samedi 31 janvier 2015






Pleurer dans ses lunettes est une activité fort déplaisante.  D'abord, parce qu'on pleure, et que si on pleure, c'est qu'on a mal, et aussi parce qu'il faut nettoyer les verres après.  De plus, les cils humides paraissent un peu plus gros et obscurcissent un tantinet la vue.  Mais ça ne dure pas trop longtemps, à moins de pleurer vraiment longtemps.  À cela il faut ajouter le pathétisme de la situation, soit le fait de pleurer, ce qui peut s'avérer gênant, tout en salissant l'outil même qui permet de voir.  Se dire «Ça y est, je pleure!  Je ne vois plus rien!  Je dois essuyer mes lunettes...» n'arrange rien.  Se le répéter peut d'ailleurs provoquer le jaillissement de nouvelles larmes, ce qui fait que l'on doit s'armer d'un autre mouchoir ou tissu quelconque pour éponger à nouveau ses montures.  Se repasser en tête l'événement à l'origine des premiers pleurs n'engendre que la catastrophe, le déluge.  D'énormes sanglots peuvent s'ensuivre, un filet de morve s'échapper d'une narine...  Plus on tente de respirer, de se calmer, plus l'humiliation devient grande, semble-t-il.  Les risques de hoquets et de ronchonnements s'élèvent.  On pleure d'avoir mal, on pleure de pleurer, on pleure de savoir de quoi on a l'air.  Carrément pathétique.  Et, d'un coup, on se rend compte que les larmes ont séché.  Les lunettes aussi, mais il faut une dernière fois les torcher.










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