jeudi 19 août 2021

 


La semaine dernière, j'ai regardé le dernier épisode de l'exquise série Easy, dans lequel on voit Sophie, une actrice partie vivre son rêve à Los Angeles il y a quelques années, débarquer à Chicago, son ancienne ville, pour à peine 24 heures afin d'assister à un événement bénéfice quelconque.  Elle décide de passer au travail de son ex-copain Drew, qu'elle avait laissé derrière au profit d'un rôle dans une série lui promettant potentiellement la gloire.  Elle l'invite à assister à la soirée, puis à se joindre à son ancien groupe de théâtre pour quelques verres, et finalement à aller en prendre un dernier en tête-à-tête.

Tout le long, je me suis demandé si j'aurais le droit de faire ça, moi.  De faire ça, de ressurgir dans la vie de quelqu'un, de prendre de ses nouvelles tout bonnement, de l'inviter à reconnecter?  Est-ce que ça créerait le même effet que ça a eu sur Drew? Ou le même que pour Sophie, qui a osé?  S'est-elle même posé la question?  Parce que je me dis que moi je n'ai peut-être pas vécu de relation assez significative avec quelqu'un, POUR ce quelqu'un, pour qu'une réapparition surprise de ma part ait un impact dans sa journée.  Est-ce que quelqu'un voudrait seulement de mes nouvelles après ne pas m'avoir vue pendant deux ans?

Je sais qu'à l'inverse, je dirais oui tout de suite.  Si quelqu'un de mon passé débarquait, quelqu'un que j'ai chéri ou qui a été important pour moi, se présentait devant moi et m'invitait à catcher up, c'est sûr que je me libèrerais.  Possible que je perdrais tout focus pour le reste de la journée.  Que je sois fébrile, complètement bouleversée.  Son retour dans ma vie me chavirerait, même si c'était juste pour quelques heures.  C'est certain que ça le ferait.

Suis-je comme Michael Scott, de The Office, est-ce que j'exagère les liens?  Est-ce que j'extrapole les sentiments des autres, est-ce que j'invente des relations qui dans le fond n'existent que dans ma tête?  J'embellis peut-être les moments complices.  J'accorde sans doute plus d'importance aux instants partagés que les autres personnes concernées.  Les gens deviennent tellement importants pour moi.  J'ai souvent peur qu'il y ait un trop grand écart entre la place que je leur donne et celle que les autres me font.  

J'aimerais laisser une marque indélébile sur ceux qui ne s'effacent pas de mon esprit, de mon corps.  Je ne veux pas qu'on m'oublie.  Je veux m'imprimer en eux.  Qu'ils souhaitent me revoir et que je leur vole un peu de temps dans leur nouvelle vie sans moi.  Qu'ils regrettent un peu que je n'en fasse plus partie.  Même si c'est juste pour quelques heures.

Et une fois au rendez-vous, est-ce que j'aurais le droit de mentionner le passé?  À émettre des si, avouer quelques regrets, encourager l'autre à se confesser aussi?  Est-ce que j'aurais le droit de faire plein de sous-entendus et de prendre des détours pour ne pas hurler ce que j'aurais vraiment envie de dire?  Est-ce que ce serait correct de me sentir si bien en sa présence, et même d'être titillée par la conversation?  De ressentir le thrill des what if? dans mon ventre?  Même s'il ne se passait rien, et que c'était juste pour quelques heures.  Ce serait ok?

Je veux être le chavirement de quelqu'un, même juste pour quelques heures.



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