lundi 21 mai 2012






J'oscille souvent entre deux façons de réagir devant le langage : miser sur l'importance et la valeur des mots, c'est-à-dire tout prendre au pied de la lettre, ou rappeler à tous l'arbitraire du nom, répéter qu'il ne s'agit que de mots.  Qu'il n'y a rien de grave, en fait, ce ne sont que des mots.  Je me dis que des fois c'est juste beau, les mots.  Quand on les met ensemble, qu'on fait des phrases et tout.

Par exemple, en début d'année, j'ai lu l'excellent recueil Chaque automne j'ai envie de mourir, de Véronique Côté et Steve Gagnon.  Personnellement, je trouve ce titre fort joli.  Je suis consciente qu'il puisse effrayer certaines personnes.  Mais il ne faut pas avoir peur du titre.  Une dame a refusé de l'acheter à cause de ce que ça évoque, ce n'était supposément pas approprié pour la jeune fille à qui elle cherchait à offrir un livre.  Madame!  Ce livre n'est pas pro-suicide, au contraire.  J'ai eu envie d'en finir pendant plus de la moitié de mon existence, j'ai lu le livre et il ne m'a fait que du bien.  J'ai a-do-ré ce livre, il demeure jusqu'à maintenant parmi mes meilleures lectures de l'année.  Quand je pense à tous ces moments intenses et savoureux que cette personne aurait pu vivre en le lisant, je trouve ça dommage que la cliente ait reculé devant les mots sur la couverture.  J'ai offert ce livre à ma mère pour son anniversaire.  Elle a un peu sursauté en lisant le titre.  J'espère qu'elle a eu, ou qu'elle aura, l'audace de lire le contenu.

Quand on parle, quand on écrit, quand on écoute, quand on lit, que doit-on prendre au sérieux?  Et que doit-on prendre à la légère?  Quand faut-il paniquer?  Quand peut-on rire?  Un même message, prononcé sur deux tons différents, peuvent avoir des significations complètement opposées.  Comment s'assurer que l'autre a bien saisi?  Et si on embarque la ponctuation là-dedans, aussi bien dire que personne ne communique avec la même langue!

Je suis persuadée que certains de mes billets publiés sur ce blog n'ont pas été saisis comme je l'aurais souhaité. Mais que puis-je y faire?  La plupart des textes que je préfère lire sont ceux qui laissent place à l'interprétation du lecteur, ceux qui offrent une multitude de sens.  C'est une des beautés de la littérature, selon moi, de savoir rejoindre autant de personnes de multiples façons et pour différentes raisons.  Mais quand il s'agit d'échanger, de transmettre un message bien clair, il est plutôt choquant de voir que l'autre n'a pas compris.

Des fois je trouve juste ça beau.  Des fois ça sonne bien dans ma tête.  Alors je le dis, ou je l'écris.  Faut pas avoir peur des mots.  Faut dire ce qu'on pense, et parfois déconner.  Faut s'assumer, je pense.















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