mardi 8 septembre 2009





Tomber peut faire perdre de l'assurance. En fait, tomber engloutit l'assurance. Et je parle de tomber au sens propre. Depuis ma chute en mai, je visualise au moins cent fois par jour que je vais me péter la gueule à quelque part. Quelques marches innocentes. Chaîne de trottoir insignifiante. Monter dans un vulgaire autobus. En descendre. À chaque fois, je me dis que je vais - et je me vois - tomber. Je sens le vide, l'absence de sol pour recueillir mon pied. Je sens ma cheville se tordre. Elles finissent par passer, ces visions. Je n'ai qu'à m'arrêter, fermer les yeux, chasser l'image, rouvrir les yeux, et prendre mon temps. Chacun de mes pas devant un obstacle est calculé. Je m'applique avec soin. Puis j'accélère ma démarche, je reprends ma route.

J'ai déjà connu la discipline. Celle qui me faisait faire des redressements assis, des pompes et une série d'étirements tous les matins, du lundi au vendredi (je me donnais congé la fin de semaine). Celle qui me faisait bannir de mon alimentation toute nourriture communément appelée «cochonnerie», ou presque, et qui ne m'en permettait que très peu souvent (genre aux Fêtes ou aux anniversaires). Celle qui me faisait rendre tous mes devoirs et travaux à temps. Celle qui me faisait laver mes cheveux à tous les jours, pour qu'ils soient plus beaux et plus faciles à coiffer. Celle qui me faisait arriver toujours à l'heure, et même à l'avance, des fois trop. Maintenant je ne me fais plus chier avec tout ça. Je me dis parfois que je devrais peut-être trouver un juste milieu. Je me dis aussi que c'est au tour des autres d'attendre.

Tout à l'heure, l'air avait la même odeur que celle des soirées qui précédaient l'automne et qui entouraient mes rentrées scolaires alors que j'étais au primaire. L'air en avait la même fraîcheur. Mes amies et moi étions toujours dans notre «mode été», et nous profitions de la charge légère de devoirs que nous donnaient nos enseignantes au début de l'année pour jouer dehors jusqu'à la noirceur, ou jusqu'à ce que nos parents nous rapatrient dans nos maisons respectives, parce qu'il y avait quand même classe le lendemain. Il fallait bien que quelqu'un soit sage. L'air sentait celui qui a bercé les petites filles de mon enfance, et qui les a regardées jouer à la cachette ou au chat glacé. Et les feuilles vont tomber bientôt. Ce sera magique.

Les trois paragraphes précédents n'ont aucun lien entre eux, mis à part le fait qu'ils émergent d'idées qui m'ont traversé l'esprit aujourd'hui.













3 commentaires:

  1. C'est vrai qu'elles étaient belles ces soirées du temps de notre jeunesse à jouer dehors lorsque l'automne commençait à se faire sentir. J'aime bien t'entendre (ou plutôt te lire) parler de ces souvenirs.

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  2. Puisses-tu trouver le juste milieu entre ta peur et ton innocence, magique cavalière!

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