mercredi 26 mars 2008



Il y a des situations que j'aime beaucoup, beaucoup plus que d'autres. Des occasions tordues, des histoires malsaines. C'est vrai. Des mots généreux. Prononcés tout bas, alors qu'on ne devrait pas. Et qui font frémir, font sourire et rougir, qui font trembler et nous demander pourquoi ce qu'il ne faut pas goûte si bon.

Ce qui m'est dû me fait rire. Je n'y crois pas. Je crains de suffoquer. De m'empêtrer de quelqu'un. Dans autrui. Je ne veux pas faire subir mes pétales à qui que ce soit. J'ai foi en les grands élans des instants. Je laisse l'éternité aux autres. Parle-moi. Souris-moi comme ça. J'aurai tout oublié.




«Vous m'avez regardée comme si vous m'aimiez. Cela vous arrivait parfois.»

- Marguerite Duras, Emily L., Mdouble, p. 13

Et moi je vous aime, Mme Duras.



mardi 11 mars 2008

«... J'écris pour me tuer. Ou au lieu de.»


Après que le p'tit homme eut fini de vérifier ses rimes et ses vers, ses syllabes et ses mots, il referma son carnet. Regarda la lune qui faisait semblant de l'éclairer, au travers de sa fenêtre à carreaux. Quatre carreaux, quatre icônes, quatre pôles, quatre carrés. Le p'tit homme se mit à réfléchir.

S'il pouvait en dénicher quatre. Des raisons, des anti-folies, des excuses ou prétextes. Quatre «je-dis-non-et-je-remets-à-plus-tard-beaucoup-plus-tard». Quatre alternatives qui l'empêcheraient de s'exécuter sur-le-champ.

Mais il n'y a pas de champ, il n'y a que le carnet qui lui procure une certaine protection, que la fenêtre à carreaux qui conserve un bout de chaleur à l'intérieur, que la lune qui l'emmerde, que la nuit qui ne coule pas.

Et puis il y a son stylo. Qu'il pourrait se planter dans l'oeil. Ou dans l'oreille. Il pourrait continuer à écrire combien il aimerait être ailleurs. Le p'tit homme ne sait pas. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il a le choix.

Il prit le crayon dans sa main. Le souleva, le plaça vis-à-vis de la lune. Un croissant et une asperge, qu'on aurait dit. Un croissant jaune et une asperge noire. Le p'tit homme soupira. Il pointa la bille vers lui, retint son souffle. Il vit tout, ne sentit rien. Tellement rien qu'il en avait mal.

Il laissa tomber le stylo. Ce n'était pas le moment. Ç'aurait pu, mais ce ne l'était pas. Il rouvrit son carnet, relu ce qu'il avait écrit durant la nuit.


«... J'écris pour ne pas me tuer.»