, des fois. Surtout parce qu'il faut trop souvent attendre que le temps passe et lisse tout. Et il prend son temps, le temps.

Je ne sais pas pourquoi j'insiste sur certains trucs, parfois, pourquoi je persiste, pourquoi je m'acharne. L'humain - ou la femme - ou Sylvianne - a vraiment une forme de masochisme d'ancrée en lui. Une quelconque tendance à se détruire à la source. Une volonté intrinsèque de se mutiler la raison, de se râper l'âme. Ou je sais pas, moi, mais ça ne devrait pas être comme ça.

Je n'apprends pas vite, en somme. J'aurais dû comprendre il y a de cela bien longtemps. Et je devrais miser sur des sourires. Je les aime, vos sourires.


vendredi 21 septembre 2007


Je n'aime pas l'éclairage des autobus de ville lorsque je me déplace le soir ou la nuit. Et je n'aime pas quand il se met de paire avec les fenêtres pour foutre à mon reflet les pires cernes qui soit. Chaque fois que je surprends mon visage, je me rappelle un personnage de dessins animés que j'ai connu étant enfant, un vieux grognon quelconque dont je ne me souviens plus du nom. Lui et moi avons les mêmes cercles gris bleu sous les yeux. Ce n'est pas chose à se vanter, me direz-vous, et je devrais simplement arrêter de fixer l'image que me renvoie les vitres du véhicule. Sans doute.

J'ai plutôt envie de crever d'une aiguille ces bosses, de voir du sang s'y échapper, question qu'elles dégonflent. Un peu comme on perce un jaune d'oeuf à l'aide d'une fourchette et on observe le liquide s'enfuir du centre de l'aliment. Je voudrais que mes vaisseaux éclatent et quittent le relief peu charmant de cette zone de ma figure. J'aimerais que sous ces lumières trop intenses, mon regard ne soit pas allongé de trous sombres et profonds. Je n'ai qu'à me procurer le cache-cernes adéquat, me conseillerez-vous. J'ai déjà du fond de teint, et je n'ai ni le temps ni l'argent pour dénicher tous les produits sensés faire bénéficier chaque centimètre carré de mon épiderme.


jeudi 20 septembre 2007

Il y a de ces révélations qui valent cher. Mais qui sont préférables à l'hypocrisie, à tous les mots inavoués, ces poids qui se perdent et se désintègrent, comme des bulles qui éclatent après avoir flotté sous nos yeux. À force de vérités qu'on hurle, une main sur la conscience et l'autre sur la bouche, on tache sa tolérance. Il faudrait ne pas craindre d'imposer l'affrontement... Se libérer les mains... Des fois les murmures servent mieux, on chuchote et on s'adoucit les pensées. Et il n'y a rien de lâche là-dedans. C'est affirmer sans recouvrir, sans déguiser. J'aime de moins en moins me berner, ou capituler devant de trompeuses apparences que peuvent me siffler les autres. C'est ça, la maturité?



lundi 17 septembre 2007








I can't. I should be able to, should be, should be able to. But I can't.

I can't
breathe
focus
smile
read
watch Friends
stop eating Gummy Bears
do my laundry
get up
say what I really want to say
talk to you
cry
let you win
explain why
be with you
pretend I'm fine

because I am pissed off and I only half-know why. And because you are so fucking far away.


I can't
bear linear, flat, monotonous estate of things
stop imagining pills disintegrating inside my body
tear off the curtains, make a tomb out of my walls
scream loud enough
walk around 'til I faint
stop eating
shrink
talk
move
vanish
wait for imaginary friends to show me the way
fly off to nowhere
understand how to make it stop
put all the fragments back in place

because I am a civilized human being. But the freak inside of me wish I could.





mardi 11 septembre 2007


Je me suis immiscée, le temps de quelques danses. Quelques valses. J'ai percé le cercle, et subtilisé des cavaliers.

Et puis maintenant je barbouille l'air pour m'effacer. Je me sens rebondir chaque fois que j'approche trop. Une espèce de toile élastique m'empêche de me frotter à nouveau.

Ç'aura été si passager, si temporaire que ça? Voyez-vous, dans ces cas-là, je vise l'éternité.

Il y a quelque chose qui se trame derrière mon cou. Une paranoïa, vingt feux de joie, trois secrets mal gardés, deux regards chers, mille intrigues de merde, quatre drames à la con.

Ces ballets me manquaient, je ne les ai pas tous retrouvés...


samedi 8 septembre 2007


J'utilise un de mes samedis soirs pour chambouler la disposition de l'intérieur de mes tiroirs et une partie de ma garde-robe. Mais qu'est-ce que je cherche à remettre en place chez moi à travers cette réorganisation de l'espace de ma chambre?

Je n'ai pas de réponse à cela pour l'instant. C'est seulement devenu urgent. Je devais le faire, . C'est une chance que je me connaisse suffisamment pour savoir que ce moment viendrait. J'avais omis de faire le ménage des composantes de mon meuble lorsque je suis déménagée. Et je m'étais contentée de placer un peu n'importe où chandails, jupes et pantalons dans le petit trou dans le mur près de mon lit.

Ou peut-être que si, j'en ai une, réponse: l'intégrité. Je la remets en question. La mienne, tout autant que celle des autres. Je songe aussi aux choix. Ceux que vous voulez. Je constate de plus en plus qu'il ne faut pas dénigrer ni sous-estimer les solutions de rechange. Elles apportent tant, parfois.

Depuis quelques jours, je brandis mes étoffes d'automne, simplement pour me faire répondre à coups d'humidité accablante. J'aime bien ce temps entre l'été et ma saison favorite. Il présente et officialise si bien cette dernière.

Les cours, les cours, lundi. Il n'y a qu'à voir ce que ça donnera. Je souhaite qu'aucune impasse ne me soit dictée à l'avance. Fuyez, catastrophes! Je ne veux pas de vous. Comme si j'avais déjà connu de désastres académiques graves... Je ne dois pas parler de ça, alors, dans le fond. Eh non, car je m'en fous un peu. Ce bacc ne m'est pas si cher, des fois. Je ne désire que m'enivrer de gens et de mots...

Dehors est plutôt bruyant, ce soir. On dirait que tout se déroule hors de ma cabane. Il semble y avoir un party dans la cour et les deux rues qui m'entourent paraissent bondées. Les bruits résonnent, vont et viennent. Des éclats de voix me font sursauter. Puis le téléphone qui ne sonne qu'une fois pour ensuite se taire.. Je devrais sans doute avoir plus peur que ça.

Bon, suffit. Je m'emmerde moi-même.


mercredi 5 septembre 2007


Je suis une tortue. Qui ne veut rien savoir de quitter sa carapace.

Je suis une fille ingrate. Qui répond bêtement à ses parents lorsqu'elle n'a pas la force de parler.

Je suis une groupie infidèle. Qui n'a pas encore écouté le dernier album d'un de ses chanteurs préférés, une semaine après se l'être procuré.

Voilà. C'est ce que je suis ces jours-ci. En plus d'être une baleine qui gonfle. Je veux fondre et vite.

La rentrée, elle est arrivée. Hier. J'ai revu des gens qui me manquaient, j'ai eu les hugs que j'attendais. Maintenant j'ai mal à la tête et je me demande si je vais être malade. Je n'ai pas su boire avec modération... Qu'importe, il y avait longtemps que je n'étais pas sortie.

Je reviens de l'Île où la terre y est rousse. J'ai pris assez de vent. Réintégrer mon appartement me fait du bien. Car dans la roulotte de mes parents, bien qu'elle soit grande, nous nous pilons un peu sur les pieds. Chacun irrite un autre, à tour de rôle. Et ça m'égratigne. Il manque de cloisons, là-dedans. Chacun devrait pouvoir s'enfermer derrière des murs, le temps de respirer et de renouveler ses doses de patience et d'humeur. Mais bon, somme toute, ç'a été agréable. J'ai pu marcher sur le sable, compter les vagues, rire des nuages... Je cherchais quelqu'un à qui penser, durant toutes ces heures passées à rouler vers Québec. J'ai bondi de l'un à l'autre. Il y en a qui revenaient plus souvent que d'autres... Drôle de libertinage en songes!

Je redoutais d'être devenue sèche et sans sentiment. Vendredi dernier, j'ai vu qu'il n'en était rien, ou à peu près. À la cérémonie de graduation de mon frère, j'ai flanché devant l'une des plus belles démonstrations de solidarité et d'amitié qu'il m'ait été donné de voir. Tous les camarades du jeune homme qui a été victime d'un accident de la route (il aurait pu y rester) se sont levés pour l'acclamer lorsque son tour est venu d'aller chercher son diplôme. Comme tous les autres, il a crié «Sir!» après que le présentateur ait dit son nom. Sa voix s'est perdue dans le torrent d'applaudissements. Les membres des squads 92 et 93 en entier se sont levés, pressés de montrer à quel point ils étaient heureux que leur collègue soit parmi eux. Le reste de l'assistance s'est levé aussi. Comme les autres, le plus jeune de la distribution 2007 est monté sur l'estrade et s'est avancé, le corps raide et fier, vers le directeur qui l'attendait pour lui remettre son diplôme. Mais il n'a pas pu saluer l'homme comme tous les autres, sa clavicule le faisant souffrir. Banal, mais grand, comme moment, j'ai trouvé. Mon coeur s'est enflé d'un coup. Je me suis trouvée un peu conne, après tout je ne le connais pas, cet homme. Mais c'était si beau... Ces policiers, ce ne sont pas des brutes, du moins pas encore.

Je devrais peut-être retourner dormir. L'université peut bien attendre, je n'ai que quelques trucs à aller chercher. J'ai faim. C'est un problème, car il n'y a plus grand chose à bouffer... Je vais peut-être devoir m'extirper de ma demeure plus tôt que prévu. Oh, foutu corps trop lourd...

Je vais surtout arrêter de me plaindre. Ou essayer de.


vendredi 24 août 2007


Aujourd'hui, à la librairie, j'ai fait une découverte intéressante qui s'annonce révélatrice et assez à point pour satisfaire ma personnalité. Nous avons reçu en Livre de Poche Deux fois par semaine, de Christine Orban. Je ne connaissais pas cette auteure, maintenant j'en sais un peu plus sur elle, grâce à Internet (mais pas Wiki, il semble à peine savoir qui c'est, le coquin) : elle est née en 1954, a été notaire pour plaire à son père, a publié pour la première fois en 1986, est mariée et a deux fils, et elle adore courir les brocantes... Cette femme m'apparaît déjà sympathique, et elle est si belle en plus. Ce qui m'a poussée à me procurer ce livre maintenant, alors que j'en ai une pile d'autres qui m'attend chez moi, chez Pierre-Luc, chez Benoit et chez MHV, qui sont sensés me prêter certains titres? Le court extrait qui apparaît sur la quatrième de couverture:
«Pouvez-vous répondre à une seule question? Si je vous parle et que vous parveniez à me guérir, ce sera pour vivre quoi?»
Pour m'être demandé la même chose maintes fois, j'ai tout de suite adoré. J'en ai débuté la lecture dans l'autobus tantôt et je suis déjà très accrochée à la narratrice, une espèce de moi quand je ne vais pas (aménorrhée en moins). J'ignore encore si lire ce roman me fera m'enfoncer encore plus dans cette phase «Je ne maîtrise pas l'art de la conversation ni celui de faire connaissance et je suis très bien avec ma solitude, merci bonsoir» que je cultive ces temps-ci et revivre des tourments intérieurs dignes de mes mauves les plus mauves, ou si ça me fera comprendre et assumer davantage mes tendances trash. Ça reste à voir. Car mis à part Patrick Dempsey de Grey's Anatomy, il n'y a pas grand chose de nouveau qui me fasse vibrer dernièrement. Une chance qu'il y a encore de l'ancien qui me bouleverse, et je pense surtout à Damien Rice qui a failli me faire pleurer ce matin tandis que je réécoutais pour la cent millième fois ses Eskimo et I Remember.

Tiens, je vais le faire jouer à nouveau, cet homme. Et je vais aller voir si les fondations tiennent toujours.


lundi 20 août 2007

Ma cervelle jongle. Je me questionne quant à savoir si mon ventre se dégonflera de toute cette mono qui enfle la rate. Aussi à savoir s'il serait acceptable qu'une jeune fille comme moi abandonne tout, simplement pour demeurer là à écouter la voix et les mélodies hallucinantes de Jeff Buckley et les paroles et la musique parfaites de Modest Mouse. Je me pose une colle: devrais-je me remettre au violon? Je me demande ce que ce serait, de tomber amoureuse une nouvelle fois. Devrais-je ajouter plantes et tableaux à mon chez-moi, étaler davantage de parcelles de moi sur mes murs? Je cherche un nouveau sujet pour lequel je me passionnerais, après le tennis, les dieux égyptiens et l'existence de certains auteurs. Je fouille pour cerner les excentricités.

Tiens, où te caches-tu, petite merveille qui me fera chavirer?

Pas assez loin ni trop près. Et le choc entre ta taille et la forme de mes dangereuses idées promet d'être prenant!


dimanche 19 août 2007


Il n'était pas de fois, des hommes, des méchants, des voyous. Il y en avait trois. Pas plus que ça. Ou trop de trois. Ils ont tué, ils ont aimé. Ont traîné les corps, les ont malmenés, les ont jetés à la fosse.

Pourquoi, pour qui, comment ça? Pour oeuvrer. Des crapules. Ont assassiné pour s'occuper. Pour leurs bien-aimées. Croyaient qu'elles étaient en danger. Fous, mais des hommes, pourtant comme vous. Des méchants, seulement durant ce temps, seulement en tuant. Des voyous, certes, des voyous pour le crime.

J'ai dit qu'ils ont tué, oui, ils ont dépecé, ont martyrisé. Trois autres individus inoffensifs. Innocents. Qui avaient un peu trop souri aux dames des trois premiers. Qui avaient bu, avaient courtisé. Les trois brutes n'ont pas apprécié.

Mais ils ont aimé aussi, les trois infâmes, ils ont aimé leurs belles. Trop, et pas comme il faut. Donc ils ont tué parce qu'ils croyaient que c'était ce qu'il fallait faire.

Dans une forêt, barbouillés de feuilles et de terre, ils ont enterré leur tort. Caché leur furie. Ils ont tout dissimulé de leur jalousie. Les femmes, elles, ont pleuré. Elles avaient tout vu. N'avaient rien pu empêcher. Maintenant les hommes leur en veulent. D'être jolies, leur en veulent d'être craquantes et de les aimer. Et ils leur hurlent après. «Je t'en veux de t'aimer».

Il n'était pas de fois, trois hommes, trois femmes, et trois autres hommes en moins. Il n'était pas de fois, un carnage de la stupidité. Il n'était pas de fois, un trou rempli d'une bêtise, quelque part au fond d'un boisé.


mardi 14 août 2007






Il faut lâcher prise pour tout agripper? Laisse passer...

J'ai marché pieds nus sur de la mousse. Trois pas la minute, du vent dans mes cheveux. Même dans l'immobilité, l'air filtrait, se mouvait. Moment de nature de petit quartier, c'était doux.

Je n'ai pas envie de longueurs. Ne nous attardons pas. Savoir qu'on peut avoir très longtemps pour ensuite tout perdre me navre. Posséder quelque chose, puis s'en défaire, ou s'en arracher... Connaître et se le faire dérober? Je préfère pas.

Y goûter, tout simplement. Dénichons le juste milieu entre l'appropriation et le partage. Jeux dociles et inoffensifs, j'en inventerai. Pour nous entendre rire, pour me rappeler. Pour vous voir sourire.

Je me fais passive avec le temps et ma convalescence. Je m'entoure de livres et d'engourdissements. C'est long, mais pas irritant. C'est lent, mais pas désoeuvrant. Je réfléchis, je m'irrite avec les convenances, je respire, je m'enflamme, je prends de nouvelles bouffées d'air...


Tout est à recommencer? Laisse filer...







samedi 11 août 2007






Il y a longtemps que je n'ai pas regardé pousser les arbres. Dès que les forces me reprendront, j'irai refaire connaissance avec le gigantesque érable qui borde le terrain de la maison familiale. Celui-là même qui me faisait peur parfois lors de l'un ou l'autre de mes retours nocturnes, avec ses branches et ses feuilles qui se tortillaient d'ombres devant mes yeux. C'était en revenant de chez Marie-Claude et Jolène, après avoir joué à cache-cache, après avoir couru, après s'être baigné, après avoir parlé très longtemps, après avoir regardé un film, après avoir bu, après n'avoir rien fait vraiment...

Je l'apercevais, ce géant vert dans le noir, et je savais que derrière se tenait un des murs de briques soutenant ma demeure. Il m'arrivait d'être déçue de m'en approcher si tôt. Ces fois où j'aurais voulu étirer les nuits... Ne pas rentrer, ne pas être une fille, ne pas me coucher pour n'avoir qu'à me relever quelques heures plus tard.

Le temps me tracasse dans cette ville. Je ne me l'explique pas encore tout à fait, même après toutes les visites effectuées par ici depuis que je me suis sauvée et ai regagné mes sources. À croire que les souvenirs tuent tout ce qu'il peut rester de beau dans un endroit... Mais je me pile dessus, cette fois, et je profite des jours au Nouveau-Brunswick. Je veux. Qui suis-je pour griller ce que ce lieu et ses gens m'ont déjà offert?

Encore une chose, je dois observer les étoiles. Et l'énergie me reviendra, nom d'une tomate.






lundi 6 août 2007






**** Ceci est une histoire vraie. Les noms des personnes impliquées ont été modifiés dans le but de rigoler, et non de garder l'anonymat.


Fin juin, Sylvette Blanchard s'est mise à ressentir des douleurs à la gorge et des frissons de fièvre. Le tout s'étant rétabli en deux jours, elle n'a pas jugé bon de consulter.

Un mois plus tard ou à peu près, Mlle Blanchard s'est mise à se moucher abondamment, à s'affaiblir et à faire un peu de fièvre. Considérant que son collègue de travail, Paul-Louis Lacroix, s'est mis à subir les inconvénients de l'influenza peu après, elle s'est dit qu'elle s'en tirait mieux que lui et qu'elle ne devait pas se plaindre.

Puis la semaine dernière, d'intenses maux de tête lui ont déchiré le crâne à tous les soirs. Les douleurs à la gorge ont repris. Ses amies Sophie Gingras-Long et Mélodie Caouette l'ont avertie qu'il devait s'agir d'une mononucléose lorsqu'elle leur décrivait ses symptômes.

L'amie Sophie a dû la traîner presque de force à l'urgence par un bon vendredi soir chaleureux et humide. Prise de sang, culture de gorge. C'est confirmé, c'est la mono. Samedi matin, Sylvette Blanchard se lève pour aller travailler, finit par pouvoir s'y rendre pour ensuite se faire renvoyer chez elle après une heure et demie. Elle n'a pas bonne mine.

Dans la chaleur de sa petite chambre, elle peut presque sentir ses amygdales et ses ganglions gonfler. Elle est épuisée et sa gorge la fait SOUFFRIR. La mono semble être l'une de ces choses qui cultivent l'art de répéter les mêmes actions. Elle ne compte plus le nombre de tours que son corps a fait sur son matelas, le nombre de comprimés Tylenol avalés ou de pastilles et de barres Del Monte sucées, et encore moins le nombre de fois où elle aurait hurlé de douleur tandis qu'elle ne faisait qu'avaler sa propre salive. Déglutir est un geste bien banal et inconscient dans la vie quotidienne, mais gare à vous si vos amygdales et vos ganglions épaississent pour quintupler leur taille. Ça devient alors de la pure torture. Et il ne faut pas oublier, tout est à recommencer. Aux deux heures, aux quatre heures, aux trois minutes.

Sa soeur lui rend visite dimanche soir. Elle la traite de morte-vivante. Merci, soeurette... Le lendemain, c'est la mère qui débarque à l'appartement, ses instincts maternel et d'infirmière de profession l'ayant fait rouler jusqu'à sa fille malade. Deuxième visite à l'urgence, aux urgences maximales cette fois. Vite, soluté pour réhydrater cette pauvre jeune femme. Seulement, la pauvre jeune femme n'aime pas se faire piquer. Une autre prise de sang, ça va. Installer le soluté, ça passe encore. Un autre test quelconque à faire sur l'autre bras... Ça ne passe plus. Sylvette Blanchard se vomit dessus, une aiguille dans le bras et un soluté dans l'autre.

Après cette aventure, les choses se répètent à nouveau: prises de pression, de température, doses intraveineuses de morphine et d'antibiotiques, périples vers la salle de bains. On lui annonce qu'elle devra passer la nuit à l'urgence, en plein corridor, car elle devra voir l'ORL le lendemain. Ô, doux sommeil en perspective... Une dame confuse derrière elle l'a tenue éveillée avec ses mille questionnements et ses multiples demandes pour la bassine. Un patient furieux qui hurlait de douleur lors d'une quelconque intervention et qui sommait le personnel mais personne en particulier de lui apporter de l'eau car il avait soif a éloigné le sommeil également.

Plus tard, une infirmière l'a réveillée pour lui injecter une nouvelle dose de morphine. Consciente de son habitude à tomber dans les pommes ou à régurgiter après qu'on lui ait foutu un liquide dans les veines, elle demande à l'infirmière si elle ne serait pas mieux d'aller uriner avant. Cette dernière lui assure que ça ne prendra pas de temps, n'ayant pas compris le but de la question. Alors elle dilue le médicament dans le soluté, et Sylvette se rend aux toilettes. Sylvette se sent mal. Elle réussit à retourner à son lit, s'assoit, et se vomit dessus pour une deuxième fois.

Elle n'a plus dormi entre 1h et 8h du matin. La dernière dose de morphine demeure la plus efficace de toutes, elle a pu dormir un peu jusqu'à ce qu'on vienne la chercher pour aller voir le médecin de l'ORL. Consultation, verdict final: mononucléose arrosée d'une bonne infection des amygdales, infection qui a beaucoup impressionné le personnel de l'Hôpital Saint-Sacrement. Prescription: cortizone, et aussi un autre truc, un antibiotique très puissant, sûrement pas fait à la base pour une infection de gorge, avec la grosseur que ça a... Un arrêt de travail suggéré jusqu'au 20 août est aussi signé. 22 heures après son entrée aux urgences, Mlle Blanchard en ressort enfin.

Mme Blanchard lui propose de la ramener à la maison, plutôt que de la laisser seule à son appart. Sylvette accepte. Elle se laissera donc dorloter durant une période indéterminée de jours, au plus tard jusqu'au 19.


mercredi 1 août 2007






Tu sais, tu sais...


Mon crâne explose un peu à chaque soir.


J'ai un nouvel amour: les bleuets. Je les mange par poignées, sort que je réserve habituellement aux jujubes. Mais ce soir, mes bleuets sont plein de sable. J'aurais dû m'arrêter devant leur apparence, et me méfier de la teinte mauvâtre de certains. Je suis mauve moi aussi, quand je ne vais pas bien. Me dire que ça leur sied, à eux, ne leur redonne pas cette saveur que j'apprécie tant. Alors je peux juger les fruits mais pas les gens.


Eh bien, eh bien...


Mon crâne explose un peu plus à chaque fois.


Pour la première fois depuis des années, je ne participe pas au festival de mon ex-ville d'adoption. Je me détache tout à fait de cet endroit? Je ne crois pas. Mais c'est de plus en plus évident pour moi que je ne viens pas de là... Ingrate que je suis, j'y ai passé tant d'années... Seulement il semble que j'aie tout ramené de moi. Je pense tout de même à vous, Brayons en feu ;) Buvez et gavez-vous de ployes et de teriyakis à ma santé. Je repasserai...


Tu sais, tu sais...


Mon crâne explose et tu n'es pas là.


mercredi 25 juillet 2007

La cour extérieure du 395, rue Père Grenier est sans doute l'une des plus laides et des plus encombrées des petites cours arrière. Mais on peut y lire tranquille, et s'y faire griller sans être importuné.

Son parterre d'asphalte inégal et pointillé d'herbes ridicules est enseveli d'occupants inanimés. Dans un coin jonche une partie de table fracassée, sa douce moitié l'ayant quittée depuis un nombre incertain de jours (ou d'années). Du temps où elles ne faisaient qu'une, ces deux pièces devaient être parfaites pour soutenir d'intenses tournois de poker. Possible que ce soit lors du dénouement d'une de ces parties qu'un joueur enragé ait brisé ladite table. Probable aussi que ce ne soient que l'écoulement des heures et l'usure les seuls responsables de l'amputation.

Entassés près d'un mur reposent des dizaines de planches de bois d'où sourient des clous. Il ne faut pas s'y aventurer nu-pieds, dans cet espace qui reçoit le soleil tout l'après-midi durant. À quoi ont servi ces morceaux maintenant négligés? Nul ne le sait, sauf peut-être celui ou celle qui les a jetés là. À côté de ces bouts cloués (mais pas ensemble) gît un édredon fleuri assez affreux. La question qui s'impose alors est: «Mais que vient foutre un couvre-lit ici?». Encore une fois, seul le dépositaire d'une telle couverture horrible pourrait répondre à cela.

Les façades des blocs délimitant les contours de la cour sont peu invitantes. La peinture se détache peu à peu des cloisons, on peut même en apercevoir les couleurs antérieures. Mais les murs tiennent bon eux, au moins. Il semble que cet espèce de bassin sans eau deviendra bientôt mon endroit de prédilection pour rêver. Au diable la crasse et les trucs déchirés sans but apparent, j'ai ma cour à moi.

mardi 24 juillet 2007

J'aime bien ce que le nouveau modèle de l'Exil me révèle: à force de vouloir afficher de plus en plus ses vraies couleurs, on se fait de moins en moins comprendre!

Noir sur mauve foncé, c'est illisible, semble-t-il. Noir sur bleu aussi? J'aime le foncé, moi! Mais bon, puisque j'écris pour être lue, sur ce blog, je vais me plier aux règles du contraste. Eh oui, il m'arrive de plier devant certaines règles...

J'ignore si, après de multiples changements, ce concept inspiré du Cherry cheesecake du site Kurel est définitif, mais je remercie Manu de m'avoir envoyé le lien!

lundi 23 juillet 2007

L'exil s'est fait relifter. Parce que parfois juste foutre le camp ne garantit pas d'apesanteur salvatrice.

Je me roule dans d'autres pelures que la mienne. Jusqu'à ce que quelqu'un revienne. Jusqu'à ce que j'apprenne.

D'ici là je me procurerai la saison 2 de Doggy bag, puisque Philippe Djian m'a conquise. J'entamerai aussi Homme invisible à la fenêtre, Monique Proulx mérite que je m'y attarde je crois. Et puis je terminerai de visionner Magnolia, parce que je l'aime bien, ce film, et parce que je déteste le personnage de Tom Cruise. Entretemps, aussi, je ne pourrai m'empêcher d'écouter en boucle Regina Spektor chanter son Samson et comment il l'a embrassée jusqu'aux lueurs du matin. Merci, Pierre-Luc, de l'avoir mise dans mes oreilles, celle-là ;)

jeudi 19 juillet 2007

Ah, plus rien. De ton côté, il semble que j'aie bel et bien réussi à m'effacer. C'était la première fois que je choisissais moi-même de me faire transparente. Comme quoi «quand on veut on peut». Et puis ma tentative de refaire surface s'est avérée vaine.

Les sentiments ne connaissent pas, ou se foutent royalement, de la synchronie. Je n'irai pas danser, je serais off beat. Avec pas mal de gens. Pour beaucoup de gens. Ce qui me tient éveillée, ces jours-ci, c'est que rebondissent sans s'annoncer des âmes semblables (ou ouvertes) à la mienne.

J'ai survécu à la crémaillère. J'ai revu des amis en suspens, et ils m'ont revue aussi. M'ont même acceptée, à force de temps. Ce foutu temps... J'ai pu aussi souffler des paroles à la bonne personne. Je me suis rendue compte que je suis devenue sèche. Y a-t-il des larmes encore en moi? C'est évident que l'on pourrit par en-dedans, avant... L'intérieur s'effrite en premier puis le reste suit. J'appelle ça mourir pendant trop longtemps. Ou naître et crever, renaître et recrever, en alternance. Et nous sommes sensés laisser la vie choisir l'instant où nous en aurons assez?

Je sens un délire fiévreux s'emparer de ma personne. Malheureusement, je n'y sens pas de grand élan qui aurait pu s'infiltrer dans l'une ou l'autre de ses vapeurs. À quoi bon avoir à ce point le nez en feu quand on ne peut même pas en tirer des mots...

Je n'ai pas de plan. Je me demande seulement où nous en sommes. Puis chaque jour je me rends au travail et je ris. J'entends une chanson et je me répète que c'est trop beau. Même chose pour un film que j'écoute, une émission que je suis. Je marche et je me dis qu'il y a encore de l'air pour m'effleurer, des endroits à admirer. Je lis des trucs loufoques, merdiques, sublimes, criants de vérité, dénonciateurs de lacunes dans ce monde, et je me rassure de savoir que je peux penser, à travers mes conneries. J'écris et je suis satisfaite, parfois. Fière même, à l'occasion. Des âmes me frôlent et m'annoncent que nous pouvons encore nous rejoindre. Je continue de me nourrir et de savourer du lait au chocolat et dans ces temps-là mon corps m'en veut de ne pas être anorexique. Mais ma tête parvient à me convaincre plus souvent qu'autrement que manger c'est trop bon pour s'en priver. Et puis j'ai encore ceux qui m'ont sauvée tant de fois. Je les côtoie, et puis d'autres gens aussi, et il m'arrive de m'éclater. Il m'arrive aussi d'exploser, et que mon entourage en reçoive les dégâts. M'enfin.

C'est peut-être ça, ma vie.

dimanche 15 juillet 2007

Mon admiration pour l'écrivain irlandais Oscar Wilde décuple et je n'ai encore jamais lu aucune de ses oeuvres au complet. Mais déjà, les extraits que j'ai encourus m'interpellent! Sa lucidité me frappe. J'adore rencontrer des vérités découvertes par d'autres alors qu'elles me sont si appropriées. Le constat qu'elles me conviennent tant me rassure dans mes convictions. Et il faut dire que ces temps-ci, ce sont aux gens décédés et à ce qu'ils ont laissé à la postérité que je m'associe le plus. Morbide? Peut-être! Je me dis que je devrais avoir davantage espoir en mes contemporains. Heureusement, il y en a pour me rappeler que le progrès existe.

Enfin bon, ce post est une ode à M. Wilde, alors voici quelques citations de son cru parmi mes préférées:

- A little sincerity is a dangerous thing, and a great deal of it is absolutely fatal.

- A man can be happy with any woman as long as he does not love her.

- I can resist anything but temptation.

- The only way to get rid of a temptation is to yield to it. Resist it, and your soul grows sick with longing for the things it has forbidden to itself.

- Always forgive your enemies; nothing annoys them so much.

- The only thing worse than being talked about is not being talked about.

- Experience is the name everyone gives to their mistakes.

- But what is the difference between journalism and literature?
... Journalism is unreadable and literature is not read. That is all.

- I like persons better than principles, and I like persons with no principles better than anything else in the world.

- There is a luxury in self-reproach. When we blame ourselves, we feel that no one else has a right to blame us. It is the confession, not the priest, that gives us absolution.

- Men always want to be a woman's first love - women like to be a man's last romance.

- One should always be in love. That is the reason one should never marry.

- Questions are never indiscreet, answers sometimes are.

- Selfishness is not living as one wishes to live, it is asking others to live as one wishes to live.

- The basis of optimism is sheer terror.

- The books that the world calls immoral are books that show the world its own shame.




... Et plein d'autres encore, mais je m'arrête ici. Cet homme, cet homme. Il en savait un bout sur la vie, je me dis!


mardi 10 juillet 2007

Virevoltent et volent des oiseaux de craie. Dessins de poudre dans ma tête, comme sur les tableaux d'école. Tout s'efface. Mais je me surprends toujours à réécrire. Encore. La même chose. Des «semblablités». Tout d'avant moi explique pourquoi je me moque des jardins de truffes maintenant.

J'ai misé sur ta voix parce que la mienne je n'y tiens pas. Mes yeux regardent des trucs qui les brûlent. J'ai compris l'absence d'innocence. Aucune brise ne m'a réappris l'alphabet, et les baleines qui dansent sur tes cordes me chavirent l'esprit. Je ne pourrai plus parler...

Et si moi, je n'ai pas envie de tout ça? J'ai pris mes habitudes et les ai battues de mes deux bras, de mes trois forces. Certaines reviendront avec leur front et leur culot. J'ai choisi de me replier, fais-en de même je t'en supplie. Je ne veux pas être la seule, pas une autre fois. Une innombrable fois.

Quelque chose coule et ça ne devrait pas. Est-ce que je me remets à oublier le sommeil? Je ne dois pas rêver. Ce serait trop grave. À la place, je vois des couteaux s'enfoncer, des nez se faire broyer. Et je grimace. Ce que je donnerais pour aimer quelqu'un ces temps-là...

Impossible, immédiat, incroyable. Ou presque. Les pommes gargouillent et mon ventre pousse. Tu sais ce que je ne t'aurais jamais dit?

Je ne t'aurais jamais dit à quel point j'en avais besoin.

samedi 7 juillet 2007

Voici, voilà, le dernier de mes textes «anciens» que je veux partager. Cet écrit est inspiré de la toile Retour d'Italie no 2, de Marcelle Ferron.


Gribouillis

En début d’après-midi, Simon s’installa sur une des énormes chaises de la table de cuisine et étala tout son attirail : des crayons, du papier, des ciseaux. Puis il gribouilla, sans s’arrêter. Ses yeux se plissaient sous l’effort et la concentration. Il était si absorbé par son coloriage qu’il ne percevait aucun bruit dans la maison.

Simon appliqua beaucoup de rouge. Il découpa de petits carreaux de papier blanc et les tassa plus loin sur la surface noueuse de la table. Ensuite, il saisit le crayon bleu et répéta les mouvements qu’il avait exécutés avec le rouge. Plus il garnissait la feuille, plus il souriait. Mais toujours, il gardait ses yeux à demi-fermés et scrutait la progression de son dessin.

Sa mère entra dans la pièce. Simon se tourna vers elle et la regarda. Elle avait les paupières gonflées, le menton bas et les épaules arrondies. Elle se tenait les mains, les tortillait. Elle les gardait près de son ventre, tirait un peu sur son chandail. Elle s’avança vers son fils, s’arrêta dans la lumière que laissait entrer la grande fenêtre à sa droite. Les lèvres du petit se pincèrent, puis il lui dit :

- J’ai été gentil.

- Simon, va en bas, mon chéri.

- Je n’ai pas fait de bruit. J’ai fait un dessin. Tu veux voir?

- Simon, en bas, s’il te plaît. Avant que Papa… Papa n’est pas content…

Le garçon ramassa ses effets, descendit de sa chaise puis leva le visage vers sa mère. Les yeux arrondis, pleins de larmes, il murmura :

- Mais, j’ai été gentil…

- Je sais, mon chéri…

La femme lui caressa l’épaule. De son autre main, elle froissait toujours son gilet. Des pas résonnèrent dans les escaliers tout près de la cuisine. Simon se tassa vers la gauche pour voir son père descendre les marches en titubant. Il entendit aussi sa respiration, lente et forcée, comme s’il était à bout de souffle. L’homme se plaça derrière sa mère. Il posa les mains sur ses hanches et renifla avec bruit.

- Fiston.

Simon avala sa salive avec peine, baissa les yeux, serra son dessin et son étui à crayons contre lui puis se rendit au sous-sol.

Simon devait avoir mis deux ou trois heures à parfaire son dessin. Son père n’avait pris que sept secondes pour le déchirer. Maintenant que le petit garçon en avait ramassé tous les morceaux et les avait disposés par terre, sur les lattes défraîchies qui servaient de plancher au sous-sol, le tout ressemblait à un navire en pleine tempête. Le papier semblait en lambeaux, comme si la pâte provenant de l’arbre était à peine mûre pour son utilité future.

Il s’assit devant les débris et regarda autour de lui, dévisagea les murs qui l’entouraient. Son père était remonté. Simon essuya ses larmes du revers de sa manche. Il porta son attention sur l’armoire située en face de lui, et fixa les bibelots disposés sur les étagères de verre. Il fourra une main dans sa poche de pantalon et sortit les carrés qu’il avait découpés plus tôt. Il éleva son bras au-dessus de son chef-d’œuvre déchiqueté puis laissa s’échapper les bouts de papier. Certains rejoignirent les restes du dessin, d’autres se coincèrent entre les planches de bois.

Simon se leva et se dirigea vers le fond de la pièce où se trouvaient les animaux en pierre. Il se rappela les avoir admirés chaque fois que lui et ses parents rendaient visite à sa grand-mère, aujourd’hui décédée. Son père lui avait souvent répété de ne pas courir devant l’étalage parce qu’il risquait de tout casser. Il ouvrit une des portes vitrées et s’empara d’un mouton. Il l’inspecta, le fit tournoyer et figea ses yeux dans les fausses orbites de l’objet. Il le serra fort entre ses mains, se tourna et lança le mouton de toutes ses forces. Ce dernier se fracassa contre le mur en face. Un bout de patte atterrit sur les fragments de dessin. Simon croisa les bras sur sa poitrine et pinça ses lèvres.

Son front se plissa tandis qu’il observait les dégâts. Il se retourna et empoigna de sa main droite une vache sculptée dans le roc. Simon la jeta contre le mur. Il réserva le même sort aux autres bêtes inanimées de la collection.

Son saccage achevé, il referma le meuble. Il avança à pas lents vers le centre de la pièce, où son dessin gisait toujours, entouré de membres des sculptures assassinées. Sans perdre des yeux l’espèce de champ de bataille qui s’étendait devant lui, il s’agenouilla puis s’allongea sur un coin du plancher non encombré. Il se recroquevilla et coinça ses jambes entre ses bras.

Puis il s’endormit.

(Avril 2007)

vendredi 6 juillet 2007

J'ai choisi. Je ne m'y arrêterai plus. Je passerai par là, sans doute. De temps à autre, dans les recoins, je ne pourrai m'empêcher de m'y retrouver. Mais d'y stopper? Non. Je ne visiterai plus ce motif.

Tordez mes idées, si ça vous chante. Elles demeureront ce qu'elles sont dans mon esprit à moi.

Il ne faut plus, il ne faut pas. Alors je ferai.

lundi 2 juillet 2007

Dans la vie, il y a le paradoxe de ce qui est gros et de ce qui est petit.

Parfois, entre ce qui est gros et ce qui est petit, les gens remarquent l'énormité en premier. Ce qui saute aux yeux tellement ça prend de la place. Genre un éléphant. Une limousine. Une personne corpulente. Des gros seins. Une immense baraque. Une piscine olympique. Le Mont Everest. On y va pour la taille, pour la prestance, pour le volume, pour ce qui crie son existence, pour ce qui déplace tout. Parfois.

D'autres fois, les gens préfèrent miser sur le discret. Ce qui passe inaperçu, ce qui se dissimule bien, ce dont on n'a pas besoin de parler tellement ce n'est à peu près pas dans nos vies. Genre un nain. Un un et demi. Un chihuahua. Un téléviseur treize pouces. Des souliers de taille cinq ou six. On baigne dans le tout petit, et on se sent à l'aise, dans notre vie en mini. Certaines fois.

Mais encore là, le minuscule attire l'attention. On a tous déjà réagi devant de trop petites portions au restaurant. Ou face à un nain. En entrant dans une Smart. En marchant sur un trottoir trop étroit. Nous nous sommes déjà plaints de notre absence de poitrine ou de la petitesse d'un membre viril.

D'un autre côté, l'imposant encombre. Que faire d'un frigo qui ne passe pas en travers d'une porte? Ou d'un vêtement trop grand?

Et puis il y a les grandes et les petites actions. Positives et négatives. En amitié comme en amour, il semble que ce soit les grandes qui prévalent sur les petites. On s'aperçoit davantage du bienfait d'un gros geste généreux que des petites attentions quotidiennes. Et on s'indigne tout de suite devant une grosse bévue alors qu'on laisse passer les gaffes anodines. C'est plutôt dommage, non?

Durant les cinq dernières années disons, j'ai commis trois énormes bêtises. J'ai bafoué un amour, amoché une amitié et détruit une autre. J'ai subi, je subis et je subirai encore les conséquences de mes actes.

L'amour ne m'adresse plus la parole lorsqu'il me voit. Il fait plutôt semblant de ne pas me voir. Je suis morte de culpabilité l'été dernier et j'ai bûché pendant des mois pour me retrouver. La première amitié, elle n'est plus ce qu'elle était, je n'ai plus sa confiance, et j'ai perdu des moments tendres de complicité et de fous rires. Mais elle est peut-être la seule des trois à subsister à mon erreur. La seconde, tout s'est évaporé. En une discussion. Je n'ai plus de nouvelles depuis, je n'en aurai probablement plus jamais.

Les trois me manquent. Atrocement, à l'occasion. Pourtant, pour ces trois personnes, j'ai été là. Je vais vous épargner toutes les bontés que je leur ai distribuées, elles ne valent pas la peine d'être mentionnées, elles étaient minimes et trop banales, semble-t-il. Tout ce qui reste gravé dans les mémoires, autant de ces personnes que des gens qui les entourent, c'est LA faute impardonnable que j'ai commise envers chacune d'elles. L'ultime coup bas que je leur ai décerné.

Je me sers de mon cas pour dénoncer cette distorsion de la grandeur des choses, des faits et gestes, pas pour attirer de la pitié et recevoir des «Oh mais elle est bien bonne dans le fond, cette petite.» Non, je ne suis pas bonne. Parce que je vais continuer d'en faire, des conneries. Je suis humaine, bâtard. Et l'humaine en moi préfère ne rien oublier, ne rien favoriser. Car bien souvent, les petits pas sont plus significatifs que les grands.

dimanche 1 juillet 2007

Mises à jour de mon existence:

  • Mon appartement est enveloppé d'une nouvelle intimité. De jolis rideaux ornent les fenêtres de la cuisine et de ma chambre. Je peux désormais me promener nue d'un bout à l'autre de l'appart sans avoir peur que les voisins en arrière me surprennent du haut de leur balcon, et je ne me fais plus réveiller par la lumière du soleil à 6h du matin!
  • Henriette Lamontagne et Doris Laliberté sont à mon service depuis une semaine et quelques jours et je les vénère de savoir si bien laver et sécher mes vêtements et autres.
  • J'ai mis Gravity's Rainbow de côté après en avoir lu la moitié. Le reste, je le lirai à temps perdu. Parce que 760 pages de bombes, d'obscénités et de trucs scientifiques et/ou technologiques, c'est lourd, à la longue...
  • J'ai débuté la lecture de Sheila Levine est morte et vit à New York, de Gail Parent. C'est décapant. Et cette Sheila est trop pathétique...
  • J'ai été une salope encore une fois dans ma vie.
  • Le Festival d'été débute ce jeudi. De nombreuses soirées passées à m'ensorceler de musique et de foule en perspective...
  • Je suis en pleine réflexion à propos de ce qui est bien ou mal, des abstentions et des permissions, de la solidarité, de la prise de position et de la loyauté.
  • Je me suis remise à rédiger mentalement de courtes phrases anodines.
  • Je suis à la recherche d'une nouvelle scène pour Thomas et Sophie, ou leur entourage.

Je crois donc avoir quelques raisons de me tenir en vie pour les prochaines semaines.

vendredi 29 juin 2007

Pour vous, un autre texte, plus récent celui-là. Je n'y suis pas particulièrement attachée, il me rappelle surtout à quel point je bûchais pour écrire cet hiver, rien ne me satisfaisait, tout était à peu près de la merde. Cet écrit est basé sur un exercice ciblant le personnage fait en classe en février 2007.


Nat

Nat émerge tranquillement d’une torpeur douloureuse. Il fait noir, trop noir. Elle entend un violon au loin jouant une musique très lente, triste, presque ennuyante. Les pleurs d’un enfant viennent briser la langueur de l’instrument.

Nat a froid. Elle sent sur sa peau la fraîcheur du métal qui lui coince les poignets. Elle aimerait repousser la tresse qui lui chatouille le menton, mais en est incapable. Son épaule droite la fait souffrir; elle ne sait pas depuis combien de temps elle gît sur ce qui semble être du ciment inégal.

Elle ignore beaucoup de choses, en fait. Comme la température, dehors, et la date d’aujourd’hui. Ou encore la raison pour laquelle l’enfant hurle. Ce qu’elle a fait pour s’éveiller dans cet endroit. Et aussi l’identité exacte des créatures qu’elle perçoit bouger près d’elle. Les bêtes en question frôlent et dérangent son chandail ample, produisent un couinement glauque. Des rats, se dit Nat. Elle grimace. Elle se sent tanguer d’avant en arrière à l’occasion. Est-elle dans une cale d’un quelconque bateau? Où sont ses parents?

Puis elle se rend compte que la complainte du violon a cessé. Elle discerne des voix d’hommes, elle les imagine qui s’approchent d’elle. Elle n’en reconnaît aucune et ne saisit rien de leur échange. Elle ne peut même pas deviner à combien d’individus appartiennent ces tons agressifs. Nat tremble. Ses quatorze ans lui disent qu’elle est trop jeune pour être violée. Mais peut-être a-t-on abusé d’elle durant son sommeil? Elle ne se souvient de rien.

Les hommes s’éloignent en aboyant. Le bébé poursuit ses lamentations, encore plus fort. Au même moment, le violon entame un air différent mais, comme le précédent, il est sans rythme. Nat ne peut retenir les larmes qui lui montent aux yeux. Il faudrait bien qu’elle sorte d’ici un jour, même si «ici» n’est que noirceur et bruits, et qu’elle ne sait pas où aller pour s’enfuir.

Elle s’efforce de se remettre sur ses pieds. Elle ne réussit qu’à sa troisième tentative, le sol s’amusant toujours à la bercer. Les murs qu’elle ne voit pas se mettent à grincer. Leurs plaintes, ajoutées à celles du bambin et du violon, lui enflent les oreilles. Elle fait quelques pas, les genoux pliés et le haut du corps penché vers l’avant. Son front se cogne contre une paroi glacée. Elle recule d’un geste brusque, puis tente de s’y appuyer. Elle s’aperçoit qu’elle est à bout de souffle, elle s’accorde donc quelques secondes pour retrouver une respiration normale.

Mais Nat suffoque toujours. Et elle ne peut s’empêcher de hurler : «Au secours!». Plusieurs fois. Puis elle frappe le mur avec ses menottes trop serrées. Son corps penche vers la gauche et les bruits sourds de la cale—elle est maintenant certaine d’être sur l’eau, à l’intérieur d’un navire—recommencent. Elle frissonne, encore plus qu’avant.

Elle entend le son d’une clé qui s’active dans une serrure. Des poignes fermes se posent sur ses bras et la font s’asseoir sur le ciment froid. Elle parle, demande qui est là. Les hommes conversent dans une langue qu’elle ne comprend pas.

Nat pleure. Un des hommes se met à rire. L’écho de ses gloussements la fait frémir. Les autres se joignent au ricaneur. Elle se demande ce qu’ils ont fait du bébé, il ne chiale plus.

Puis Nat voit rouge. Nat s’évanouit.

vendredi 22 juin 2007

En avril 2006, dans le cadre d'un cours, on nous a demandé d'écrire un texte portant sur le bonheur. Voici donc le bonheur pour moi, soit le souvenir d'un contact avec un être adoré, tel qu'il a émergé dans mes idées au beau milieu de mon désespoir. Neil, mon professeur, m'avait même désignée pour en faire la lecture en classe. Je l'ai fait, en tremblant comme jamais. Ma voix ne voulait pas suivre non plus. J'ai presque éclaté en sanglots après m'être exécuté. C'est l'effet que tu me fais, ô toi-qui-m'a-inspiré-ce-texte, quand je ne vais pas bien mais que je t'ai en pensées pour remettre à plus tard mes projets d'auto-destruction. Merci :)

C’est donc ça, respirer…

Mes pas s'ordonnent les uns après les autres, tracent un chemin, décident de la distance à parcourir. Je les laisse me guider, et ne marche que pour marcher. Pour penser.

Puis j’entends mon nom au milieu de mes idées. Quelqu’un m’appelle, se heurte à mes songes. Je ralentis la cadence. On me hèle encore une fois. Une voix familière.

Je me retourne et te vois. Enfin. Tu es là à te diriger vers moi. Cela faisait… trop longtemps, que nous nous étions vus. Je reconnais tes cheveux foncés. Tu les as laissés pousser depuis.

Sans me déplacer, je t’observe avancer au pas de course, comme au ralenti, les poings serrés et relevés à la hauteur de tes coudes. Je fixe tes grandes mains nues et devine qu’elles sont chaudes, malgré l’air crispant de janvier qui s’amuse à égratigner les bouts de peau dégagée des passants.

Des frissons me percent les veines. Je relève la fermeture éclair de mon manteau dodu, resserre mon foulard et remonte mes mitaines sur mes poignets. Question de m’occuper tandis que je te guette. Mes pieds piétinent le seul coin d’asphalte qui ne se cache pas sous une couche de glace ou un filet de neige. J’entends en sourdine le moteur des voitures qui s’arrêtent et s’alignent à l’intersection à ma droite.

Mes oreilles bourdonnent et mes tempes se font lourdes alors que tu t’arrêtes devant moi. Je distingue enfin tes doux yeux sombres. Les miens pétillent, sans doute.

Tes bras s’ouvrent et je m’y jette. Mes mains s’accrochent derrière ta nuque. Tu murmures quelques mots que je ne saisis pas, ta voix s’étant évanouie quelque part entre trois ou quatre mèches de mon épaisse chevelure bouclée. J’échappe un petit gémissement, comme si j’avais compris, comme si j’acquiesçais.

Je ferme les yeux. Tu me soulèves de terre, mon poids t’est tout entier. Mes longues jambes pendent près des tiennes toujours ancrées au sol. Je tends la pointe de mes orteils afin de rejoindre la surface ferme, mais ne souhaite pas l’atteindre, de peur que tu me reposes par terre.

Des milliers de pincements chauds bougent en moi et des centaines de décharges s’agglutinent dans ma gorge. De par mon étreinte, je t’oblige à demeurer là. Comme ça.

J’ouvre mes yeux. Les gens à l’intérieur des véhicules tout près nous dévisagent. Mes joues s’empourprent, je te serre encore plus fort. Tu me fais valser en pivotant un tour sur toi-même, puis me déposes.

Je ne te laisse pas partir pour autant. Ta barbe de quelques jours me pique le visage. J’enfouis mon nez dans le col de ton manteau de coton léger pour voler un peu de ton odeur, afin de la mémoriser à nouveau et m’en faire une réserve, pour les autres jours où je ne te verrai pas.

J’inspire, j’expire. Je réalise que je respire mieux, comme ça dans tes bras, maintenant que je te vois. Ces nouvelles bouffées d’air me désaltèrent. J’emplis mes poumons une autre fois, soutiens l’oxygène, l’emprisonne, puis la libère. C’est donc ça, respirer…

Tu relâches ton emprise, m’écartes un peu et me demandes de rester là, pour que tu puisses «contempler», comme tu dis. Nous discutons. De quoi au juste, je ne sais trop. Mes paumes sont moites, je retire mes gants.

Tu m'annonces que tu dois partir et retourner à tes commissions. Je réplique que je dois reprendre ma marche, de toute façon. Tu m’invites à une nouvelle embrassade et j’y plonge sans hésiter. Mon front se place d’instinct dans le creux de ton épaule. Je sens ton torse près de ma poitrine, ton ventre contre le mien, tes hanches sur les miennes, même sous l’épaisseur de nos vestes d’hiver. Tes doigts se promènent dans mes cheveux, les caressent. Je veux rester là.

Nous nous séparons puis nous disons au revoir. Le souffle coupé, je renfile mes mitaines, te tourne le dos et poursuis ma promenade, légère.

Flottante.