vendredi 16 novembre 2018






«Il faut en prendre et en laisser».  On dit ça d'une personne, de ce qu'elle raconte, de ce qu'elle affirme.  On dit ça d'un documentaire, d'une biographie, d'un témoignage.  Mais quand, QUAND, peut-on se fier véritablement à quelque chose?  À quelqu'un?  Qu'est-ce qu'on prend, et qu'est-ce qu'on laisse?

Qui est fidèle à la réalité à 100%?  Qui ne colore pas, ne dénaturalise pas?  Quand sommes-nous francs?  Notre langage est-il adéquat?  Comment bien déterminer ce qui est essentiel de ce qui est de trop?  Le nécessaire du superflu?

Les langues amènent de la saveur aux discussions.  Aux films, aux livres.  Elles peuvent embellir ou enlaidir les discours.  Rendre une histoire plus drôle, ou plus triste. 

Un récit peut être interprété de multiples façons.  Il est impressionnant de constater le nombre de compréhensions différentes que peuvent occasionner un seul et même enchaînement de mots.  Si chacun voit ce qu'il veut bien en regardant à travers la même fenêtre, comment peut-on faire pour se comprendre?

Pourquoi nous ment-on?  Qu'est-ce qui motive le mensonge?  Quelle est l'intention derrière tout ça?  Est-ce que ça a à voir avec la capacité de l'autre à recevoir la vérité?  Est-elle si dure à digérer, à supporter?  Parfois, on peut vouloir cacher.  Parce qu'on s'inquiète pour la personne, on souhaite l'épargner, la protéger.  Mais est-ce vraiment la bonne chose à faire?  D'autres fois, c'est peut-être parce qu'on ne la considère pas comme il se doit.  Mentir à quelqu'un, n'est-ce pas le diminuer?  Lui manquer de respect?

Il peut nous arriver de sous-estimer la gravité de ce que l'on doit révéler ou, au contraire, en surestimer la teneur.  Peut-on vraiment bien déterminer l'importance de certains propos pour un autre individu?  Est-ce que l'on devrait se réserver ce droit de juger de la valeur d'une confession?  Ce qui est lourd pour quelqu'un peut s'avérer léger pour un autre.

Rapporter des paroles d'autrui semble enlever de l'authenticité, mais peut aussi ajouter de nouvelles couches.  Ce qui enrobe peut alors prendre de l'importance, alors que ça ne devrait peut-être pas.  Le rapporteur peut choisir de mettre de côté certains détails, de délaisser un pan, de focuser sur un autre, le mettre en évidence, en premier plan.  L'interlocuteur peut aussi faire ça à l'écoute.  Que se passe-t-il alors?  La communication est-elle réellement fiable?  Tout est transformé!

Quelqu'un m'a dit que ça viendrait.  C'était sans doute pour me calmer.  Ah, ces choses que l'on dit pour rassurer, ou même pour faire taire l'autre.  Qu'est-ce qu'on cherche à faire croire ici?  C'était pour me leurrer.  Ou pour se leurrer lui-même.  Quelqu'un peut nous dire uniquement ce que l'on veut entendre, mais on peut aussi entendre seulement ce que l'on veut entendre.  On peut être fermé à ce point.

Qu'en est-il du silence?  Que signifie-t-il?  Ma grand-mère maternelle avançait que si on n'avait rien de bon à dire, qu'il était préférable de se taire.  Alors, qu'est-ce qu'on doit retenir, garder pour soi?  Les insultes?  La vérité?  Le mensonge?

Je ne sais pas doser.  Je ne sais pas comment départager le vrai du faux.  Je ne sais pas parler mieux que qui que ce soit.  Je me dis qu'il ne faut pas toujours tout prendre au pied de la lettre.  Ni au pied du mot.  Et que l'on doit tâcher de suivre le conseil le plus vague qui soit, et «en prendre et en laisser».








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