samedi 20 décembre 2008






J'aurai passé décembre à l'intérieur, dans une chambre de la Clinique Roy-Rousseau du Centre hospitalier Robert-Giffard. Les premières rafales de neige, je les ai à peine senties, j'ai à peine tremblé de voir que le monde redevenait blanc, encore une fois. Un mois irréel.

Je ne me rappelle plus si je tremblais le jour où on a décidé de m'amener là. Mais je sais que j'ai eu peur. Des couloirs laids, du silence puis des quelques phrases perçues ici et là, de toutes ces portes blanches aux poignées anciennes, de la femme qui m'a demandé d'enfiler le pyjama de la place, et de sortir de mon sac tout ce avec quoi j'étais susceptible de me faire mal. J'avais froid, sans doute, parce que tout ce qui m'entourait l'était.

Je me suis peut-être habituée à cet environnement aseptisé, je ne sais pas trop. Est-ce qu'on se fait à ça? Je l'ignore. Ce que je sais, c'est que j'ai peu à peu cessé de voir de l'austérité partout, d'être effrayée par les murs beiges, par l'homme à la démarche bourrue qui m'appelle Danika, par la femme aux cheveux courts, aux yeux sévères et qui sonne bête peu importe ce qu'elle dit, par les infirmières et les préposés, et que j'ai troqué ma résignation contre de l'acceptation.

Je me suis fait une amie. Elle me fait rire, et souvent nous allons nous entraîner en même temps. Elle a un garçon de douze ans qui lui donne pas mal de misère, et quand elle pleure je ne sais pas quoi faire. Moi je ne pleure pas, les médicaments m'assèchent on dirait. Je n'ai pleuré que lorsqu'on m'a dit que je devrais passer au moins trois semaines sur cette aile.

Je sens que ça aide, ce séjour. Je veux que ça m'aide. Je ne souhaite pas y retourner... Mon psychiatre m'explique très bien les choses, et il écoute, et il semble comprendre. Je le trouve drôle. Et son équipe est très bien. Je suis bien entourée, ç'aurait pu être bien pire... J'ai tout de même très hâte de franchir la grande porte de l'aile 200-est une bonne fois pour toutes.

Est-ce que ça va mieux? J'en sais rien. Ce n'est pas ma vie, ça. Là. Pour l'instant je me sens engourdie. Comme si je devais réapprendre à rire, à sourire. Je vais me taire et observer. Me dénicher mon mode d'emploi personnel. Celui qui fera mon affaire.








2 commentaires:

  1. Je te trouve très courageuse!! Et si tu as besoin de support, n'oublie pas qu'il y a plein de gens qui pensent à toi et qui t'aiment!! ;-)

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  2. C'est très gentil! C'est en pensant à vous que j'ai réussi à passer au travers :)
    J'ai même hâte de retourner travailler!

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