dimanche 11 mai 2014





J'ai une mère qui a été infirmière loooongtemps.  L'automne dernier, elle a officiellement pris sa retraite.  Moi, enfant gâtée que je suis, j'ai décidé de la faire continuer à travailler un peu.  La dépression qui menaçait d'éclater depuis quelque temps s'est déclarée et cette fois, elle m'est passée dessus solide.  Ma mère recevait tous mes appels de détresse et s'est mise à faire l'aller-retour entre Edmundston et Québec presque à chaque semaine pour prendre soin de moi.  Elle m'a réconfortée, a subi mes colères, a enduré mes silences, a tenté d'éloigner mon chagrin.  Elle m'a botté le cul à plusieurs reprises, pour que je cesse d'être une larve, elle m'a gâtée, m'a emmenée à mes nombreux rendez-vous avec mon psychiatre, mes ergothérapeutes, ma psychothérapeute.  Elle m'a écoutée lorsque j'avais envie de parler.  Devant elle, je pouvais partir sur des envolées, parler comme avant, faire des blagues comme avant, alors qu'avec les autres, j'avais parfois de la difficulté à émettre des sons.  Ensemble, nous avons mangé dans différents restaurants, sommes allées au cinéma, avons magasiné, avons marché...  Tout ça même si elle savait très bien que j'aurais préféré être avec lui.  C'est elle qui s'est mise à faire des recherches pour un nouvel appartement, après que j'aie reçu l'avis d'augmentation, que nous jugions trop élevée.  Elle m'a accompagnée à toutes les visites de loyers, pendant le processus décisionnel et durant l'étape de déménagement en tant que tel, de même que pour la peinture.  Tout ça en gardant sa vigueur et en soutenant le moral de tout le monde.  Difficile de croire qu'elle allait avoir 61 ans quelques jours plus tard.  Elle s'est occupée de moi en tâchant de ne pas négliger ma grande soeur, ni son mari au Nouveau-Brunswick et ni son fils, qui lui attend son premier enfant avec sa femme.  Peut-être qu'elle ne comprend pas tout ce qui se passe dans ma petite tête malade et que je n'aime pas toujours ce qu'elle me dit pour tenter de me réconforter, mais au moins elle est là.  Elle ne m'abandonne pas.  Et je vous jure que sans elle...  Sans elle je ne serais pas en train d'écrire un texte sur elle.  

Et je parle seulement des derniers mois.  Mais sachez qu'elle a été là pour moi (et pour tous les autres qui l'entourent) pendant toutes mes années d'existence, souvent en s'oubliant elle-même.  Elle s'est faite forte pour nous tous, même si parfois en dedans ça flanchait, même si parfois en dedans c'était trop.  Je vais essayer de te ménager, Mom.  Pour te garder plus longtemps.  Je suis chanceuse de t'avoir et reconnaissante pour tout ce que tu sacrifies pour nous.  Au fil des ans, tu as appris à penser un peu plus à toi et j'en suis fière.  Ne perds rien de cette nouvelle tendance.  Merci d'être formidable et dévouée comme tu l'es.  Merci de prendre soin de ta petite patiente au coeur gros et à la tête qui explose.  Merci, Mom.




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