lundi 28 mars 2022

 


Je viens de passer une semaine seule chez moi en isolement pour cause de Covid-19.  C'était «mon tour», il faut croire.  J'avais espoir que ce serait très bénin, comme virus, après tout j'ai eu mes trois doses de vaccin.  Je me suis dit que j'allais écrire, clancher des séries, reprendre un peu le bricolage, lire.  

Finalement, ça a été plus raide que prévu.  Les premiers jours, je ne tenais pas longtemps assise et ma concentration était de courte durée.  J'ai donc dormi beaucoup, continué de regarder des épisodes de Superstore et commencé la première saison du balado Serial, qui perd tranquillement mon intérêt.

Quand j'ai eu un peu plus d'énergie, je me suis remise à lire Tacky : Love Letters to the Worst Culture We Have to Offer, un recueil d'essais de Rax King (Vintage), qui me plaît énormément et me rejoint à bien des niveaux.  J'ai regardé la série documentaire The Andy Warhol Diaries, que j'ai beaucoup aimée.  Une fois que je me suis sentie mieux (c'est-à-dire hier), j'ai pu laver la vaisselle, puis mettre à la laveuse draps, couvertures et vêtements pour m'assurer d'enlever toute trace de la maladie.

Je connaissais un peu Andy Warhol et son oeuvre, mais je ne savais pas qu'il avait tenu un journal, ou plutôt dicté un journal à son amie et collaboratrice Pat Hackett, ni que ça avait été publié après sa mort.  Son «écriture» m'a touchée.  L'effet est peut-être dû aussi à la narration présente dans la série, qui utilise la voix clonée de Warhol grâce à une technologie quelconque. Ses propos sont assez minimalistes et directs, la plupart des entrées sont concises.  Il parle de ses journées, de ce qu'il a fait, avec qui, mais aussi de ses émotions par-ci par-là.  Et de la mort.  Et de son sentiment de solitude.  Il se pose aussi des questions sur la vie, sa signification, ses buts et s'il y en a vraiment.  

Ces moments plus introspectifs ont réveillé une lassitude en moi, lassitude qui ne se tient jamais bien loin, parce que ce sont des réflexions qui m'habitent régulièrement.  J'ai découvert d'autres artistes que je ne connaissais qu'en surface (Keith Haring, Jean-Michel Basquiat).  J'ai apprécié aussi l'espèce de survol du climat social et des enjeux de l'époque (les années 80, le racisme, le sida qui fait de plus en plus de victimes, l'homophobie), globalement mais à New York en particulier, qu'on retrouve dans chaque épisode.

J'ai toujours adoré voir des images d'archives, des albums photos, des vidéos inédits de gens célèbres (ou pas).  Les documentaires qui en sont remplis m'accrochent rapidement et me fascinent.  Ça me donne envie de faire partie des souvenirs de quelqu'un de connu (ou pas), de faire partie d'un documentaire, ou même d'en être le sujet principal (un jour, peut-être, hen... ou pas).  J'aimerais bien mon 15 minutes de gloire.  Cette série sur Warhol m'a bien gâtée.  Le montage et la réalisation sont impeccables.

Je retourne travailler demain.  Physiquement, j'ai bien récupéré je crois.  Mes symptômes ont tassé mes autres tracas et angoisses pendant les derniers jours, ce qui m'a amenée à penser qu'en guérissant du coronavirus, j'allais peut-être me débarrasser de ma dépression en même temps.  Une idée comme ça qui a jailli dans ma tête la semaine dernière, mais qui n'est pas restée longtemps parce que je me suis ressaisie (ça fera la magie).  Mais hier soir, alors que le vide me reprenait, mon vain espoir m'est revenu à l'esprit et le constat de l'échec m'a mise encore plus à terre.  Même si je savais déjà.

Oh, silly and naive little me.


Andy Warhol, Self-portrait in Drag, 1981







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire