mardi 7 septembre 2021

 




Aujourd'hui, je reviens sur les poils.  Pour résumer, je lutte contre une obsession malsaine envers ma pilosité depuis environ 18 ans.  Dermatillomanie, trichotillomanie, automutilation, appelez ça comme vous voulez.  Je m'arrachais les poils, détruisant ma peau en même temps.  Je me faisais mal, je me punissais, je passais le temps, je voulais être parfaite, sans poil et la peau lisse.  Plusieurs parties de mon anatomie y sont passées.  Je n'ai pour ainsi dire jamais atteint mon objectif, parce que ma peau était toujours boursouflée, gallée, cicatrisée.  Pendant longtemps, j'ai préféré mes blessures aux poils.  Maintenant, je mise sur un épiderme doux et une attitude plus saine envers mon corps et moi-même. 

J'explique ici un peu comment je procédais.  Vous pouvez vous référer à l'image ci-dessous pour ce qui suit :

Fait que moi, si le poil ne venait pas du premier coup en tirant, soit avec l'épilateur ou une pince à épiler, ou si seulement une partie se détachait, je me mettais à creuser avec ladite pince pour aller chercher le fil noir.  Je traversais l'épiderme, charcutais le derme et défonçais l'hypoderme, à coups de ciseaux ou de coupe-ongles s'il le fallait, pour finalement retirer jusqu'au follicule pileux.  S'ensuivait une euphorie honteuse, un sentiment d'accomplissement, de pouvoir (sur un crisse de poil, oui) et de victoire (contre un criss de poil, oui).  Venaient avec ça bien du mal, du sang et des crampes.


Coupe transversale de la peau.
Source : sante.journaldesfemmes.fr

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Mes jambes, je ne les ai pas épilées depuis la fin d'avril et je n'ai pas l'intention ni l'envie de le faire prochainement.  Je continue de trimmer ailleurs et d'épiler mes sourcils et ma moustache.  On sait jamais pour la suite.

Parenthèse : j'ai toujours détesté les mots raser, rasage, rasoir, épiler, épilation ou l'expression «se faire les jambes».  Moi, je disais que je me «déplumais».  Ça m'évoquait des plus belles images.  N'importe quoi!  C'est peut-être parce que la société nous fait encore associer les poils féminins au manque d'hygiène ou à la saleté, je ne sais pas.  

Pour découvrir mes jambes poilues, j'y suis allée par étapes.  Un demi-mollet à la plage par temps venteux (je me souviens m'être excusée à ma soeur de ne pas m'être épilée, cette fois-là, ce que je n'avais vraiment pas à faire, mais les habitudes, hen).  Puis un mollet trois quarts en leggings à l'entraînement.  Au-dessus du genou en robe à un BBQ chez des amis.  Et finalement j'ai dévoilé mes cuisses en portant des shorts de vélo durant un autre workout.  Après ça, je ne me suis plus restreinte ni gênée pour me promener les jambes all lousse n'importe où.

Pour m'habiller, je me permets vraiment d'y aller avec la température et mes envies.  Je dénude mes jambes s'il fait chaud ou trop humide.  Je ne les cache plus.  C'est presque comme avoir des vêtements neufs, c'est très bizarre!  On dirait que j'ai porté certains vêtements (que j'ai pourtant depuis près de dix ans) pour la première fois cet été.  J'en avais tassé pour privilégier le long et ainsi cacher mes jambes meurtries, ou je les portais seulement chez moi.  Mais on va se le dire : il fait chaud pour tout le monde.  Alors je me sens libérée, oui, d'avoir choisi de ne pas me préparer pendant des heures juste pour enfiler du court avant de sortir en public en pleine canicule.

Je ne trouve toujours pas ça particulièrement beau, et même que je considère que mes jambes sont trop velues.  J'aimerais que ça passe un peu plus inaperçu, mais je suis dans le laisser-aller à ce niveau.  Je l'avoue, il y a quand même eu des situations où j'ai été moins à l'aise de m'exhiber.  Genre pour une première date.  Ou quand je voyais des gens que je sais être plus conservateur à ce sujet.  Mais je me plie à ça (et à leur opinion) de moins en moins.  Notez que je parle de mon corps, parce que n'importe qui peut garder ou se débarrasser de ses poils à sa guise, peu importe de quoi ça a l'air pour les autres.  

Ça a été un peu comme une expérience, cet été.  Je n'ai pas reçu de commentaires désagréables ou blessants.  Si j'ai été la cible de réactions mesquines, c'était dans mon dos ou en mon absence.

Durant les derniers mois, j'ai réussi à ne pas me faire mal et à ne pas ajouter de cicatrices à mes jambes, malgré mes problèmes de santé.  L'anxiété m'a souvent amenée à sortir ma pince à épiler et gratter, gratter.  Dans les derniers mois, j'ai chuté de l'humeur et pourtant, je n'ai pas exagéré côté pilosité.  Je ne suis pas retombée dans ce pattern pour déplacer mes maux.  

Et ça, c'est une victoire en soi.




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