mardi 27 décembre 2016






L'homme se berce, se penche, dépose sa cigarette sur le bord du cendrier posé sur la table à côté de la chaise.  Il cesse de se bercer, se tourne vers la femme et lui demande, d'un seul élan :

- L'avez-vous surprise, la peine que nous sommes devenus?

La dame, qui ne se berce pas, est assise dans le grand fauteuil à l'autre bout de la pièce.  Mais c'est une petite pièce, alors elle n'est pas bien loin.  Elle fixe le téléviseur, puis le regarde, lui.

- Elle était où tout ce temps-là, cette question?

- Dans ma tête.  J'arrivais pas à la composer.

L'homme se réinstalle et se remet à se bercer.  Il soupire, ferme les yeux.

- Mais vous l'avez vue venir, n'est-ce pas?  Vous nous avez laissés devenir lamentables?

Il ouvre les paupières à temps pour la voir rouler des yeux.  Il soupire à nouveau.  Il pose ses mains l'une contre l'autre et sent à quel point elles sont froides, tout d'un coup.  Il reprit :

- Ça me tue.

Elle se penche vers lui, agacée, et bat l'air de sa main droite.

- Marcel, tu mourras à la fin, quand tout sera fini.

- C'est vous qui me faites mourir, madame, parce que tout me creuse vers vous.





lundi 26 décembre 2016





J'aime

  • le tumblr enter the chamber.  Il y a du gros n'importe quoi, du drôle, du cute, de l'irrévérencieux de l'intéressant...;
  • jouer à Rock Band.  Même si j'ai besoin de BEAUCOUP de pratique pour commencer à maîtriser la batterie et sa foutue pédale;
  • le gâteau aux cerises de ma mère;
  • le site de l'Office Nationale du Film.  On peut y regarder plein de films et de documentaires gratuitement.



Je n'aime pas

  • le bouton gauche de ma souris d'ordi.  Il est beaucoup trop sensible, ce qui fait que ça dérange un peu mon cheminement sur Internet (je veux aller à la page précédente, pas à l'avant-avant-précédente);
  • l'horaire de télé tout chamboulé durant la période des Fêtes.  Je veux savoir ce qu'il va se passer, et vite!
  • le Boxing Day;
  • mon apathie (je dois faire preuve d'efforts assez immenses pour trouver des items dans mes listes, question de tenir ce blog en vie).








mardi 13 décembre 2016





J'aime...

  • les Lucky Charms.  Et aussi quelques autres sortes de céréales beaucoup trop sucrées, mais celles-ci demeurent en tête;
  • les produits de la Fromagerie Bergeron.  En ce moment, je déguste à nouveau Le Calumet, un de mes favoris;
  • pas grand-chose, en fait, ces jours-ci;
  • Étincelle, roman d'autofiction de Michèle Plomer publié chez  Marchand de feuilles dans lequel celle-ci raconte le long combat de sa meilleure amie qui s'est retrouvée gravement brûlée après un accident.  L'auteure partage aussi son propre cheminement alors qu'elle demeure aux côtés de Song : la culpabilité de ne pas avoir été là le soir de l'incendie, sa peine, son impuissance, son monde qui s'écroule autour.  Reste encore l'amour de Michèle Plomer pour la Chine, merveilleusement décrite.



Je n'aime pas...

  • les spoilers.  Autant dans les bande-annonces de films, les annonces à la télé ou les foutus magazines QUI NE PORTENT QUE SUR LES INTRIGUES DES SÉRIES, TÉLÉROMANS ET FEUILLETONS.  Leur contenu est exclusivement dédié à ça.  TV 7 Jours!  TV Hebdo!  Et ça traîne sur les rayons dans les files à l'épicerie, ces choses-là!  Comment ne pas voir les titres en grosses lettres?  Comment ne pas savoir avant l'heure que Marguerite est enceinte de Jean alors qu'elle est mariée à Ursule?
  • les cagoules style passe-montagne pour l'hiver.  À la base, c'est pas joli joli.  Et ça a beau bien protéger du froid, quand on respire dedans avec la condensation et tout, c'est dégueulasse.  Ça fait ça un peu aussi avec les foulards si on les met trop près de la bouche.  Ça m'écoeure;
  • le ketchup aux fruits;
  • mes tremblements qui m'empêchent de prendre des bonnes photos, bordel.  Pas que je sois une bonne photographe, mais une photo pas floue de temps en temps, ce serait bien.




lundi 12 décembre 2016





Mes jours sont d'une platitude sans nom.  Ils sont longs, ils sont froids, ils sont mornes, ils sont vides.  «Mais force-toi un peu, me direz-vous, lève-toi, bouge-toi le cul, essaie, trouve-toi pas d'excuses, va travailler - SURTOUT va travailler, bordel!».  Eh bien je ne peux pas.

Mes jours sont répétitifs.  L'absence d'activités, d'action, de vie est répétitive.  Parce que ce n'est pas la première fois que ça m'arrive.  Je me plains de ne rien faire parce que je VEUX rien faire.  Vouloir rien faire, puis vouloir se scier en huit.  Se scier parce que la honte, se scier parce que la culpabilité, se scier parce que mon pas-d'allure.

Mes jours sont solitaires.  Le nombre de personnes avec lesquelles j'aime(rais) passer du temps est assez minus.  Puis les occasions et les lieux où il y a trop de gens, trop de bruit, m'étourdissent un peu.  Me déplacer est un calvaire.  Je le fais le moins souvent possible, et quand et si c'est nécessaire.  Parce que ça ne me tente pas de marcher.  Ça ne me dit rien de prendre l'air.

Mes jours sont partagés avec mes trois chats.  Même les divertir eux, je trouve ça lourd.  Ils doivent me trouver dull à mort, surtout Ignacio, qui lui s'éclate et court partout depuis que la neige tombe.  J'emprunte les chiens d'amis quand je les vois pour leur soutirer un peu de chaleur et de caresses.  Ça fonctionne.

Mes jours sont de la marde.  Ce n'est pas qu'on me laisse seule ou qu'on ne m'offre pas de support ou qu'on ne me propose pas de sortir.  Je suis juste comme une fracturée clouée à son lit d'hôpital.  Sauf que moi je sais pas trop où elle est située, la cassure.  Mais bon, il y a des heures qui sont agrémentées de sourires.  De rires aussi.  Il y a des patients de divers degrés.  Parfois il me prend l'envie de faire quelque chose, puis le moment venu, je panique.  Certaines choses me font angoisser.  Le travail.  C'est trop compliqué, c'est trop difficile, je ne suis pas capable, je pense trop, il va arriver ça, il va arriver ci...  Alors je préfère rester en dedans.  C'est plus simple.  Moins demandant.  Et c'est là que je me dis que je suis vraiment nulle.










vendredi 2 décembre 2016






Dans ma tête, je bouge au ralenti.  Je marche sur un trottoir, dans la ville.  En noir et blanc.  Je lève la tête à l'occasion pour regarder le ciel et les toits des maisons.  Dans ma tête, je vois mes bras s'élever dans les airs puis doucement redescendre et frôler mes flancs.  Je vois mes paupières s'ouvrir et se refermer lentement et mes jambes, comme très lourdes, avancer.  Je tourne la tête pour voir derrière moi puis je la redresse vers l'avant, me pince les lèvres et marche.

Dans ma tête, je vois souvent les choses en noir et blanc.  J'adore les vidéos tournées au ralenti.  Les images qui prennent leur temps, qui rendent pleins de détails et révèlent étape par étape une simple esquisse de sourire.  Une tape sur une cuisse.  Un rire à gorge déployée.  Sans son.  Sans son qui correspond aux gestes.  Peut-être une musique comme trame, mais aucune chanson qui se synchronise aux mouvements.  Le ralenti, sans trame parfois.

Des fois je pense aussi au ralenti.  Je me parle.  Je parle à d'autres, ou à un seul autre.  J'ignore à qui.  Je monologue, je dialogue, je discute.  Je vois des phrases revenir à l'infini dans mon esprit.  Je ne parle pas bien, dans ma tête au ralenti.  J'entends un peu ma voix et les autres, ou bien je m'imagine nos tonalités.  Je m'entends hurler.  Après qui, je ne sais pas.  Ces jours-ci, je questionne le sens.  L'utilité.  Je prends mon temps.  Le temps me fait prendre mon temps.  Le temps me fait détester le temps.



Pourquoi tu nous l'as pas dit qu'on valait rien?

                Pourquoi tu nous l'as pas dit qu'on valait rien?

                                    Pourquoi tu nous l'as pas dit qu'on valait rien?









jeudi 1 décembre 2016






Samedi dernier, je suis allée chez Vaugeois, ma librairie préférée (!), et j'ai acheté une petite pile de livres pour essayer de réparer la panne littéraire dont je souffre depuis un mois ou deux.  Je me suis donc procuré, entre autres, le dernier de Sophie Bienvenu, Autour d'elle (Le Cheval d'août éditeur), et Déterrer les os de Fanie Demeule (Hamac), roman aussi dirigé par mon propre directeur littéraire, M. Éric Simard.  J'ai placé ma récolte dans mon sac de toile et suis repartie vers chez moi.  En rentrant, j'ai déposé ledit sac par terre contre une des pattes de ma table de cuisine.  J'en ai extirpé Déterrer les os en laissant le sac là et j'ai lu le livre au complet la journée même, en deux shots.  Les jours suivants, j'ai vaqué à mes (non) occupations, le sac au sol, encore rempli de livres.  Mardi soir, j'ai fouillé dedans pour prendre Autour d'elle et en débuter la lecture, sans déplacer le sac.  Aujourd'hui, c'est jeudi et je ne l'ai pas ramassé encore.  Il gît à moitié plein sur mon plancher.  Des fois, un de mes chats le réchauffe en se roulant en boule dessus, mais je ne pense pas que ça justifie que je le laisse là.

Ça me prendrait deux secondes le ramasser.  Peut-être cinq pour le vider.  Une dizaine pour le replier et le ranger.  Je suis passée devant et à côté un nombre incalculable de fois depuis que je l'ai laissé choir là.  Je l'ai contourné, je l'ai évité, j'ai fait de grands pas pour ne pas le bousculer.  À la limite, il peut être potentiellement dangereux puisqu'il est à moitié dans le chemin.  Je pourrais m'enfarger dedans.  Un mauvais calcul, une mauvaise coordination dans les mouvements et paf, à terre.  Je sacrerais peut-être, me fouterais de ma gueule, ou un peu des deux.  Je me relèverais et même là, je ne suis pas certaine que je prendrais le fucking sac pour au moins le déposer sur la table.  

C'est à ce point que je me crisse de tout, ces temps-ci.

En même temps, je dis que je m'en crisse, mais dans le fond, je suis obnubilée par ce sac.  Il faudrait que je revienne aux vraies affaires, hen?