Je rage contre les fluctuations du taux de sérotonine dans mon organisme qui font que je dois patienter dans la salle d'attente d'une clinique médicale un lundi après-midi.
Et maintenant j'emmerde l'impatience. Je braille en songeant aux discussions qui brûlent mes oreilles et empestent l'air de ces endroits remplis de chaises occupées par des derrières de patients furieux contre leur système de santé. Je hurle contre ces mesquines pensées qui s'infiltrent dans la tête des gens et leur font croire que les étrangers venus s'installer au Canada sont tous en train de leur piquer leurs jobs, leurs loyers et leurs maisons puisqu'après tout, c'est «chez eux, ici!». Je déteste la petite phrase prononcée avant que soit lancée une vacherie, «Je veux pas être méchant, mais...». Ben ferme ta gueule d'abord, parce que tu vas sans doute l'être!
Je hais aussi les paroles et le ton sans retour empruntés par des gens qui veulent garder leurs distances. J'enrage en pensant aux coupures, aux déchirures, aux séparations. Je crie contre les habitudes qui tentent de s'imposer. Contre l'automne qui veut s'en aller.