mercredi 11 mars 2015





L'an dernier, en mars, j'emménageais dans mon nouvel espace.  Mes parents, marraine, parrain, cousine et soeur m'ont aidée à y mettre plein de couleurs.  Des déménageurs ont transféré mes meubles et mes six dernières années d'un appartement à l'autre.  Mon père a installé quelques armoires de plus.  C'est ma mère qui a trouvé mon logement actuel en fouillant sur Internet.  Sans elle, je serais probablement encore en train de sécher dans mon lit dans un petit appart trop cher.  Le timing nous a fait croiser la locataire qui souhaitait sous-louer juste comme nous passions devant le bloc, question de voir de quoi ça avait l'air de l'extérieur.  Elle nous a fait visiter, nous avons tout de suite aimé la grandeur des pièces.  Elle était spéciale, la madame, mais elle m'a permis de commencer autre chose ailleurs.  Ou de poursuivre ailleurs?  Je ne sais jamais quand on peut parler de nouveau départ.  Je remarque plutôt les fins.  Et là, c'était la fin de mon règne sur la rue Saint-Sauveur.  Je n'aurais plus de télé collée au divan, de table de cuisine me servant de bureau, de minuscules garde-robes, de chambre un peu coincée, de voisins invisibles, de disputes avec l'ancien amoureux, de tes visites, de téléphone rose, de livres gisant sur le sol, de toutous par terre ou tassés sur le rebord d'une fenêtre.  Je n'aurais plus seulement cinq minutes à parcourir à pied pour me rendre à l'arrêt d'autobus, ou deux pour aller à la pharmacie, ou encore trois pour le dépanneur le plus proche, je n'aurais plus le soleil sur mon balcon en après-midi, plus de vue sur l'appartement d'en face dans lequel logeait une petite famille dont la mère se coiffait comme Sailor Moon et d'où j'entendais souvent le son de tam-tams, plus d'appart que je pouvais appeler «mon premier appart où je vis toute seule».  

Je me suis débarrassée de bien des choses, j'en ai quitté d'autres.  Plusieurs trucs se sont débarrassés de moi, d'autres m'ont quittée.  Partir est plus facile que fuir.  Céder est moins souffrant que perdre.  Je crois.  Il n'y avait que des avantages dans ce déménagement.  Mais ça a mis un terme à des détails et des gens dont je ne souhaitais pas me départir.  Tout a été si rapide.  La décision à prendre, faire le move.  Aménager mon espace a été plus long que prévu, par contre.  Mais je m'y suis vite sentie chez moi.  Mes chats aussi ont eu à s'adapter.  Je suis fière d'eux, ils ont suivi sans trop chigner.  Maintenant, le vieux coffre de mes grands-parents paternels me sert de table à café, des commodes seconde main au look vintage constituent mon set de chambre et la garde-robe est assez grande pour contenir tous mes vêtements - et même plus!  Mes parents m'ont trouvé un nouveau bureau et un fauteuil.  Ma table de cuisine est utilisée comme table de cuisine.  Ma salle de bain est gigantesque.  J'ai rencontré mes voisins d'en bas, de même que leur chienne Maggie qui jappe régulièrement quand ils reçoivent de la visite.  J'ai déjà des souvenirs propres à cet endroit.

C'est ici que je me suis remise à manger.  À sourire, à rire.  À ne plus trop dormir.  À renouer avec les livres.  C'est ici que je me suis faite plus légère.  À revivre.  J'espère y rester encore longtemps.  Je souhaite y accueillir des grandes personnes.  Des personnes qui ne partiraient pas.  Parce que quand on me fuit, ça me fait mal.  J'espère garder tout d'ici.  Parce que quand je perds, ça me déchire.  Je veux qu'ici soit stable, et que je décide du moment des changements.  Qu'on ne m'enlève rien, à moins que je le demande.  Je veux ne plus avoir de peine.  Je veux croire que ça se pourrait, ici.





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