jeudi 15 août 2019





C'est parfait.

Safia Nolin a sorti mardi un clip pour accompagner Lesbian Break-Up Song.  C'est une assez belle chanson avec des paroles touchantes, ce n'est toutefois pas ma préférée de l'artiste.  Mais ce n'est pas de musique dont je veux parler.  Je veux parler de ce qu'on y voit, des corps et des réactions démesurées de certaines personnes.

Avant toute chose, voici ce qu'elle a écrit pour présenter la vidéo : 

« Salut tout le monde, Ici Safia.
Eh oui, je suis toute nue dans mon clip.
On voit mes seins, mes fesses, mon pubis, mon poil.
On voit les seins, les fesses, le pubis et le poil d’autres fxmmes.
On voit des corps humains.
Ce ne sont pas des corps qui sont là pour être jugés, ou pour être désirables.
Ce sont des corps qui sont là pour exister, c’est tout.
Le mien, je l’aimais pas vraiment. J’étais à l’aise avec mon image, mais dans l’intimité, seulement la femme qui partage ma vie avait accès à ma nudité. Pas parce que c’est sacré, mais bien parce que j’avais honte. J’étais gênée et c’était impossible pour moi de même envisager me mettre toute nue devant des gens.
Puis les journées de tournage de ce clip sont arrivées et j’ai été confrontée à mon désir de vouloir gratter où j’ai peur, d’aller vers ce que je fuis et d’y plonger tête première. Je l’ai fait et j’ai eu la chance d’être entourée d’une équipe formidable qui m’a accompagnée là-dedans. Toutes les fxmmes présentent sur le plateau m’ont tellement encouragée à être moi-même. À la deuxième journée de tournage, j’ai senti que quelque chose avait changé en moi.
Je voudrais que vous regardiez ce clip en vous disant que ce clip est une image de ce que c’est pour moi la sororité. Je voudrais que vous le regardiez en portant un oeil humain et non critique. Laissez pas vos mécanismes gagner, regardez mon/nos corps et essayez de les imaginer d’une façon neutre, avec comme fonction d’exister. Respirer, manger, pleurer, pisser, mettre au monde (OU PAS), allaiter (OU PAS), sourire, rire, aimer. Trouvez la beauté là-dedans parce qu’il y en a une chiée, je vous le jure.
Ce tournage a été une bénédiction pour mon cheminement, mon estime et mon futur.
Je vais me souvenir toute ma vie de chaque minute.
Un breath of fresh air pour toi.
x »

J'aimerais attirer l'attention sur ce passage : «Ce ne sont pas des corps qui sont là pour être jugés, ou pour être désirables.  Ce sont des corps qui sont là pour exister, c’est tout».  Mais comme le monde est ce qu'il est, il y en a qui se sont permis de juger, de juger fort, de juger tout haut, de juger méchamment et de juger monstrueusement.  

Moi, ce que je pense et ce que j'ai à dire là-dessus, c'est que c'est correct de ne pas trouver ça beau.  De préférer des corps plus minces ou des modèles avec moins de tatouages.  De ne pas tripper sur ce style-là.  De ne pas aimer ces images.  Pour reprendre une phrase plate mais vraie : Tous les goûts sont dans la nature.  Je crois que c'est «normal» de ressentir un petit malaise.  D'avoir peur, à la rigueur (même si je me dis que si c'est le cas, ça ne vous prend pas grand-chose).  Et aussi un peu de dégoût (même si je me dis que vous avez l'estomac sensible).  Après tout, nos yeux sont tellement habitués à voir partout des silhouettes sveltes à la peau lisse sous laquelle les os sont bien apparents.  C'est sûr que ça peut fesser, que ça clashe.

Que les gens disent qu'ils trouvent ça laid, ça passe.  S'ils doivent absolument s'exprimer à ce sujet.  Mais il y a une façon de dire les choses.  Le tact, ça s'apprend.  Et ce devrait être obligatoire.

JE NE COMPRENDS PAS et ne comprendrai jamais que de simples corps puissent générer autant de haine.  Il ne s'agit que de rondeurs, de courbes, de bourrelets, de graisse, de cellulite, de vergetures, de cicatrices, de tatouages.  Que ce vidéoclip existe n'enlève rien à personne et ne nuit à quiconque.

Toi, individu qui a senti le besoin de faire aller tes doigts sur ton clavier, pense-y sérieusement.  Dans le fond du fond là.  QU'EST-C'EST QUE ÇA TE CRISSE?

Et si tu n'es toujours pas content, il y a toujours l'option de regarder ailleurs, viarge.






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