lundi 2 juillet 2007

Dans la vie, il y a le paradoxe de ce qui est gros et de ce qui est petit.

Parfois, entre ce qui est gros et ce qui est petit, les gens remarquent l'énormité en premier. Ce qui saute aux yeux tellement ça prend de la place. Genre un éléphant. Une limousine. Une personne corpulente. Des gros seins. Une immense baraque. Une piscine olympique. Le Mont Everest. On y va pour la taille, pour la prestance, pour le volume, pour ce qui crie son existence, pour ce qui déplace tout. Parfois.

D'autres fois, les gens préfèrent miser sur le discret. Ce qui passe inaperçu, ce qui se dissimule bien, ce dont on n'a pas besoin de parler tellement ce n'est à peu près pas dans nos vies. Genre un nain. Un un et demi. Un chihuahua. Un téléviseur treize pouces. Des souliers de taille cinq ou six. On baigne dans le tout petit, et on se sent à l'aise, dans notre vie en mini. Certaines fois.

Mais encore là, le minuscule attire l'attention. On a tous déjà réagi devant de trop petites portions au restaurant. Ou face à un nain. En entrant dans une Smart. En marchant sur un trottoir trop étroit. Nous nous sommes déjà plaints de notre absence de poitrine ou de la petitesse d'un membre viril.

D'un autre côté, l'imposant encombre. Que faire d'un frigo qui ne passe pas en travers d'une porte? Ou d'un vêtement trop grand?

Et puis il y a les grandes et les petites actions. Positives et négatives. En amitié comme en amour, il semble que ce soit les grandes qui prévalent sur les petites. On s'aperçoit davantage du bienfait d'un gros geste généreux que des petites attentions quotidiennes. Et on s'indigne tout de suite devant une grosse bévue alors qu'on laisse passer les gaffes anodines. C'est plutôt dommage, non?

Durant les cinq dernières années disons, j'ai commis trois énormes bêtises. J'ai bafoué un amour, amoché une amitié et détruit une autre. J'ai subi, je subis et je subirai encore les conséquences de mes actes.

L'amour ne m'adresse plus la parole lorsqu'il me voit. Il fait plutôt semblant de ne pas me voir. Je suis morte de culpabilité l'été dernier et j'ai bûché pendant des mois pour me retrouver. La première amitié, elle n'est plus ce qu'elle était, je n'ai plus sa confiance, et j'ai perdu des moments tendres de complicité et de fous rires. Mais elle est peut-être la seule des trois à subsister à mon erreur. La seconde, tout s'est évaporé. En une discussion. Je n'ai plus de nouvelles depuis, je n'en aurai probablement plus jamais.

Les trois me manquent. Atrocement, à l'occasion. Pourtant, pour ces trois personnes, j'ai été là. Je vais vous épargner toutes les bontés que je leur ai distribuées, elles ne valent pas la peine d'être mentionnées, elles étaient minimes et trop banales, semble-t-il. Tout ce qui reste gravé dans les mémoires, autant de ces personnes que des gens qui les entourent, c'est LA faute impardonnable que j'ai commise envers chacune d'elles. L'ultime coup bas que je leur ai décerné.

Je me sers de mon cas pour dénoncer cette distorsion de la grandeur des choses, des faits et gestes, pas pour attirer de la pitié et recevoir des «Oh mais elle est bien bonne dans le fond, cette petite.» Non, je ne suis pas bonne. Parce que je vais continuer d'en faire, des conneries. Je suis humaine, bâtard. Et l'humaine en moi préfère ne rien oublier, ne rien favoriser. Car bien souvent, les petits pas sont plus significatifs que les grands.

1 commentaire:

  1. Je n'ai pas de réponse aux grandes questions de l'humanité, mais j'en ai une à une toute petite question : que fait-on d'un frigo qui ne passe pas par la porte ? On arrache ses composantes !!! hihihih

    Je suis vraiment content, pour commenter l'autre post, que tu cherche une nouvelle scène. Moi, je cherche de la lecture, au sens la-femme-de-N.-lit-ses-livres lecture. Et je vais promettre que je vais écrire de nouvelles scènes pour Émile, Francis et Ariane. Il me manquent.

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